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Aussi loin que je me souvienne...

Depuis aussi loin que je me souvienne, j’aime les histoires.

 

Ce goût m’a conduit vers l’Histoire, grâce aux manuels de l’école primaire des années 60 qui nous entraînaient dans ces tentatives de reconstitution de la vie quotidienne des Gaulois et autres Vikings.

 

Les illustrations étaient sommaires et l’auteur concédait quelques incursions dans les biographies stéréotypées de ces héros qui ont fait la France : Vercingétorix, ce noble perdant, Jeanne d’Arc, cette fille du peuple qui remet son roi sur le trône ou bien ce jeune révolutionnaire de 15 ans qui sera assassiné par ces Vendéens obtus pour avoir clamé avec défi : « vive la République, à bas le Roi ».   

 

Vers l’âge de 14 ans, j’ai accompagné les premiers pas de ma mère dans la généalogie, à travers les registres paroissiaux de la petite mairie du village natal de bon nombre de ses ancêtres.

 

Je crois que j’aimais à la fois l’enquête poursuivie et le déchiffrage de ces actes d’état civil, me prenant sans doute un peu pour Champollion qui a trouvé les clés pour décrypter un monde lointain d’histoires quotidiennes.

 

Si loin et si proche, à l’instar de ce que nous racontent les graffitis de Pompéi.

 

Les actes notariés ont permis ensuite d’entrevoir un peu plus les personnes cachées derrière ces lignées et ces dates et m’ont amené à chasser les singularités au-delà des formules très classiques que l’on y trouve. Cette quête permet parfois de glaner quelques pépites comme cette lettre de Paris d’un orfèvre à sa femme aux fins de l’autoriser à prendre un bail et dans laquelle il se répand sur ses déboires judiciaires.

 

A partir de ces éléments épars, je trouve passionnant d’échafauder et d’ajuster des hypothèses à partir des éléments rassemblés et confrontés avec la grande histoire, dans un constant va-et-vient.

 

Dans ce travail, certains détails initialement négligés prennent un sens particulier tandis que d’autres n’ont pas le relief qu’ils promettaient au départ.

 

Ces très modestes assemblages permettent de donner un peu de chair à ces noms et d’esquisser certaines histoires singulières. C’est ce que je me propose de faire très modestement dans ce blog, tenter d’éclairer des fragments de vie de mes ancêtres, à la lumière de la grande histoire.

 

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12 juin 2010 6 12 /06 /juin /2010 00:19

J'avais écrit cet article pour clarifier la généalogie de ces deux familles de notables protestants d'Exoudun qui s'allièrent par le mariage de Jacques Fraigneau, sieur de Bourgougne (né vers 1639 et décédé le 5 juin 1710 à Exoudun) qui fut notaire royal et de Louise Fraigneau (Fraigneau branche de lhoumeau par son père et de la famille Vatable par sa mère).

     

Mais ce travail étant toujours un chantier perpétuel, c'est en préparant un autre article que j'ai replongé dans cette généalogie et y ai trouvé des erreurs où des approximations.

     

Cette mise à jour est l'occasion de mettre un peu d'ordre dans l'article en question qui - s'il demeure un peu sec à digérer-, fournit tout du moins un matériau utile pour les personnes intéressées.  

     

Je me propose de commencer par la famille Fraigneau dont la généalogie, quoique abondamment glosée, n'est pas si simple qu'il n'y paraît.

 

Quelques repères familiaux concernant les familles Fraigneau et Vatable

 

Il s'agit là de deux familles protestantes du moyen Poitou fort impliquées dans leur communauté religieuse. Les Fraigneau figurèrent souvent parmi les anciens du consistoire tandis que les Vatable furent pasteurs.

 

Isaac et Jacques Fraigneau (vraisemblablement beaux-frères) sont cités dans la liste des persécutés par les dragonnades de Marillac en 1681 établie par Elie Benoist. Même s'ils décédèrent longtemps après les évènements, eux et leurs familles ont certainement enduré le logement des gens de guerre avec son cortège de moments affreux.

 

Quelques mots enfin sur Exoudun. Ce fut l'une des places importantes du protestantisme local, avant et après la révocation de l'Edit de Nantes. En 1698, si la paroisse comptait 1400 habitants dont 1339 nouveaux convertis mais qui ne pratiquaient pas la religion catholique dans leur immense majorité[1], le village de Bagnault ayant été déploré être une "petite Genève", y compris au 18ème siècle[2].

 

 

[1] Voir commentaires d'Alfred Richard dans "Poésie de Jean Babu, curé de Soudan, sur les ruines des temples protestants de Champdenier, Exoudun, La Mothe Saint Héray ..." (1896)

[2] Référence d'une lettre de félicitations d'un ministre de Louis XV à L'intendant Blossac pour avoir empêcher les assemblées secrètes, en particulier au village de Bagnault (1751-1752 - Archives Nationales).

 

 Portrait de famille d'Adriaen Ostade (1657) - Musée du Louvre

Portrait de famille d'Adriaen Ostade (1657) - Musée du Louvre

La famille Fraigneau

 

C’est une famille de notables d’Exoudun convertie au protestantisme depuis le 16èmesiècle.

 

A l’origine, sont identifiés deux frères, Jean et Léger (qui suit), tous deux notaires royaux à Exoudun en 1581.

 

Léger Fraigneau épousa Jacquette Nicodon. Ils eurent trois enfants :

 

Jean Fraigneau, notaire royal, marié à Marie Huet ;

 

Isaac Fraigneau (branche de Lhoumeau), chirurgien, épousa Marie Arouet (famille de Voltaire). Ils eurent au moins deux enfants (1) Louis Fraigneau, sieur de Lhoumeau et de la Pérouardière marié à Anne Vatable (voir ci-dessous) et (2) Catherine mariée d’abord à Louis Levesque puis à Jean Baugier ;

 

Abraham Fraigneau (branche de Bourgougne), notaire royal, marié une première fois à une demoiselle Marie Pouhet (décès avant 1624) puis une seconde fois en 1626 avec Louise Delamothe[1](fille de Jean Delamothe, pasteur d'Exoudun et d'Abigaïl Bouhier), avant de décéder peut après (décédé avant 1629).

 

Du premier mariage d'Abraham Fraigneau (branche de Bourgougne) naquirent quatre enfants :

 

Marie Fraigneau mariée à Jacques Ochier[2](contrat de mariage du 4 novembre 1624 chez Pierre Audeer)

 

Catherine Fraigneau mariée à Pierre Ochier (contrat de mariage: mêmes références)

 

Abraham Fraigneau, notaire à Lusignan, marié à Marie Cornier

 

Jacques Fraigneau, docteur en médecine, identifié plus précisément dans le cadre d'un procès en appel formulé avec son frère et ses deux sœurs[3], en tant qu'héritiers du défunt Abraham Fraigneau. Ce procès opposa initialement leur père Abraham assisté de Jean Pouhet son beau-frère et Catherine Chaigneau[4](femme de ce dernier) et le curé d'Exoudun pour le paiement de la dîme sur une pièce de pré que nos protestants refusaient de payer.

 

Déclenchée en 1625, l'affaire ne fut tranchée définitivement par un arrêt du 25 juin 1629 prononcé aux dépends des héritiers Fraigneau. La justice ne badinait pas impunément avec le paiement de la dîme, surtout si l'on était protestant.

 

A ce point là de l'histoire, ce Jacques Fraigneau est considéré habituellement comme celui qui a été marié avec sa cousine Suzanne Fraigneau sans plus d'explications (voir leur descendance ci-dessous). Ainsi, l'ouvrage de Beauchet-Filleau lie les deux personnes alors même que l'époux de Suzanne Fraigneau  n'est pas né au début du 17ème siècle mais vers 1639 et n'était donc pas en mesure de former appel à un procès en 1629.

 

Pourtant, le vrai mari de Suzanne Fraigneau est rattaché à la branche de Bourgougne. A ce stade deux hypothèses s'imposent : soit il est le fils d'Abraham Fraigneau soit celui de son frère Jacques sans que l'on puisse trancher pour l'instant en faveur de l'un ou l'autre des pères potentiels.

 

 

[1] Source : "Familles Protestantes au travers des actes - XVI et XVIIème siècles" de Marie Reine Sire

[2] même source que la précédente : contrat du 5 mai 1626 passé chez Pierre Audeer

[3] cité dans le "Recueil général des Edits, Arrêts et règlements notables" de  Jean Filleau, grand pourfendeur des droits des protestants en Poitou.

[4] contrat de mariage de Jean Pouhet et de Catherine Chaigneau du 11 juin 1606 (Source : "familles protestantes ..." voir ci-dessus

 
Portrait des époux Soolmans (1634 - Rembrandt)

Portrait des époux Soolmans (1634 - Rembrandt)

Le couple Fraigneau Vatable 

 

Louis Fraigneau, sieur de Lhoumeau et de la Pérouardière (date de naissance inconnue/ décès avant 1675) épousa Anne Vatable qui naquit vers 1623[1]car elle mourut le 26 avril 1698 à Exoudun (Deux-Sèvres) à l’âge d’environ 75 ans. Les épousailles eurent lieu vers 1641, peut-être au temple de la Mothe-Saint-Héray étant donné que le culte avait été interdit à Exoudun par arrêt du 16 septembre 1634, le temple ayant été jugé trop proche de l'église (à noter que la destruction du temple n'intervint qu'en 1667 et suscita une émeute).

      

Ils eurent au moins 5 enfants à savoir:

      

Isaac Fraigneau[2] (vers 1643-1707), sieur de Boisloudun, qui épousa Louise Bonneau (1649-1703). Il compta parmi les anciens du consistoire car il fut délégué pour La Mothe Saint Heray au synode provincial de Melle tenu le 26 octobre 1678 ;

 

Isaac Fraigneau (1654-1719) marié avec Catherine Chabot le 17 juillet 1675 puis avant octobre 1693 avec Marie Palastre

      

Marie Fraigneau (1662-1709) mariée le 18 octobre 1693 à Exoudun avec Jean Guillauteau, chirurgien et qui vécu à Saint Sauvant (86)

      

Louis Fraigneau, sieur de Lhoumeau (1663-1699) marié avec Marie Levesque (fille de Louis et d'Elisabeth Chamois) le 21 septembre 1682. Tous deux sont nouveaux convertis au moment du mariage. Ils auront Louis, Louise, Suzanne et Marie

      

Renée Fraigneau mariée avec Daniel Sauzé (1663–1740), chirurgien, le contrat de mariage date du 22 février 1683  (chez Tastereau, notaire)

 

Suzanne Fraigneau (vers 1642?-après 1688[3]), mariée à Jacques Fraigneau (1639-1710), sieur de Bourgougne, fils de Jacques ou d'Abraham Fraigneau (voir ci-dessus). Ils se marièrent avant 1663 (date de naissance de leur fils Abraham).

  

Le couple de Jacques et Suzanne Fraigneau eut plusieurs enfants dont notamment :  

  

Abraham né en 1663, marié avec Marie Levesque, fille de  Léon Levesque et de Marie Aucher (contrat de mariage du 27 novembre 1685 passé chez Tastereau, notaire). Marie Levesque a dû naître vers 1665 car elle abjura la religion protestante en 1681 à l'âge de 16 ans;  

 Renée

 Suzanne

Louise Fraigneau née vers 1674. Elle fut mariée vers 1696 avec David Liège, procureur au présidial de Poitiers.

         

 

[1] Probablement à Coulonges sur l’Autize (79), lieu où officiait son père à l’époque.

[2] Informations tirées de « recherches sur la famille Levesque de Saint-Maixent et ses alliances » de Ernest Levesque (1907). Ce premier Isaac est toujours répertorié comme faisant partie de cette fratrie mais je n'ai pas trouvé d'éléments permettant d'affirmer que c'était le cas, contrairement à son frère Isaac le cadet qui suit. Je l’ai malgré tout répertorié. De son mariage avec Louise Bonneau sont issues (1) Marie qui épousera Charles Garnier, notaire et procureur fiscal à Couhé (veuve en 1714) (2) Catherine qui se mariera avec Benjamin Chameau des Ortioux (3) Louise Fraigneau qui épousa en novembre 1714 à Couhé, François Huet (4) à son décès assiste un de ses gendres le sieur Chabot don je n'ai pu déterminer l'épouse.

