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Aussi loin que je me souvienne...

Depuis aussi loin que je me souvienne, j’aime les histoires.

 

Ce goût m’a conduit vers l’Histoire, grâce aux manuels de l’école primaire des années 60 qui nous entraînaient dans ces tentatives de reconstitution de la vie quotidienne des Gaulois et autres Vikings.

 

Les illustrations étaient sommaires et l’auteur concédait quelques incursions dans les biographies stéréotypées de ces héros qui ont fait la France : Vercingétorix, ce noble perdant, Jeanne d’Arc, cette fille du peuple qui remet son roi sur le trône ou bien ce jeune révolutionnaire de 15 ans qui sera assassiné par ces Vendéens obtus pour avoir clamé avec défi : « vive la République, à bas le Roi ».   

 

Vers l’âge de 14 ans, j’ai accompagné les premiers pas de ma mère dans la généalogie, à travers les registres paroissiaux de la petite mairie du village natal de bon nombre de ses ancêtres.

 

Je crois que j’aimais à la fois l’enquête poursuivie et le déchiffrage de ces actes d’état civil, me prenant sans doute un peu pour Champollion qui a trouvé les clés pour décrypter un monde lointain d’histoires quotidiennes.

 

Si loin et si proche, à l’instar de ce que nous racontent les graffitis de Pompéi.

 

Les actes notariés ont permis ensuite d’entrevoir un peu plus les personnes cachées derrière ces lignées et ces dates et m’ont amené à chasser les singularités au-delà des formules très classiques que l’on y trouve. Cette quête permet parfois de glaner quelques pépites comme cette lettre de Paris d’un orfèvre à sa femme aux fins de l’autoriser à prendre un bail et dans laquelle il se répand sur ses déboires judiciaires.

 

A partir de ces éléments épars, je trouve passionnant d’échafauder et d’ajuster des hypothèses à partir des éléments rassemblés et confrontés avec la grande histoire, dans un constant va-et-vient.

 

Dans ce travail, certains détails initialement négligés prennent un sens particulier tandis que d’autres n’ont pas le relief qu’ils promettaient au départ.

 

Ces très modestes assemblages permettent de donner un peu de chair