 

[3] date à laquelle elle signe comme marraine d'une de ses nièces

refuge-a-douvres.jpg

Huguenots français débarquant à Douvres en 1685

 

La famille Vatable

 

A l’origine de cette famille, j’ai identifié Antoine Vatable[3], pasteur, qui avait épousé Catherine Malivoire.

 

Ils sont nés dans le dernier quart du 16ème siècle. Originaires de Normandie, ils arrivèrent en Poitou au début des années 1590, vraisemblablement avant 1593.

 

Avant l'arrivée en Poitou, Antoine Vatable a exercé comme pasteur à Luneray  (Seine Maritime) pendant les guerres de religion, avec au moins un séjour durant lequel lui et sa femme se réfugient en Angleterre. En effet, sa présence est attestée à Rye (Angleterre) pendant toute une période qui commence vraisemblablement dès 1587[4] et qui s’achève après l’année 1590[5].

 

Ces allers et retours en Angleterre méritent une petite digression en forme d'explication.

 

Le refuge ponctuel en Angleterre n'avait rien d’illogique car en ces temps de guerre civile entre catholiques et protestants, le royaume britannique constituait un des refuges pour les protestants français.

 

En particulier, les protestants de Normandie ainsi que leurs pasteurs avaient pris l’habitude de se réfugier en Angleterre à Rye, lorsque les persécutions se produisaient sur le continent. Il existait d’ailleurs un lien tellement fort entre l’église de Dieppe et Rye que cet endroit était considéré comme une annexe de l’église normande.

 

Pendants les guerres de religion et dès 1562, il s’opère un afflux de réfugiés français qui s’installent provisoirement et exercent leur culte à Rye. Avec la paix d’Amboise qui marque la fin de la première guerre de religion (mars 1563), il y a reflux de la population française (on compte peu de décès étrangers entre 1564 et 1566).

 

La deuxième guerre de religion (septembre 1567 – mars 1568) et la troisième (septembre 1568 – août 1570) conduiront à de nouvelles migrations. En mars 1569, on compte 73 chefs de familles français dans cette localité anglaise.

 

La Saint Barthélémy (24 août 1572) va donner lieu à un afflux considérable de protestants français fuyant des persécutions qui ont très vite dépassé le seul cadre parisien pour s’étendre dans des régions où le protestantisme minoritaire s’est ancré en terre catholique comme la Normandie[6].

 

Une période d’accalmie qui se concluera d’ailleurs par l’Edit de Nantes (1598) va permettre un retour en France des protestants établis à Rye et notamment d’Antoine et de sa famille qui retournent en Normandie à Luneray.

 

Mais revenons à notre pasteur normand.

 

Antoine Vatable officiera à Luneray jusqu'aux premières années de 1590, date de son départ probable pour le Poitou, avant 1593.

 

En effet, au synode provincial du Haut Poitou et du bas Poitou tenu à Saint Maixent le 28 avril 1593, Vatable, alors pasteur à La Chaume d’Olonne (Vendée), signe une lettre excusant l’absence de représentation de son église au synode (SHPF bulletin historique 1911 page 48). 

 

En 1596, à l’occasion du 14ème synode national tenu à Saumur, il fait demander par l’intermédiaire des députés du Poitou, le paiement des sommes dues par son ancienne église de Luneray (100 livres ce qui semble représenter une somme importante à l’époque).

 

Cette demande sera renouvelée lors du 17ème synode national tenu à Gap en 1603, puis au synode tenu à Gergeau puis, enfin, au synode national de Privas tenu en 1612. A l’occasion de ce dernier synode, il est demandé d’appliquer les décisions prises au synode de Gergeau.

 

Plus tardivement et en tout cas entre 1614 et 1620, il exercera son ministère à Puybelliard (85) qui est un faubourg de Chantonnay. Ce changement s’explique peut-être par un souci de se rapprocher de ses fils qui sont pasteurs à la même époque respectivement à Foussay et à Coulonges.

 

 

[3] Selon certaines sources, cette famille pourrait avoir un lien de parenté avec François Vatable, le célèbre hébraïsant traducteur des psaumes pour Clément Marot qui est devenu l’un des premiers professeurs au collège de France fondé par François 1er. La coïncidence entre l’un des membres du cercle de Meaux qui a pensé une nouvelle approche du catholicisme et une famille de protestants du même nom est troublante, mais ce nom est toutefois courant dans le nord de la France selon d’ailleurs différentes variantes ( Watteble, Wattebled , etc). Cette coïncidence serait flatteuse mais improuvable.          

 

[4] voir « histoire des églises du refuge en Angleterre » de V. de Schickler. Un colloque se tient à Rye auquel tous pasteurs participèrent, au nombre desquels figure Antoine Vatable.

 

[5] Voir « histoire de la réformation à Dieppe », le 26 janvier 1590, « messieurs Courtault et de Licques, ministres de Dieppe et M. de Vateblé, ministre de Luneray étaient encore à Rye ».

 

[6] Dès septembre 1572, 161 réfugiés se présentent à Rye. En novembre 1572, on compte 641 réfugiés (242 hommes, 167 femmes et 232 enfants majoritairement de Dieppe et de Rouen). Cet émigration posera d’ailleurs des difficultés de gestion à la petite municipalité anglaise qui essaie d’orienter les réfugiés dans des communes avoisinantes et refuse les personnes indigentes.

portrait de famille par Frans Hals

portrait de famille par Frans Hals

 

Les enfants du couple Vatable-Malivoire 

Initialement, il me semblait qu'Antoine Vatable et Catherine Malivoire avaient deux enfants qui leur étaient clairement attribuables (Pierre et Jean) et deux autres possibles (Débora et Isaac). Quant à Samuel Vatable, pasteur à Nieul en Charente Maritime à la fin du 16 ème siècle, il me semblait clairement trop vieux pour pouvoir avoir eu ce couple comme parents (je pensais qu'il était plutôt le frère d'Antoine Vatable).

 

Les notes généalogiques très complètes de Jean Maillaud (un premier article sur la famille Vatable complété par un deuxième) montrent que j'étais loin du compte.

 

Antoine Vatable et Catherine Malivoire eurent donc :

 

-         Samuel Vatable que l'on peut supposer être né vers 1670. Il épousa Rachel GUILLEAUDEAU le 1er mars 1591 et décèda en 1601. Il était pasteur à Nieul en Charente Maritime. Un Samuel Vatable est cité comme ayant acquis un diplôme de docteur à l’Université d’Oxford en 1590 et il est désigné comme « Français pourvu de grades à Bâle » (cf. « les églises du refuge en Angleterre » de F. de Schickler, note de bas de page (2), page 244, Tome 1). Ce couple eu une fille, Rachel Vatable.

-         Pierre Vatable qui naquit en février 1588 (qui suit). C'est probablement le même que Pierre Wateble qui est baptisé à l’église de Rye, qui est dit être le fils d’ « Anth. W. qui a été banni pour la parole de Dieu » et qui est l’un des prédicateurs de l’église de Rye (cf. « histoire des églises du refuge en Angleterre » de V. de Schickler). Il fut pasteur à Saint Hilaire des Loges puis Foussay en Vendée.

-         Jehan Vatable (vers 1590 – décès en 1646) mon ascendant (qui suit).

-         Debora Vatable qui a épousé Jacques Arthuis sieur de Villesalalson qui fut également pasteur. Celui-ci a étudié la théologie à Genève et dit « yssoldunensis » ce qui peut signifier qu’il est originaire d’Exoudun.

-         Isaac Vatable, marchand à Mareuil sur le Lay (Vendée)  marié à Sara Marchand ce couple ayant eu trois enfants baptisés à Mareuil sur le Lay (registres protestants - bibliothèque de l’Arsenal à Paris et archives départementales de Vendée) à savoir : François (février 1624), Renée (novembre 1625), Isaac (août 1627).   

-        Marthe Vatable mariée avec Jean Grasset, marchand à La Rochelle.

 

 

1) Pierre VATABLE est ministre du Saint Evangile à Foussay (85) au moment du mariage de son frère (dans le contrat de mariage, il représente ses parents qui n’ont pu assister au mariage). Il sera aussi pasteur à Nieul sur l’Autize (85).Il a épousé Marie Vernède vers 1615. Ils ont eu des enfants dont :

 

- Paul Vatable, sieur de Buignon marié à Catherine Drauld[1] (tous deux sont religionnaires à Foussay entre 1636 et 1668).

 

Pour mémoire, le couple Vatable-Drault a eu plusieurs enfants enregistrés dans le registre protestant de Foussay[2] : Louis, baptisé le 21 septembre 1636, Marie (juillet 1639), Jacques (octobre 1644), Suzanne (mars 1647), Louise (octobre 1649), Paul (septembre 1651), Jean (mars 1654), Judith (novembre 1656), Pierre (mars 1660), Elie (aout 1662).

 

Catherine Drault a quitté le royaume de manière certaine dans les années 1680[3]. Il est possible que son mari ait été déjà décédé au moment du départ puisque l’administration qui gère les biens des exilés indique qu’elle est veuve du sieur Vatable en 1700 et qu’elle ne pouvait être informée d’un décès à l’étranger.

Ce qui est sûr c’est qu’au moins un de ses fils, Pierre, était dès 1683 réfugié à Dublin en Irlande avec sa femme Marie Brevet[4]. Un des enfants de ce couple est baptisé à Fontenay en mars 1681 (registres protestants).

- Anne Vatable mariée à Louis Guillauteau de Launay (né en 1589 et décédé le 25 mars 1657 à Niort (registres protestants)). Le registre protestant de Foussay permet de recenser plusieurs enfants de ce couple dont Marie (baptisée en juin 1642), Anne (août 1643), Louis (février 1648), Jeanne (septembre 1652).

 

2) Jean VATABLE est né probablement peu après 1590 en Normandie dans l’église d’exercice de son père.

En 1612, il est recensé dans la liste des écoliers français inscrits à l’Académie de Genève. Il est mentionné un « Jean Vatable du Poitou »[5]. Compte tenu du caractère peu fréquent du nom et du fait que son père est pasteur en Poitou, il est très probable qu’il s’agisse de la même personne.

 

Jean VATABLE épouse Catherine LE ROY en 1614 (contrat de mariage[6] du 25 août 1614 signé chez ROBERT notaire à Fontenay Le Comte). Elle est la fille de Jacob LE ROY (décédé entre 1614 et 1618), Sr du Puy et de défunte Claude AGROUE.

 

Ses parents n’ayant pu assister à la conclusion du contrat de mariage de Jean, c’est Pierre son frère aîné qui les représente. 

 

Au moment de son mariage, Jean est « ministre du Saint Evangile » de Coulonges les Royaux (Coulonges sur l’Autize - 79). Il demeurera affecté à Coulonges, au moins jusqu’en 1626[7].

 

En 1617, Jean Vatable et sa femme avaient deux filles prénommées Jeanne et Judith.

 

En effet, dans le testament protestant de Renée GIRARD fait le 6 septembre 1617[8] et rédigé par Jean VATABLE « pasteur du Sainct Evengille de l’église réformée de Coullonges les royaux » dont elle a prié « d’escrire, le (mien) testament ».

 

Elle donnait une somme d’argent à sa filleule, « Jehanne Vattablé cent francz … et advenant le trespas de ladicte Jehanne, je les donne à Judith, et advenant le décès des deux, que ma commère Catherine Roy, femme dudit Vatablé, luy soit pour propre … ».

 

Leur fille Anne naquit plus tard, vers 1623. Elle épousa Louis Fraigneau vers 1641 à Exoudun (voir ci-dessus). Sa soeur Jeanne avait épousé Léon Levesque (seconde famille notable d'Exoudun). Ils vivaient encore en 1671.

 

 
 

[1] Comme elle a eu son dernier enfant en 1662 soit raisonnablement pas plus tard qu’à l’âge de 42 ou 43 ans, on peut raisonnablement supposer qu’elle est née en 1619 ou 1620.

[2] (voir archives numérisés de Vendée dans « actes des protestants »)

[3] Le pasteur Rivierre estime plausible la date de 1688 car les biens ont été saisis et il est noté que la « taille a tout consommé pour 1689 » ce qui indiquerait un départ récent.

[4] On trouve des références à Pierre Vatable et à Marie Brevet dans plusieurs publications (« Ireland’s huguenots and their refuge » R. Hylton, « Huguenot pedigrees » C.Lart et dans les publications de la Huguenot Society of London).

[5] Bibliothèque d’humanisme et de renaissance, travaux et documents (périodique), éditions Droz, Genève, 1949, page 224 dans liste des étudiants français inscrits à l’Académie de Genève aux 16ème et 17ème siècles.

[6] Archives de Vendée page 153 du microfilm. Une transaction sur le contrat de mariage aura lieu en 1618 entre la veuve de Jacob Le Roy et Jean Vatable (page 387 du microfilm)

[7] Les pasteurs du Poitou en 1620 et 1626 comptent trois VATABLE. Le père est indiqué comme étant « déchargé » de son office à Puybelliard (Vendée) en 1620, Vatable dit « l’aîné », pasteur à Foussay (Vendée) et « J. Vatable le puîné », est pasteur à Coulonges.

[8] Renée Girard est veuve de Louis Viault. Ce sont les beaux parents de Louis du Vergier qui appartient à la famille du Vergier de la Rochejacquelein. Le testament constitue une des pièces du chartrier de cette famille retrouvé en 1820 (voir « archives historiques du Poitou » 1926, vol. 44 pages 56 et 57).

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5 juin 2010 6 05 /06 /juin /2010 19:47

abjuration liège-copie-5

 

Des sujets surveillés, voire punis

 

La période qui s’ouvre après la révocation inaugure une nouvelle ère de surveillance des nouveaux convertis.

 

A l’époque, nul n’ignore en effet que le renoncement a été difficile pour nombre d’anciens protestants.

 

Et en effet, déjà apparaissent les premières assemblées tenues dans le « désert » réunies de manière clandestine pour assister au culte avec la répression à l’encontre de leurs participants.

 

 

 Mereaux2.jpg  Méreaux. Conçu initialement afin de prouver que le fidèle était en état de communier (car en règle avec la communauté), le méreau servit après 1685 à attester que la personne assistant à l'office dans le désert ne tentait pas de s'infiltrer dans l'assemblée pour ne dénoncer les participants.

  

En Poitou, le 22 février 1688 les troupes de l’intendant Foucault surprennent une assemblée du désert au  Grand Ry. Les troupes fondent sur l’assemblée en ouvrant le feu, il tuent quelques participants et font 200 prisonniers dont trente seront envoyés aux galères et trois pendus.

 Le 26 mars de la même année, Louvois écrit à Foucault que le roi a appris « qu’il se faisoit des assemblées sur les confins de l’Angoumois de la Saintonge et du Poitou, les religionnaires espérant que l’on auroit moins d’attention à ce qui se passeroit sur les frontières de trois intendances différentes ». Il ajoute que le roi a ordonné au sieur de Saint Frémont dont les dragons séjournent dans la région d’aller les visiter et d’avoir « une attention particulière à ce qui s y passera et essayer de tomber sur les assemblées qui s’y pourront faire ». La lettre conclut à l’attention de Foucault que « Sa Majesté a voulu (qu’il en soit) averti afin (qu’il puisse lui donner les avis et instructions que vous croirez qui le pourront aider à se bien acquitter de l’ordre de Sa Majesté. »

 

 assemblee-du-desert.jpg 

 Assemblée du désert

 

De l’importance de faire son « devoir » …

 

 

En ville, la possibilité de renouer avec le culte protestant est extrêmement limitée voire nulle, ce qui empêche pas une surveillance accrue comme en témoigne le « rolle des nouveaux convertis » de 1698 déjà évoqué.

 

De manière typique pour la monarchie absolue, le pouvoir royal manie tour à tour la magnanimité ou le châtiment à l’égard de ses sujets « déviants » ou susceptibles de l’être, comme un pater familias romain à l’égard de ses enfants.

 

En conséquence, ce bilan inquisitorial[1] (qui détermine le bon exercice ou non du « devoir » de catholique), l’administration provinciale recense et évalue le degré de conversion pour en déduire, si nécessaire, des mesures de rétorsion par le logement de dragons afin d’exercer une pression sur les récalcitrants.

 

Derrière les décisions prises en fonction de l’assiduité des nouveaux convertis, on observe d’ailleurs un curieux mélange entre des considérations d’équité et un arbitraire marqué. Des constats similaires n’entraînent pas pour autant des décisions identiques.

 

Il en est ainsi d’abord, par exemple, des personnes « rentrées dans le rang » qui ne bénéficient pourtant pas des mêmes indulgences de la part de l’administration provinciale.

 

Ainsi, si la dame Robin de la paroisse de saint Didier et ses enfants « font fort bien leur devoir et l'on toujours fait depuis leur conversion » et méritent d’être traités « comme les anciens catholiques », « le Sr. Jean Brucelle perruquier, Alexandre horlogeur, Garnier apothiquaire, la dame de Gavsan, femme de texier, maître pâtissier » de la paroisse de Notre Dame la petite « font bien leur devoir » mais méritent, quant eux, « d'estre taillé favorablement[2] ».

 

S’agissant des personnes « mal converties » et si l’on sent bien que l’intention est de fixer une échelle de punition en fonction de considérations qui pourront être autant de circonstances atténuantes (assiduité de certains membres de la famille à la religion catholique ou bien capacité financière à supporter un logement), les préconisations sont faites « au doigt mouillé ».

 

Ainsi pour Madeleine Champion « mal convertie » qui se trouve « chargée d'enfans, peu à son aise (tout en ayant) trois garçons qui font très bien leur devoir» devrait recevoir un officier alors que « le Sr. Cibot (dont les filles « font très bien leur devoir ») n'est pas des mieux convertis » mais pourrait se voir affecter un cavalier seulement. Dans le même temps, le sieur Beaupoil, procureur (le beau-frère de Madeleine Champion) qui a sa femme à Amsterdam et une fille à la Propagation (enfermée au couvent) mérite un logement d'officier[3].

 

Et puis, dans cette société inégalitaire où les autorités font preuve d’une indulgence sans équivoque à l’égard des élites, il y a tous les nouveaux convertis qui ne font pas « leur devoir », sans que pour autant cela emporte de conséquences, faute d'être sujets au paiement de la taille. Du moins, les conséquences ne sont pas immédiates. La menace de mesures de rétorsion pèse[4]. 

 

 Ainsi, le « sieur Portai, banquier, ne fait nullement son devoir, mais n'est sujet au logement. Le sieur Guillemot, idem. Mr. Cottiby, banquier et lieutenant de milice, n'est point sujet au logement. »

 

Dans le même sens, le sieur de Montfraud « élu, très mal converty, mais n’est sujet au logement. » Un dénommé de Bonneval qui « ancien et bon catholique » a une femme qui pourtant est « mal convertie ». Mais les services de l’intendant soulignent que « led. Sr de Bonneval est inspecteur des manufactures du Poitou et Aulnis et n'est sujet au logement. »

 

Comme on le constate, il est encore loin le siècle des « lumières » qui, grâce à Beccaria, donnera notamment naissance à une échelle lisible et raisonnée de délits et des peines …

 

Qu’en est-il dans le secret des consciences et des foyers ?

 

 

Les appréciations portées dans le « rolle des nouveaux convertis » ne peuvent renseigner sur la sincérité des anciens protestants dans la pratique de leur nouvelle religion.

 

C’est l’apparence et l’existence (ou non) d’un trouble porté à l’ordre public  « religieux » qui comptent. Peu importe en effet qu’en conscience ou dans l’intimité du foyer les ex-religionnaires soient éventuellement en proie à des compromis entre leur ancien protestantisme et leurs obligations au regard de la seule religion désormais acceptée.

 

S’il n’est évidemment pas possible de déterminer leurs sentiments sur cette question, des indices donnent à penser qu’a pu se perpétuer une forme de résistance plus ou moins affichée ou, en tout cas, que la résignation fut difficile.

 

A cet égard, l’on imagine mal que des personnes élevées et ayant vécu dans la religion protestante l’essentiel de leur vie aient pu devenir, sans une violente remise en cause, des catholiques sans histoire. On sait que lorsque « la veuve Liège, procureur » est jugée mal convertie, elle a déjà 60 ans. Par ailleurs, une certaine « veuve Mitaut » qui fait « fors mal son devoir » est décrite comme « fort aagé ».

 

Il est vrai que l’âge ne fait pas tout si l’on songe par exemple qu’Anne Beaupoil qui abjure à l’âge de 15 ans se trouve enfermée au couvent de 1697 jusqu'au plus tard en 1699[5]. C’est peut-être un attachement très fort au protestantisme dans cette famille qui est la cause de l’insoumission de la jeune femme, sa mère ayant dû quitté la France pour Amsterdam[6].

 

Cette résistance passive est, me semble-t-il, marquée par le maintien de « l’entre soi » dans les alliances familiales. Même si la révocation a broyé les individus mais pas les réseaux de ces familles qui se fréquentaient auparavant au temple et dans leurs vies quotidiennes, « l’après révocation» et l’adversité qui en a résulté ont dû souder un peu plus l'ancienne communauté.

 

Ainsi, l'endogamie religieuse (et sociale) persiste après la révocation dans les alliances familiales.

 

A cet égard, on relève que les enfants de Jean Liège se marient pratiquement uniquement avec des anciens protestants. Ainsi, Jean Liège épouse Marie Fleury qui se révèle d’ailleurs « fort opiniâtre » dans son ancienne religion.David Liège fait les mêmes choix dans ses deux mariages. Marguerite Liège se marie avec un ancien protestant qui fuira la France. Il n’y a guère que le mari de Madeleine Liège dont il n’a pas été possible de déterminer s’il était ou non un ancien protestant. 

 

De manière peut être plus déterminante, cette résistance semble se révéler dans le choix des parrains et des marraines au moment du baptême, ce qui peut apparaître logique si l’on songe que l'importance du sacrement du baptême  dans le protestantisme.

 

L’exemple des enfants de David Liège et de Louise Fraigneau est plutôt révélateur. Sur les 22 parrains et marraines, seuls 9 d’entre eux n’ont pu être identifiés comme appartenant au cercle familial (frères et sœurs de l’enfant qui sont catholiques mais dont les parents sont d’anciens protestants, oncles, tantes et grand père des enfants).  Parmi ces 9 personnes, il existe un doute sur la précédente religion pour seulement 4 d’entre elles.

 

Il est ainsi permis de penser David Liège et Louise Fraigneau ont choisi délibérément que cet acte hautement symbolique soit marqué par une référence à leur ancienne religion dans une intimité très familiale.

 

 


[1] Repris dans « Essai pour une histoire de l’Eglise réformée de Poitiers au temps de l’Edit de Nantes ”de Jean-Luc Tulot  Cahiers du Centre de Généalogie Protestante, N° 69, Premier trimestre 2000, p. 32-47 précité

[2] Ce qui revient à les récompenser par une somme d’argent à payer au titre de la taille moins importante que celle dont ils devraient être redevables normalement.

[3] Le départ de la femme de Pierre Beaupoil apparaît comme un échec manifeste et constitue dès lors peut-être une circonstance aggravante, d’autant que sa fille a été placée de force dans un couvent en 1697, car jugée très mal convertie. Il semblerait que sa femme demeure à l’étranger ou bien qu’elle y décède car Pierre Beaupoil est visiblement remarié à Jeanne Bourceau (ancienne protestante elle aussi).

[4] Une indulgence qui aura malgré tout ses limites ainsi que le précise la lettre du 14 mars 1711, le ministre Pontchartrain écrivant à l'intendant Charles Bonnaventure Quentin de Richebourg que   « Le Roy a esté informé qu 'outre les nouveaux mal convertis de Poitiers qui ont depuis peu eu ordre de se faire instruire et d'envoyer leurs enfants aux instructions, il y a encore quatres autres qui sont les sieurs Cottiby père et fils, le Sr Guillemot et le Sr Cibot, lesquels sont opiniâtres et chefs de party, et empêchent les autres par leur crédit de faire leur devoir: S. M. souhaitte que vous leur ordonniez de sa part d'aller au plus tôt se faire instruire auprès de Monsieur VEvëque de Poitiers et s’ils ne travaillent pas sérieusement à leur conversion elle y pourvoira d'une manière qui leur sera très désagréable".

[5] Elle se marie avec Paul Mousnier le 2 mars 1699 à Saint Cybard.

[6] C’est là une des autres conséquences dramatiques de la révocation de l’édit de Nantes qui a conduit au déchirement de familles. Dans ce cas particulier, on a du mal à croire que le départ pour les Pays-Bas à un âge avancé et ait été motivé par des motifs autres que celui de la religion.  

Qu’en est-il dans le secret des consciences et des foyers ?

 

 

Les appréciations portées dans le « rolle des nouveaux convertis » ne peuvent renseigner sur la sincérité des anciens protestants dans la pratique de leur nouvelle religion.

 

C’est l’apparence et l’existence (ou non) d’un trouble porté à l’ordre public  « religieux » qui comptent. Peu importe en effet qu’en conscience ou dans l’intimité du foyer les ex-religionnaires soient éventuellement en proie à des compromis entre leur ancien protestantisme et leurs obligations au regard de la seule religion désormais acceptée.

 

S’il n’est évidemment pas possible de déterminer leurs sentiments sur cette question, des indices donnent à penser qu’a pu se perpétuer une forme de résistance plus ou moins affichée ou, en tout cas, que la résignation fut difficile.

 

A cet égard, l’on imagine mal que des personnes élevées et ayant vécu dans la religion protestante l’essentiel de leur vie aient pu devenir, sans une violente remise en cause, des catholiques sans histoire. On sait que lorsque « la veuve Liège, procureur » est jugée mal convertie, elle a déjà 60 ans. Par ailleurs, une certaine « veuve Mitaut » qui fait « fors mal son devoir » est décrite comme « fort aagé ».

 

Il est vrai que l’âge ne fait pas tout si l’on songe par exemple qu’Anne Beaupoil qui abjure à l’âge de 15 ans se trouve enfermée au couvent de 1697 jusqu'au plus tard en 1699[5]. C’est peut-être un attachement très fort au protestantisme dans cette famille qui est la cause de l’insoumission de la jeune femme, sa mère ayant dû quitté la France pour Amsterdam[6].

 

Cette résistance passive est, me semble-t-il, marquée par le maintien de « l’entre soi » dans les alliances familiales. Même si la révocation a broyé les individus mais pas les réseaux de ces familles qui se fréquentaient auparavant au temple et dans leurs vies quotidiennes, « l’après révocation» et l’adversité qui en a résulté ont dû souder un peu plus l'ancienne communauté.

 

Ainsi, l'endogamie religieuse (et sociale) persiste après la révocation dans les alliances familiales.

 

A cet égard, on relève que les enfants de Jean Liège se marient pratiquement uniquement avec des anciens protestants. Ainsi, Jean Liège épouse Marie Fleury qui se révèle d’ailleurs « fort opiniâtre » dans son ancienne religion.David Liège fait les mêmes choix dans ses deux mariages. Marguerite Liège se marie avec un ancien protestant qui fuira la France. Il n’y a guère que le mari de Madeleine Liège dont il n’a pas été possible de déterminer s’il était ou non un ancien protestant. 

 

De manière peut être plus déterminante, cette résistance semble se révéler dans le choix des parrains et des marraines au moment du baptême, ce qui peut apparaître logique si l’on songe que l'importance du sacrement du baptême  dans le protestantisme.

 

L’exemple des enfants de David Liège et de Louise Fraigneau est plutôt révélateur. Sur les 22 parrains et marraines, seuls 9 d’entre eux n’ont pu être identifiés comme appartenant au cercle familial (frères et sœurs de l’enfant qui sont catholiques mais dont les parents sont d’anciens protestants, oncles, tantes et grand père des enfants).  Parmi ces 9 personnes, il existe un doute sur la précédente religion pour seulement 4 d’entre elles.

 

Il est ainsi permis de penser David Liège et Louise Fraigneau ont choisi délibérément que cet acte hautement symbolique soit marqué par une référence à leur ancienne religion dans une intimité très familiale.

 

 


[1] Repris dans « Essai pour une histoire de l’Eglise réformée de Poitiers au temps de l’Edit de Nantes ”de Jean-Luc Tulot  Cahiers du Centre de Généalogie Protestante, N° 69, Premier trimestre 2000, p. 32-47 précité

[2] Ce qui revient à les récompenser par une somme d’argent à payer au titre de la taille moins importante que celle dont ils devraient être redevables normalement.

[3] Le départ de la femme de Pierre Beaupoil apparaît comme un échec manifeste et constitue dès lors peut-être une circonstance aggravante, d’autant que sa fille a été placée de force dans un couvent en 1697, car jugée très mal convertie. Il semblerait que sa femme demeure à l’étranger ou bien qu’elle y décède car Pierre Beaupoil est visiblement remarié à Jeanne Bourceau (ancienne protestante elle aussi).

[4] Une indulgence qui aura malgré tout ses limites ainsi que le précise la lettre du 14 mars 1711, le ministre Pontchartrain écrivant à l'intendant Charles Bonnaventure Quentin de Richebourg que   « Le Roy a esté informé qu 'outre les nouveaux mal convertis de Poitiers qui ont depuis peu eu ordre de se faire instruire et d'envoyer leurs enfants aux instructions, il y a encore quatres autres qui sont les sieurs Cottiby père et fils, le Sr Guillemot et le Sr Cibot, lesquels sont opiniâtres et chefs de party, et empêchent les autres par leur crédit de faire leur devoir: S. M. souhaitte que vous leur ordonniez de sa part d'aller au plus tôt se faire instruire auprès de Monsieur VEvëque de Poitiers et s’ils ne travaillent pas sérieusement à leur conversion elle y pourvoira d'une manière qui leur sera très désagréable".

[5] Elle se marie avec Paul Mousnier le 2 mars 1699 à Saint Cybard.

[6] C’est là une des autres conséquences dramatiques de la révocation de l’édit de Nantes qui a conduit au déchirement de familles. Dans ce cas particulier, on a du mal à croire que le départ pour les Pays-Bas à un âge avancé et ait été motivé par des motifs autres que celui de la religion.  

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30 mai 2010 7 30 /05 /mai /2010 21:55

pla0048.jpg

 

(vue de Poitiers 1572)

 

Bref panorama des familles Liège de Poitiers au 17ème siècle 

 

Dans la deuxième moitié du 17ème siècle et outre mes ancêtres, il existait au moins sept familles Liège à Poitiers, dont certaines exerçaient des professions judiciaires.

 

Elles vivaient essentiellement dans quatre paroisses (saint Cybard, saint Didier, saint Germain et notre Dame la petite). Bien que des naissances ou d’autres évènements interviennent dans d’autres paroisses, on note une certaines stabilité, les professions judiciaires étant plutôt localisées à saint Cybard, à saint Didier où à saint Germain.

 

Il est possible qu’à l’origine, ces familles aient eu un ancêtre commun (au moins pour celles installées depuis longtemps à Poitiers) mais la question religieuse a dû séparer les trajectoires familiales dès la fin du siècle précédent[1].

 

Au demeurant, l’adhésion au protestantisme de certaines familles Liège permet de supposer un lien de parenté entre celles-ci, si l’on songe que les protestants de Poitiers étaient malgré tout minoritaires tout au long du siècle dans une capitale régionale très catholique.

 

Partant du principe selon lequel la foi protestante est ancrée dans une famille dès la fin du 16ème siècle et se perpétue jusqu’aux conversions forcées, j’ai identifié par défaut une famille Liège clairement catholique au milieu du 17ème siècle.

 

A la même période et s’agissant des protestants, il est impossible de les recenser par le biais de l’état civil car les registres de l’Eglise réformée ont disparu[2].  On sait seulement que selon Colbert de Croissy, il y aurait eu vers 1660 "six vingt familles de cette religion à Poitiers et environ cinq à six cent personnes" et que trois ministres ("de peu de mérite") y exerçaient au temple dit "des quatre piquets" situé à la cueille mirebalaise  (actuellement au 12 de la rue Rique-avoine). 

 

Ensuite, dans le dernier quart du 17ème siècle et en particulier à partir de 1682, il est difficile de dire ceux qui sont nés protestants et ceux qui ont toujours été catholiques et qui seraient originaires d’autres localités de la province.

 

Il existe toutefois des outils et notamment les abjurations mentionnées dans les registres paroissiaux, encore qu’elles ne soient pas forcément exhaustives étant donné que l’intendant Foucault a dû procéder à Poitiers en 1685 comme en Béarn à des abjurations collectives par délibération publique (les documents afférents n’ont toutefois pas été retrouvés).

 

Il est possible aussi de s’appuyer sur certains travaux, comme le « Livre d’or des protestants du Poitou persécutés pour la foi » œuvre impressionnante du pasteur Jean Rivierre qui synthétise aussi les renseignements sur les protestants poitevins partis clandestinement à l’étranger.

 

Les nouveaux convertis qui n’ont pas pu ou pas souhaité prendre la route de l’exil n’ont guère d’autres choix que de rentrer dans le rang afin d’éviter les persécutions des autorités provinciales, fidèles relais du pouvoir royal.

 

A mon sens, ils arborent un catholicisme de façade et c’est là qu’interviennent d’autres indices tels que les prénoms d’enfants qui, bien que baptisés après la révocation, ont été prénommés selon l’ancien testament.

 

J’y vois (peut être à tort) une forme de résistance passive et non pas une mode ou une tradition familiale puisée dans un protestantisme originel.

 

Une famille Liège catholique 

 

On compte d’abord une famille Liège clairement catholique (enfants baptisés ou mariages effectués par un prêtre au milieu du 17ème siècle).

 

Il s'agit de la famille issue du couple formé par Jean Liège conseiller du roi au présidial et Renée Razay qui ont eu au moins quatre enfants (André né en 1646 et marié avec Louise Noquier le 15 juin 1676 (saint Cybard), René né le 23 janvier 1648 et marié avec Renée Delauzon (paroisse de saint Saturnin le 9/02/1682), Pierre né le 6 juin 1649 et marié avec Catherine Bonneau, Marie-Anne née le 26 mars 1668 à saint Cybard).

 

Selon le dictionnaire des familles du Poitou (Beauchet-Filleau), ce Jean Liège serait le fils d'André Liège fermier de l'abbaye de Montierneuf. 

 

Les familles Liège protestantes 

 

Comme on l’a vu, il existe peu de renseignements concernant l’importance et l’étendue de la communauté protestante de Poitiers[3].

 

Au-delà de l’absence de registres, on peu concevoir que cette discrétion résulte d’abord du fait que cette communauté vit dans une ville majoritairement catholique qui est de surcroit le siège de l’évêché.

 

Elle peut s’expliquer aussi par le fait que cette communauté qui naît dès le séjour de Calvin à Poitiers en 1536 est, quoique moins importante qu’à Châtellerault ou à Lusignan, ancienne et donc probablement très insérée dans le tissu économique, social et professionnel de la ville. Ainsi, les protestants de Poitiers, quoique sujets de tensions de rivalités parfois entretenues par quelques exaltés catholiques, font peut-être un peu partie du paysage pour leurs collègues et voisins catholiques.

 

Ce relative anonymat au regard de documents d’archives va voler en éclats au fur et à mesure que s’intensifie la répression du pouvoir royal à l’encontre des réformés.

 

La politique de conversions forcées va nécessiter l’identification des protestants jusqu’à l’abjuration ou la fuite. Dans une deuxième étape, l’administration locale procède à une surveillance des nouveaux convertis.

 

Concernant les Liège, le « rolle des nouveaux convertis » établi en 1698 par l'intendant du Poitou Gilles-François Maupeou d'Ableiges sur la base des certificats des curés[4] donne une photographie même si ce document fait abstraction des familles Liège ayant fui le royaume à partir de 1681.

 

Etablie dans la perspective éventuelle d’établir des dragons chez ceux des convertis pouvant être suspectés de ne pas être des catholiques acharnés, cette liste vise les convertis de fraiche date qui ont attendu jusqu’au dernier moment pour se convertir contraints et forcés au cours des années 1684 et 1685.

 

Dans cette liste on identifie seulement la famille Liège qui fait partie de mon ascendance (la mère Madeleine Champion et ses enfants dont Liège « l’aisné » et son frère, le père, Jean Liège, procureur, étant décédé à cette date) ainsi qu’une famille apparentée (Marie Liège qui est la sœur de Jean Liège, son mari Pierre Beaupoil, procureur, et leur fille Anne).

 

A part ceux visés par le rôle des nouveaux convertis, on compte trois autres familles protestantes au nom de Liège mais avec lesquelles on ne peut établir des liens familiaux avec les précédents.

 

Ils sont repérables grâce à trois actes d’abjuration. Le premier concerne l’abjuration de Pierre (12 ans) et d’Alexandre (âgé de 7 à 8 ans) recueilli le 11 juin 1684 dans le registre de la paroisse de saint Didier et dont le père est désigné comme « messire Liège, marchand ».

 

La seconde concerne Isaac Liège qui abjure le 8 avril 1688 à l’âge de 17 ans et il est dit « fils de défunt messire David Liège et de Marthe Saury ».  S’agissant de ce dernier toutefois, le pasteur Rivierre estime qu’il pourrait s’agir d’une famille Liège originaire de Rochechouart[5].

 

La troisième avec laquelle existe un lien de parenté certain concerne  Marguerite Ingrand qui abjure à 45 ans avec sa fille Anne âgée de 15 ans à saint Cybard en date du 2 octobre 1685 et qui est « veufve de feu Jacques Liège », sieur de la Fontenille. Jean Liège le procureur signe l’acte d'abjuration. Il s'agit sans aucun doute de sa belle-soeur, car Jacques Liège est cité (en tant que sieur de Poizay) dans le contrat de mariage entre Pierre Beaupoil et Marie Liège en décembre 1664 comme étant le frère de la future épouse et Marguerite Ingrand signe l'acte notarié  aux côtés de celui qui est déjà son mari.

 

Enfin, il convient de signaler une famille Liège originaire du moyen Poitou, installée à Poitiers vers la fin du 17ème siècle qui descend de Philippe Liège (marchand) et de Madeleine Delacroix (de Lusignan) dont le mariage est répertorié dans le registre protestant de Saint Maixent en date du 11 février 1646.

 

Ce couple eut au moins deux fils. Philippe, baptisé le 1er mai 1661 (Lusignan) et Jacob baptisé à Lusignan le 2 janvier 1665.

 

Philippe Liège épouse Anne Garnier (fille de David et d'Anne Robin) le 7 avril 1687 à notre Dame la petite.

 

Les Liège qui sont vraisemblablement d’anciens protestants convertis

 

On recense enfin deux familles dont la première a possiblement des liens de parenté avec les ancêtres protestants, il s’agit de :

 

-         René Liège (notaire à la châtellenie de Vaux) marié à Jeanne Ragueneau (probablement vers 1680) et qui a eu plusieurs enfants dont François (procureur) né vers 1680 et marié avec Marguerite Orillard le 1-2- 1706 (paroisse de saint Michel), André qui est né vers 1685, Jeanne en 1687 et qui est marié avec Pierre Normand et Renée (mariée avec François Delabarre).

 

Certains indices convergents permettent de supposer que René Liège avait un lien de parenté avec Jean Liège. D’abord, Jeanne Ragueneau signe l’acte de mariage de David Liège avec Marie Olivier (premier mariage). Ensuite, son fils François est parrain du fils de David et de Louise Fraigneau[6] (second mariage de David). Enfin - mais cela reste à démontrer - André Liège, capitaine de la gabelle à Naintré dès 1720 qui est désigné comme étant le cousin de Jean François Liège au moment du mariage de ce dernier en 1734 pourrait être le fils René Liège et Jeanne Ragueneau (ils seraient ainsi cousins au deuxième degré).

 

-         René Liège, sieur des renaudières (marchand) et Marie Chazot qui ont trois enfants recensés, à savoir David né le 8 septembre 1687 (paroisse de saint Didier), François né le 21 janvier 1689 et Isaac né le 19 mai 1691 qui deviendra procureur et qui épousera Marie Florence Grolleau le 16 septembre 1715 (paroisse de saint Cybard). Le parrain de David est David Liège qui est très certainement le futur procureur (il avait alors 19 ans) mais la similarité entre les deux signatures faites à une année d’écart est délicate à établir et, au final, peu conclusive sur l’existence de liens de parenté[7]. Selon le pasteur Rivierre, René Liège serait protestant. Il aurait quitté le royaume laissant sa femme, tutrice de ses enfants, qui transige en 1703 (minutes Ligonnière, voir également Bauchet-Filleau tome VI p.138- 139).

 

 

CARTE CASSINI POITIERS2

[1] Deux Liège signent l’acte de discipline de la communauté protestante de Poitiers en 1607 : étaient-ils frères ou bien sans rapports familiaux ?

[2] Sur l’importance de la communauté protestante de Poitiers, voir la très intéressante étude de M. TULOT (« Essai pour une histoire de l’Eglise réformée de Poitiers au temps de l’Edit de Nantes ”, Cahiers du Centre de Généalogie Protestante, N° 69, Premier trimestre 2000, p. 32-47).

[3] Sur le nombre et l’origine sociale de l’Eglise protestante de Poitiers voir les développements dans l’article de M. TULOT précité. A la veille de la révocation, on l’estime à environ 1000 personnes pour une population d’à peu près 20 000 habitants. Socialement, les protestants de Poitiers sont issus de la bourgeoisie judiciaire et marchande aussi bien que du monde des artisans.

[4] AV/C54, bibliothèque municipale de Poitiers, papiers Guitton 870/1 et B. M. Poitiers, BP 272.

[5] Il relève que Marthe Saury qui demeure à Rochechouart a été dénoncée par le curé comme mauvaise catholique « et ayant du bien au-delà du nécessaire ». Son fils Isaac serait parti pour Genève où il exercerait la profession d’horloger, laissant ses biens  qui furent confisqués comme s’était la règle pour les protestants ayant fui le royaume.

[6] Ce qui pourrait apparaître comme un signe de confraternité plutôt que de parenté (après tout ils étaient tous les deux procureurs au Présidial de Poitiers) me semble aussi démenti par le fait que David Liège et sa femme ont choisi pour leur enfants des parrains et des marraines issu d’un cercle familial plutôt étroit (frères sœurs notamment) à quelques très rares exceptions. 

[7] La comparaison est faite entre la signature figurant sur l’acte de baptême et celle apparue pour l’abjuration du frère de David. Il n’en  reste pas moins que les prénoms d’Isaac et de David choisis par ce couple ne constituent pas vraiment un certificat de catholicité ….

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30 mai 2010 7 30 /05 /mai /2010 19:55

abjuration liège-copie-5

 

 

 

Ce que révèle l’abjuration de Jean Liège

 

Deux détails de l’abjuration de Jean Liège attirent l’attention et suggèrent des hypothèses.

 

En premier lieu, il est dit « cy-devant » procureur et donc n’exerce plus sa profession au moment des faits. Or, l’interdiction d’accès des Protestants à des métiers dont les carrières juridiques notamment a été renouvelée à plusieurs reprises jusqu’à une déclaration du roi du 15 juin 1682 qui leur interdit d’exercer toute fonction judiciaire.

 

Il est vrai que l’interdiction n’a semble-t-il pas été appliquée dans toute sa rigueur[1]. Cette situation est confirmée en particulier par certains actes d’abjurations pour lesquels l’intéressé est « advocat au siège présidial » ou bien « procureur » (ce qui est le cas de Pierre Beaupoil qui est le beau-frère de Jean Liège).

 

Pourquoi alors Jean Liège aurait-il fait l’objet d’une rigueur particulière[2]?

 

Deux suppositions peuvent peut-être expliquer que l’interdiction lui a été appliquée.

 

D’abord, il n’a peut-être pas été homme à faire « profil bas », refusant  ainsi d’afficher une attitude de compromis face aux pressions religieuses. Il est d’ailleurs apparemment  intervenu en tant que procureur en 1678 et en 1679 dans une affaire concernant l’église de Niort, marquant d’une certaine manière publiquement son protestantisme et son souci de d’assister ses coreligionnaires.

 

Il est possible aussi que dans une société corporatiste marquée par les réseaux et les protections, il n’a tout simplement pas eu les relations nécessaires pour continuer à exercer sa profession, malgré l’interdiction. Il n’en demeure pas moins que la période a dû être difficile aussi sur le plan financier pour cette famille.   

 

Hugenottenflucht.jpg

(la fuite des huguenots de France)

 

En second lieu, l’acte d’abjuration, qui mentionne l’absence du fils aîné Jean « absen du royaulme depuis 4 ans », laisse supposer que les parents Liège ont dû l’envoyer (avec son frère Thomas ?) dans un royaume « ami » pas seulement pour mettre deux de leurs enfants à l’abri au moment des dragonnades[3].

 

Au moins dans un premier temps, ils ont pu envisager d’envoyer leur fils Jean en Angleterre afin qu’il prépare le terrain pour une émigration de l’ensemble de la famille.

 

Par la suite, l’argent venant à manquer, les obstacles divers à la réalisation du projet, notamment l’interdiction de quitter le royaume et le contrôle strict aux frontières, ont dû remettre en cause du projet

 



[1] Dans son article précité, M. Thulot précise « (…)  nous avons été très surpris de trouver des réformés exerçant des professions qu'ils n'auraient logiquement pas dû exercer, comme celles d'avocats et de procureurs au présidial. »

[2] le terme « ci-devant » sonne comme la marque de la punition. Eut-il été dans l’incapacité d’exercer sa profession pendant plusieurs années pour des raisons de santé, il semble plausible qu’il serait demeuré comme procureur aux yeux de la société. 

[3] Elie Benoist précise qu’en 1681, les dragonnades ont soulevé l’indignation des royaumes protestants et que le roi d’Angleterre à proposé d’accueillir notamment les enfants des protestants français.

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30 mai 2010 7 30 /05 /mai /2010 19:33

 abjuration liège-copie-5

 

 

L’abjuration, ce douloureux reniement

 

 

 

L’acte de renier leur religion a été très certainement pour les réformés français cette épreuve douloureuse de dernier ressort lorsqu’il n’existe plus d’autre alternative.

 

Jean Migault décrit dans son  journal  (page 50 et suivantes) le désarroi enduré après avoir été forcé à abjurer. Pierre Garrisson, avocat à Montauban dit quant à lui succomber « sous le poids de tant de maux et tant de craintes. » il ajoute « Et après avoir versé un torrent de larmes, je vais, avec une douleur inconcevable, passer une déclaration que j’abandonne ma religion dans laquelle Dieu m’a fait naître, où j’ai été élevé et dans laquelle j’espérais de vivre et de mourir[1] ».

 

De fait pour l’homme du XVIIème siècle, la religion imprègne sa vie et charpente ses modes de pensée et son identité. Dès lors, il ne semble pas absurde de considérer que l’acte par lequel il rejetait sa religion pour rejoindre la religion catholique, constituait en quelque sorte un reniement de soi-même.

 

Dans les actes parcourus, plusieurs signes démontrent le souci de biaiser par rapport à l’abjuration. De faire « comme si ».

 

D’abord, j’ai constaté que certains ne signent pas l’acte alors même qu’ils savent signer. Il en est ainsi par exemple pour Gabriel Bernardeau et Marie Fleury. Pour une autre personne, l’acte précise qu’elle n’a pas pu signer en raison « de sa grande maladie ».

 

Un autre trait caractéristique de nombre d’abjurations, c’est le fait qu’elles interviennent à l’extérieur de la communauté d’origine. Tel protestant de Châtellerault, de Lusignan ou de Civray abjurera dans une paroisse de Poitiers, alors même qu’il aurait pu le faire auprès du curé de sa propre paroisse.

 

Il est très probable que - hors contexte d’une dragonnade où l’acte ne peut se faire que sur place -, l’anonymat que procure cette situation permet de rendre l’épreuve un peu plus supportable.

 

Loin des voisins protestants et catholiques et de la sociabilité quotidienne, c’est peut-être aussi un peu comme si ce reniement n’était pas intervenu. Aucun voisin ne pourra dire avec certitude : « untel ou unetelle  a abjuré tel jour devant le curé de la paroisse».   

 

D’autres consentiront à abjurer seulement après la révocation (beaucoup d’abjurations sont enregistrées à saint Cybard et à saint Didier en janvier 1686).

 

Ce sera le cas pour Marie Liège (sœur de Jean Liège et épouse du procureur Beaupoil) qui n’abjure qu’en janvier 1686 à saint Cybard alors que son mari l’a fait en octobre de l’année précédente[1].



[1] Leur fille Anne abjure deux fois, l’une avec son père et l’autre avec sa mère. L'abjuration de sa soeur Marie intervient en réalité le 5 octobre 1685 à Cissé avec son mari Claude Escottières (ADV vue 75/100) en même temps que plusieurs habitants de la paroisse de Saint Cybard à Poitiers (Marie Garnier et ses enfants Marie et Jacques Simonnet ainsi qu'un certain Caillot).

 

Cette démarche tardive vient probablement du fait que l’article 12 de l’Edit de Fontainebleau, semble maintenir une possibilité pour les protestants demeurer sans religion précisant que « Pourront au surplus lesdits de la RPR, en attendant qu’il plaise à Dieu de les éclairer comme les autres, de demeurer dans les villes et lieux de notre royaume, pays et terres de notre obéissance, y continuer leur commerce et jouir de leurs biens sans pouvoir être troublés ni empêchés sous prétexte de ladite R.P.R. à condition, comme il est dit, de ne point faire d’exercices ni de s’assembler sous prétexte de prières ou de culte de ladite religion de quelque nature qu’il soit, sous les peines (...) de confiscation de corps et de biens. »

 

Les convertis de 1686 ont pu penser pouvoir se prévaloir un temps de cette supposée bienveillance du pouvoir royal qui créait selon les termes de Janine Garrisson « un groupe de métis religieux non professants et non alignés »[2].

 

Très vite toutefois,  les  autorités se chargeront de rappeler aux récalcitrants que le roi ne veut plus que des sujets de confession catholique et pratiquants. Le combat du pouvoir royal contre le protestantisme n’admet aucune neutralité, fusse-t-elle temporaire.

 

Enfin et sauf lorsqu’il s’agit de les forcer à se convertir en dehors de la volonté de leur parents[3], les conditions de validité de l’abjuration des enfants ne sont pas très limpides et ont peut être donné lieu à des tentatives de leurs parents pour les exclure de la démarche.

 

J’ai trouvé un acte d’abjuration d’un père qui mentionne expressément ses enfants de moins de 14 ans vraisemblablement aux fins de les inclure dans la conversion, ce qui donne à penser que l’acte d’abjurer d’un enfant de plus de 14 ans doit être explicite et personnel pour être valable[4].

 

Cette hypothèse expliquerait peut-être pourquoi Jean Liège abjure le 20 août tandis que ses deux garçons les plus âgés font actes d’abjuration intuitu personae le 3 octobre.

 

En effet, lorsque Jean Liège abjure, il mentionne l’ensemble de ses enfants, y compris ceux qui ont plus de 14 ans tentant peut-être de biaiser.

 

Ainsi, dans une bonne foi de façade, il aurait fait semblant de croire que le simple énoncé de tous ses enfants valait abjuration de ceux-ci, préservant ainsi au moins ses aînés de plus de 14 ans d’une abjuration formelle, la difficile épreuve n’étant imposée qu’à lui-même.

 

Tel n’a pas dû être du goût des autorités car un mois et demi après sa propre abjuration, ses deux garçons de plus de 14 ans qui vivent encore dans le foyer (Pierre 15 ans et David 17 ans) abjurent tous les deux personnellement.

 

Nulle abjuration de sa fille Marie cependant qui avait pourtant 18 ans au moment des faits et qui aurait apparemment dû abjurer intuitu personae.



[1] In « l’Edit de Nantes et sa révocation, histoire d’une intolérance » Janine Garrisson, page 235

[2] Ouvrage précité, page 13

[3] Un texte précise que les enfants peuvent d’eux-mêmes abjurer dès l’âge de 7 ans sans le consentement des parents, au prétexte qu’ils auraient l’âge de raison (ordonnance du 17 juin 1681)

[4] Cet âge est en tout cas déterminant à un autre titre, les enfants des protestants convertis au catholicisme pouvant exiger de leurs parents une pension alimentaire (déclaration du roi du 24 octobre 1665).

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29 mai 2010 6 29 /05 /mai /2010 19:39

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 Dragonnades à Orange 1685

 

Une politique de coercition et de terreur pour obtenir la conversion forcée des protestants

 

Si l’existence de protestants dans le royaume pose des problèmes aux successeurs d’Henri IV,  les protestants français vont surtout connaître un bouleversement, quelques années avant la révocation de l'édit de Nantes en 1685.

 

La période précédente qui commence sous le règne de Louis XIII et qui s’intensifie à partir 1661 est ponctuée d’un ensemble de mesures vexatoires prises à l’encontre des églises réformées. L’objectif étant de revenir sur les acquis de l’Edit de Nantes, l’on assiste à la mise sous surveillance des communautés protestantes et de leur cantonnement, avec des interdictions d’exercice et des destructions de temples qui se multiplient au nom d’une interprétation vétilleuse de l’édit[1].

 

Cette politique qui affronte sur le terrain juridique une communauté socialement puissante et organisée ne pourra mettre un terme au fait protestant. C’est l’instauration d’une politique de terreur, d’abord expérimentale puis systématique qui y conduira.



[1] Les mesures vexatoires ne se limitent pas à l’exercice du culte, la législation prise à l’encontre des protestants étant hallucinante (voir en particulier dans le  Recueil général des anciennes lois françaises par Isambert Decrusy et Taillandier).

 

 

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  Jacques Callot - les horreurs de la guerre

 

Ainsi, les premières dragonnades menées en Poitou au printemps 1681 par l’intendant Marillac à la demande de Louvois ouvrent une période de répression qui prépare en quelque sorte la révocation de l’édit de Nantes, ce délicat équilibre presque unique en Europe qui a permis pendant près d’un siècle de faire coexister bon gré mal gré deux religions au sein d’un même royaume.

 

Selon Elie Benoist[1], Marillac commença par mobiliser des fonds pour monnayer la conversion des protestants. Comme cette stratégie ne portait pas ses fruits, il donna l’ordre que le paiement des rappels de taille leurs soient imputés. Cette politique de persécution économique va se poursuivre avec l’imputation de l’essentiel du coût de la taille aux protestants[2] puis se doubler d’une politique de terreur par le recours au logement des gens de guerre.

 

Le logement des gens de guerre en campagne se faisant chez l’habitant et à ses frais, les soldats envoyés en moyen Poitou seront donc logés uniquement chez les protestants. Munis d’un billet de logement, les dragons se présentent chez les protestants souvent désignés par le curé du lieu. Outre la fourniture du gîte et du couvert, ceux-ci doivent leur verser une solde journalière.

 

Destinée à hâter leur conversion, cette première campagne menée en Poitou qui dure du printemps jusqu’en septembre 1681 se déroule dans un tel climat de pillage et de sauvagerie que nombre de Protestants poitevins se convertissent[3], tandis que d’autres prennent le chemin de l’exil[4].



[1] Histoire de l'édit de Nantes (de 1661 à 1683) et Histoire de l'édit de Nantes (depuis 1683) Elie Benoist, publié en 1695 en 5 tomes. Cet ouvrage probablement très partial d’un pasteur protestant publié seulement dix ans après la révocation, m’a paru toutefois intéressant sur le plan chronologique.  

[2] Dans les paroisses, les catholiques sont soumis à la moitié de ce qu’ils doivent habituellement, les nouveaux convertis sont exemptés et les protestants supportent le reste.

[3] Les témoignages sont très nombreux, les plaintes individuelles ayant été consignées soit devant notaire (Abraham Papot par exemple) soit à des fins familiales (le journal de Jean Migault). Au total on estime à environ 38 000 le nombre de conversions forcées en Poitou jusqu’à la fin du siècle.

[4] Une lettre du roi du 14 juillet 1682 interdit aux religionnaires de s’établir à l’étranger et la vente de leurs biens est annulée

 

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Dans la même année les dragonnades se répandent dans les provinces voisines de la Saintonge et de l’Aunis, province dans laquelle l’intendant De Muin sévit particulièrement.

 

Marillac sera démis de ses fonctions en février 1682, la violence de la méthode ayant crée quelques remous mais la même technique sera développée plus tard à l’encontre des Protestants en Vivarais, Dauphiné, Cévennes et Bas-Languedoc (1683),  dans le baillage de Selz en Alsace[1] (décembre 1684), puis de manière décisive et systématique dans l’année 1685 avant et après la révocation de l’édit de Nantes (Béarn, le Languedoc, Guyenne, Aunis, Saintonge, Poitou, Cévennes, la vallée du Rhône, Dauphiné, Pays de Gex, Normandie) et en novembre dans le nord et l’est de la France (Brie, Champagne, Nantes) avant d’achever le siècle par des dragonnades à Metz en juillet 1686.

 

Parallèlement, ces dragonnades se sont accompagnées du recensement des nouveaux convertis à travers le "rolle des nouveaux convertis à la foi catholique"; une liste dont l'objectif est de contrôler ceux d'entre eux qui sont relaps, c'est à dire qui retombent à nouveaux dans l'hérésie par leur fréquentation du temple.

 

Le "rôle" permet ainsi d'identifier et de punir les relaps (condamnation à l'amende honorable, une amende voire un emprisonnement avant d'être bannis - Déclaration du 13 mars de 1679) et, à travers eux, le pasteur qui les a admis au culte (interdiction d'exercice par arrêt du Conseil du 17 juin 1682) et la communauté toute entière (démolition du temple au frais de la communauté protestante).

 

C'est cette logique qui conduit la démolition du temple de Niort, telle que relatée par le curé Bobinet de Buxerolles[2] le 22 octobre 1684 "par jugement souverain de M. de Lamoignon et les Pierre Chataigneau et Jean Boisseau, relaps condamnés à faire amende honorable à l'ordinaire; Bossatran et Misson, ministres interdits pour toujours de toute fonction".

 

Le même raconte également la démolition du temple de Poitiers, peut-être pour les mêmes motifs : "le 8 juin (1685), le temple des hugenots (sic) de Poitiers fut condamné par M. de Basville, qui avait succédé à M. de Marillac (...) à être démoli à leurs frais, les ministres interdits et condamnés à 100 livres d'amende (...) le 27 juin suivant l'on commença la démolition laissant les quatre murs qui en faisaient la clôture qu'on appelait les Quatre Piquets[3] et la place fut attribuée à l'hôpital général qui y a fait planter une vigne. Les chanoines de Notre Dame en achetèrent la chaire".  

 

L'étau s'est donc considérablement resserré. En 1685, ce qu’il me semble justifié d’appeler un « terrorisme d’Etat » s’exercera à l’encontre de tous les protestants, touchant y compris la population non assujettie à la taille et donc jusqu’alors préservée des dragonnades[4] (dont les nobles protestants).



[1] En Alsace nouvellement conquise, le culte protestant luthérien était admis même après l’Edit de Fontainebleau mais pas le culte calviniste.

[2] Voir pages 1382 à 1384 du manuscrit de Bobinet (manuscrit 347 (142) Médiathèque de Poitiers), celui-ci ayant repris (jusqu'à l'année 1557) et continué (jusqu'à 1730), les Annales d'Aquitaine de Jean Bouchet avocat à Poitiers. A vocation historique, le manuscrit qui ne sera jamais publié entrecroise de manière chronologique, la chronique locale et l'histoire du royaume.

[3] Nom donné au temple de Poitiers

[4] Le siècle suivant reprendra cette méthode par intermittence (Millau et Rouergue en 1744-1745, et Béarn et Guyenne en 1758) jusqu’en 1759 en Charente …

 

 

 

dragonnades 

  

 Pour en savoir plus sur les dragonnades

 

Contexte des abjurations intervenues à Poitiers en 1685

 

Lors des dragonnades menées en Poitou en 1681, Elie Benoist mentionne à plusieurs reprises des paroisses du moyen Poitou durement touchées comme Exoudun, Mougon, Saint Gelay, Sainte Maxire, Cherveux ou bien plus à l’est, Lusignan et Couhé, il évoque également Niort.

 

Apparemment cependant, certains endroits ne sont pas ou bien faiblement concernés par cette première campagne.

 

Ainsi pour Châtellerault, M. Tulot  précise que si René Marillac « fit passer sans difficultés sous les fourches caudines les officiers de justices et marchands des villes de Lusignan et Civray, (Il) reçu un sévère rappel à l'ordre pour avoir voulu procéder de même à Châtellerault; les réformés de cette ville avaient des membres de leurs familles à Paris qui intervinrent auprès du Roi. »[1]

 

S’agissant de Poitiers, le même auteur précise que  les dragonnades ont également épargné la population protestante de Poitiers dans cette première période, étant donné la présence de réformés dans l’administration provinciale[2]. D’une manière générale, les dragonnades de Marillac n’ont pas véritablement contribué à convertir au-delà des territoires ravagés.

 

Toutefois, si en 1681 elles ont été utilisées de manière expérimentale et ont dû requérir quelques accommodements avec les cadres protestants de l’administration provinciale, le contexte de l’année 1685 sera bien différent, le pouvoir royal ne tolérant plus le protestantisme dans le royaume.

 

L’acte d’abjuration de Jean Liège intervient le 20 août 1685 tandis que celui de ses deux enfants le 3 octobre 1685, soit peu avant la révocation de l’Edit de Nantes qui est signée le 18 octobre.

 

Il abjure avec nombre de ses coreligionnaires au moment du retour des dragonnades en Poitou, les troupes du Marquis d’Asfeld arrivant dans le Poitou en août 1685 dans la perspective de perpétrer à nouveau des dragonnades tandis qu'un autre régiment de dragons opère dans la région à cette période (régiment de Pinsonnet).

 

Le curé Bobinet[3] précise pour cette dernière période que "M. L'evesque et M. l'intendant s'étant employés à faire des missions dans le diocèse et généralité, procurèrent 15000 abjurations avant qu'il parut les dragons, entre lesquelles il y eu plusieurs gentilshommes, une des plus considérable fut M. le marquis de Vérac, seigneur de Couhé. Le régiment d'Asfeld envoyé par le roi le 20 août commença sa garnison chez les religionnaires. Quelques uns se convertirent les autres s'enfuirent. La ville de Saint Maixent se convertit en trois jours. Puis ceux de Niort, Poitiers et Châtellerault. On en compta 6000".

 

Les dragonnades de 1681 étaient probablement dans toutes les mémoires si l'on en juge par les conversions rapides et massives que générèrent la venue des dragons.

 

Bobinet relate le témoignage fataliste d'un nouveau converti de 1685 "à qui on avait dit qu'il n'avait pu soutenir la présence des dragons sans embrasser la religion catholique répondit, que voulez vous c'est que nous ne croions pas que votre religion soit si méchante qu'on soit obligé de mourir plutôt que d'en faire profession".

 

De fait, sur les deux paroisses de Saint Didier et de Saint Cybard à Poitiers (première liste complétée pour la période 1681-1700 sur les autres paroisses de Poitiers), une accélération du processus de conversions se produit en 1685 et particulièrement du mois d'août jusqu’au mois d’octobre[4].

 

Selon le pasteur Rivierre, l’été 1685 va conduire à des dragonnades importantes à Pamproux le 20 août, Rouillé et Saint Maixent à partir du 23 du même mois. Dans le courant du mois de septembre, Chef Boutonne est dragonné tandis que les troupes du marquis d’Asfeld opèrent dans le bas Poitou (Moncoutant, Pouzauges).

 

Payré et Foussais sont aussi ciblés si l'on en juge par les conversions massives de septembre de 1685.

 

Pour ce qui est du haut Poitou, le même auteur précise que des visites domiciliaires systématiques ont lieu à Châtellerault chez les protestants non convertis (17 août).

 

S’agissant des dragonnades tenues à Poitiers en 1685, le pasteur Rivierre rapporte également un témoignage selon lequel « les habitants de Poitiers de la religion ont abandonné la ville à cause des logements de gens de guerre » (manuscrit Morin – non trouvé).

 

A part ce témoignage, une lettre du 16 octobre 1685 de Louvois à Foucault[5] montre qu’il y eut des logements à Poitiers.

 

Si rien n’indique avec certitude que les dragonnades aient été massives à Poitiers en 1685, il est très probable que le caractère systématique du recours à la conversion forcée à travers l’ensemble du royaume a constitué le signal de la fin pour les protestants de Poitiers.

 

Acculés comme leurs coreligionnaires, ils ont dû prendre conscience trop tard qu’ils n’avaient d’autres options que de se soumettre ou fuir.



[1] In « Essai pour une histoire de l’Eglise réformée de Poitiers au temps de l’Edit de Nantes ”de Jean-Luc Tulot  Cahiers du Centre de Généalogie Protestante, N° 69, Premier trimestre 2000, p. 32-47

[2] A partir du même recensement que celui décrit dans la note ci-dessus, il est notable que pour l’année 1681 au moment où se déroulaient les dragonnades à moins de 50 kilomètres de Poitiers, il n’est relevé aucune abjuration à Saint Didier et seulement 7 à Saint-Cybard ce qui confirme l’analyse de M. Tulot.

[3] Voir référence ci-dessus, note de bas de page n°7

[4] J’ai opéré un recensement des abjurations prononcées à Poitiers dans les registres paroissiaux (environ 350 personnes originaires de Poitiers mais aussi des protestants de la région ou de provinces voisines : Châtellerault, Lusignan, Deux Sèvres, d’Aunis et de Saintonge). L'essentiel des actes concernent les paroisses de Saint Cybard (184) et de Saint Didier (86), les autres paroisses rassemblant 78 personnes. Sur ces deux paroisses, l'essentiel des abjurations intervient au cours de l'année 1685 (64 sur 86 pour Saint Didier et pour Saint Cybard 123 sur 184) et plus particulièrement dans la période comprise entre juillet et octobre 1685 (un bon tiers de l'ensemble des abjurations de Saint Cybard et 75% des abjurations du registre de Saint Didier).

[5] "Sa Majesté a appris avec chagrin que l'on a logé à Poitiers chez une femme une compagnie et demie de dragons pour l'obliger à se convertir. Je vous ai mandé tant de foi que ces violences n 'étoient point du goût de Sa Majesté que je ne puis que m'étonner beaucoup que vous ne vous conformez pas à ses ordres, qui vous ont été si souvent réitérés; vous avez grand intérêt de n'y pas manquer à l'avenir" cité dans « Essai pour une histoire de l’Eglise réformée de Poitiers au temps de l’Edit de Nantes ” précité.

 

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29 mai 2010 6 29 /05 /mai /2010 19:39

 

 

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 (abjuration de Jean Liège faite le 20 août 1685 à Poitiers, paroisse de saint-Cybard)

 

« le 20ème jour d’août 1685, j’ai curé soussigné donné l’absolution d’hérésie de luter et calvin à maistre jean liège, cy devant procureur au siège présidial de cette ville de Poitiers, natif de cette paroisse et y demeurant aagé de quarante neuf ans et a déclaré avoir huit enfant, le premier Jean, agé de 22 ans absen du royaulme depuis 4 ans, Thomas aagé de 19 ans, page de l’embassadeur d’englettaire en France, Marie aagée de 18 ans, David age de 17 ans, Pierre aagé de 15 à 16 ans, Marguerite aagée de douse à treise ans, Gabriel aagé de huit ans et Magdellaine aagée de 5 à 6 et en présence de messire jacques amiet, prestre curé d’avanton et d’allexis morineau, procureur audit siège présidial et d’autres soubsignés » Outre le curé, signent Liège, Amiet, Morineau et Jeanne Bourbeau.

 

 

 

 

 Jean Liège, Madeleine Champion et leur descendance

 

 

Jean Liège est né vers 1636 (il est né dans la paroisse de saint Cybard à Poitiers) et il est décédé le 22 mai 1691 dans cette paroisse.

 

A partir des informations recueillies[1], on apprend qu’il est le fils de Thomas Liège, procureur (décédé entre janvier et avril 1652) et de Marie Choisnin qui décède après 1674.

 

Jean a  plusieurs frères et soeurs : Jacques qui était sieur de Poizay et a épousé Marguerite Ingrand (en réalité son demi-frère car il est le fils d'un premier mariage entre Thomas Liège et Catherine Ingrand - voir ci-dessous), René qui est très probablement  le mari de Jeanne Ragueneau et Philbert, sieur de Grandvaux  (marié en 1674 avec Marguerite Lecand).

 

On lui connaît également une sœur, Marie, qui a épousé Pierre Beaupoil, procureur, originaire de Chatellerault, ce couple ayant eu au moins deux filles : Marie et Anne[2].

 

Pour mémoire, Thomas Liège a eu pour frère Pierre Liège, avocat qui a rédigé des commentaires sur la coutume du Poitou et qui ont été publiés par son fils en 1695[3]. Pierre était marié avec Marguerite Delaporte avec laquelle il a eu un fils Etienne (marié avec Renée Lecand en août 1674). Pierre aurait eu aussi une fille Marie, veuve d’Etienne Escottière, qui décède le 6-1-1689 à Marigny Brizay après avoir abjuré[4]. Ils auraient eu également une soeur, Judith Liège, qui est morte sans descendance connue.

 

Pierre, Judith et Thomas étaient les enfants de Jean Liège, procureur, et de Judith Pestre, décédée en 1627 (source : contrat du premier mariage de Thomas Liège avec Catherine Ingrand du 18 mai 1627 chez Douadic notaire - ADV E/4/27/79).

 

 

Madeleine Champion est née vers 1637 et décède le 19 octobre 1702 (également dans la paroisse de saint Cybard). Son ascendance se révèle dans l'inventaire des biens mobiliers de la communauté, à la suite du décès de son mari (liasse des papiers recensés dans l'acte du 30 mai 1691 passé chez Cailler notaire à Poitiers). Elle vient d'une famille protestante de Thouars. Elle était la fille de Jacques Champion et Louise Richou et probablement la soeur du pasteur Jacques Champion. Elle faisait partie des nouveaux convertis et n’a pas manifesté une grande assiduité dans sa nouvelle religion, puisque dans le « rolle des nouveaux convertis » établi en 1698 par l'intendant du Poitou Gilles-François Maupeou d'Ableiges, il est précisé que « la veuve Liège procureur, chargée d'enfans, peu à son aise mal convertie. Elle a trois garçons qui font très bien leur devoir. », le fonctionnaire concluant malgré tout qu’elle « peut avoir un officier. »

 

Leurs enfants

 

Il existe certains éléments de biographie de chacun des enfants à l’exception de Thomas (dont je n’ai pas trouvé de trace ultérieure dans les registres de Poitiers) et de Pierre qui est décédé probablement peu après son abjuration. En effet, on trouve en marge de l’acte d’abjuration une formule lapidaire indiquant « Pierre est mort ».

 

1) Jean est né en 1663 probablement à Poitiers. Il avait quitté le royaume vers 1681 c'est-à-dire vers 18 ans, très probablement en Angleterre à Londres car un Jean Liège de Poitiers âgé de 19 ans présente un témoignage en décembre 1682  à Threadneedle Street où se trouvait l’un des temples des Huguenots réfugiés en Angleterre.

 

On peut imaginer que son départ à l’étranger s’est effectué avec des protestants poitevins fuyant la France, la destination de l’Angleterre étant privilégiée car plus facile à atteindre pour ces habitants des provinces du Poitou et de la Saintonge. Il est certain qu'il fut accompagné par celui que je pense être un de ses cousins germains, Daniel Bobin qui serait alors le fils de Jean Bobin et Gabrielle Champion. Il est possible que son frère Thomas l’ait accompagné dans sa fuite car en 1685, Thomas est page de l’ambassadeur d’Angleterre en France, position plus qu’improbable normalement pour un fils de la petite bourgeoisie de province.

 

Jean reviendra probablement en France peu avant 1688, date à laquelle il abjure la religion protestante à Poitiers dans la paroisse saint Cybard[5].

 

Il deviendra procureur et se mariera  avec Marie Fleury le 22 janvier 1697 dans la paroisse de saint Didier qui était protestante et a abjuré à saint Didier en 1685. Elle est veuve de Pierre Ripault avec lequel elle a eu sept enfants.

 

Dans le "rolle des nouveaux convertis" précité, il est indiqué que « Le Sr. Liège le jeune, procureur, n'est pas fort riche. A épousé une veuve qui a six garçons et une fille.» Pour justifier le placement d’un soldat, il est indiqué que « Le mari et les enfans font assez bien leur devoir. La femme est fort obstinée. On peu leur donner un cavalier seulement. »

 

Il est étrange de constater que ce document surnomme Jean « le jeune » alors qu’il est en réalité l’aîné des enfants et que, dans le même document, David est surnommé « l’aisné » alors qu’il est son frère cadet. Je pense qu’à l’origine de cette confusion, le surnom « d’aîné » que David portera toute sa vie à partir d’une certaine époque ne lui pas été attribué en raison de sa place dans la fratrie mais pour le distinguer d’un autre David Liège plus jeune qui exercera aussi la profession de procureur à Poitiers (le David dont il est le parrain). Je suppose que le raisonnement du scribe a créé ensuite la confusion : puisqu’il y avait un Liège surnommé « l’aîné » alors son frère ne pouvait être que son cadet.

 

2) Marie Liège naquit en 1667. Une Marie Liège meurt le 19 octobre 1716 à saint Cybard à l’âge de 50 ans. Il est très probable que ce soit la fille de Jean et de Madeleine car la datation est cohérente. Si tel est le cas, elle ne s’est pas mariée et n’a donc pas eu de descendance.

 

3) David Liège est né en 1668. Il n’a que 17 ans au moment où il abjure le 3 octobre 1685 avec son frère Pierre, ce dernier mourant peu de temps après.

 

Il se marie une première fois en janvier 1692 avec Marie Olivier à saint Didier[6], celle-ci étant nouvelle convertie (acte d’abjuration de Marie et de Jeanne Olivier le 7 janvier 1686 à saint Didier alors qu’elles ont respectivement 15 et 14 ans).  

 

Ils auront un enfant, David, né le 31 décembre 1693 (registre de Saint Cybard, le parrain est Pierre Bernardeau[7] et la marraine, Jeanne Olivier) mais sa femme mourra peu après le 23 juin 1694 (paroisse de saint Germain) à l’âge de 24 ans.

 

Veuf, David Liège se remarie ensuite avec Louise Fraigneau le 16 mai 1696 (acte introuvable). Elle est née en 1674, probablement à Exoudun dont elle est originaire. Elle descend d’une lignée de protestants qui compte des pasteurs (son arrière grand-père Jean Vatable et le père de ce dernier, Antoine Vatable). Elle vient d’une région et d’une famille durement éprouvées par les dragonnades dès 1681. Une partie de sa famille s’est d’ailleurs réfugiée en Angleterre.

 

En 1698, le rôle des nouveaux convertis précise que « Liège l'aisné, procureur, fait fort bien son devoir aussy bien que sa femme. Mérite d'estre traitté comme un ancien catholique. »[8]

 

Il auront onze enfants, dans l’ordre : (1) Louise (29 mai 1697 – paroisse de saint Germain le parrain est Jacques Fraigneau sieur de bourgougne (son grand père) et la marraine, Gabrielle Bernardeau (femme de Louis Jardel)), (2) Jean (14 avril 1698 - paroisse de saint Didier - le parrain est Jean Liège procureur (oncle de l’enfant ?) et la marraine, Madeleine Denivenne) (3) Renée (27 août 1699 – saint Didier -  le parrain est Gabriel Liège, étudiant en théologie, oncle de l’enfant et la marraine, Renée Fraigneau, tante de l’enfant), (4) Françoise Suzanne (14 août 1700 – paroisse de saint Didier le parrain est Louis Jardel, avocat au présidial et la marraine, Jeanne Bourceau, femme de Pierre Beaupoil, le procureur remarié ou un autre?) (5) Jacques (20 janvier 1702 né de la veille à 4 heures du soir – paroisse de saint Cybard le parrain est Jacques Fraigneau (son oncle ?) et la marraine Marie Liège (tante de l’enfant ?) (6) Nicolas (8 février 1703 – paroisse de saint Cybard le parrain est Nicolas Avice, sieur de Lamothe, conseiller du roi et président en l’élection de Niort et la marraine Catherine Bobin) (7) Abraham (né le 23 et baptisé le 24 août 1704, - saint Cybard - parrain Jean et Louise frère et sœur de l’enfant)   (8) Pierre François (7 janvier 1706 – paroisse de saint Cybard le parrain est David Liège son demi-frère et la marraine, Marguerite Paillé) (9) (Jean François (22 mars 1707 – paroisse de saint Cybard le parrain François Liège, procureur et la marraine Marguerite Liège, tante de l’enfant) (10) Abraham Joseph (1er avril 1708 – paroisse de saint Cybard  le parrain Jean Liège et Louise Liège la marraine, frère et sœur de l’enfant) (11) Isaac (26 mars 1712, paroisse de saint Cybard, parrain David Liège et marraine, Marie Madeleine Liège).

 

David Liège mourra le 23 juin 1719 dans la paroisse de saint Cybard et sa femme, de retour à Exoudun probablement quelques années après le décès de son mari, décédera à son tour le 7 janvier 1745 (décédée du 5 janvier) à l’âge de 71 ans. Sur l’acte de décès de Louise Fraigneau figure la signature d’Isaac Liège, probablement son dernier enfant.

 

4) Pierre Liège né vers 1671 qui décède très rapidement après son abjuration.

 

5) Marguerite Liège est née vers 1673. Elle se marie avec Pierre Clemenceau, le 24 septembre 1695 dans la paroisse de saint Cybard. Il est « sieur de la guimbaudière » et il est originaire de la paroisse de Saint Laurent de la Salle (85) se trouvant alors dans le diocèse de La Rochelle. Ils se marient en présence de René Clémenceau, (sieur de Maisonneuve,  ayant épousé en septembre 1672 Louise Manevy), curateur de Pierre Clémenceau (qui devait avoir moins de 25 ans) et de Madeleine Champion, mère de l’épouse. Outre la famille proche, signent Pierre Beaupoil, le procureur ainsi qu’Anne Beaupoil, Gabrielle et Pierre Bernardeau. Pierre Clémenceau est aussi un nouveau converti. Selon le pasteur Rivierre, il a fui la France après son mariage, avec ou sans son épouse. Dans un acte du présidial de 1709, Marguerite Liège dira avoir été obligée de se marier avec lui contre sa volonté, à cause de sa fortune[9].Tout dépend des circonstances pour lesquelles elle fait sa déposition mais l’on ne peine pas à imaginer que Madeleine Champion vivant chichement, elle souhaitait marier ses filles rapidement avec des nouveaux convertis, à l’aise si possible, bien que nous pouvant les doter de manière significative.

 

6) Gabriel Liège est né vers 1675. Je ne lui ai pas découvert de postérité. Le peu de renseignements que l’on tient de lui est qu’il était « étudiant en théologie » en 1699 au moment du baptême de sa nièce dont il sera le parrain. Il décède le 20 juin 1710 dans la paroisse de saint Cybard, « aagé d’environ trante cinq ans, après avoir receu avec une vive foy les saints sacrements de pénitence et d’eucharistie ».

 

7) Madeleine Liège est née vers 1679, elle épousera René Fleuriau, maître d’armes, veuf de Marguerite Desvignes (avec laquelle il s'était marié le 26 février 1710 paroisse de Saint Savin)  le 24 février 1716 à Saint Cybard. Elle décède le 26 août 1738. René Fleuriau est peut être apparenté à la famille protestante de Châtellerault.

 


 

[1] Cf. « Livre d’or des protestants du Poitou persécutés pour la foi » pasteur Jean Rivierre mais aussi les contrats de mariage de sa soeur Marie avec Pierre Beaupoil (décembre 1664, ADV-E4-12/158) et de son frère Philbert avec Marguerite Lecand (19 mai 1674 - ADV E4-12/168).

[2]  Marie (vers 1667-1er Mars 1732 – Saint Savin à Poitiers) a épousé Claude Escottière sieur de la Mimaudière (ils sont semble-t-il cousins au deuxième degré car il est le petit fils de Pierre Liège, avocat) et Anne née vers 1670 qui épouse le 1er mars 1699 Paul Mousnier.

[3] « Commentaires sur la Coutume du Comté & païs de Poitou, anciens ressorts & enclaves d’iceluy , avec le Procez verbal de Messieurs les Commissaires de la reformation de la Coutume, & les sommaires, & un autre indice sur chacun titre, & la Table des titres ou rubriques, recueillis par M. Pierre Liege, Avocat en Parlement, & Doyen au Siège Presidial de Poitiers, revue & corrigée par des anciens Avocats dudit Presidial de Poitiers, in 4. à Poitiers, chez Jean Courtois 1695 »

[4] Extrait de l’acte de décès : « « étant icy à un (bien ?) de campaigne qu’elle a, ayant été cy-devant de la religion prétendument réformée et moi-même ayant reçu son abjuration et m’ayant esté attesté par plusieurs personnes qu’ayant été à l’extrémité elle m’avait demandé et étant morte d’une mort un peu prompte et précipitée et moi-même ayant (…) j’ai ouï sa confession (…) sur quoi je l’ay enterré en terre saincte, étaient présents Claude Ecottière procureur son fils et Jacques Escottière aussy fils ».

[5]   Il abjure le 21 avril 1688 à Saint Cybard.

 

[6] Nombreuses sont les signatures qui permettent d’envisager des liens au moins amicaux. En dehors de la mère de David et de ses frère et sœurs Marie et Marguerite et Gabriel et de Marie Olivier et de sa sœur, signent Beaupoil, Denivenne (deux fois), Bernardeau (deux fois dont une Gabrielle), Escottières (Claude le procureur qui est vraisemblablement son cousin au deuxième degré), Jeanne Ragueneau (voir ci-dessus), Françoise et Madeleine Mitault, Marie Bobin, Marie Fortin, Marie Picquault et M. Leray.

[7] Un Gabriel Bernardeau marchand qui abjure la religion protestante le 20 octobre 1685 à l’âge de 50 ans à saint Didier pourrait être le père de Gabrielle et de Pierre. Ce Gabriel est d’ailleurs parrain de Marie Bobin baptisée en novembre 1685 à saint Didier qui est la fille de Gédéon (« de présent de la RPR ») et de Françoise Liège « aussi de la RPR ».

[8] On mesure toute l’ironie involontaire du propos précisant qu’il fait fort bien son devoir  (de catholique) « aussy bien que sa femme », si l’on songe que sa femme était, elle-même, une nouvelle convertie … sauf si la précision a pour objectif de dire que sa femme fait aussi bien son devoir de catholique …

[9] AV /SAO/inventaire présidial du 17 mars 1709

 

 

 

 

 

 

 

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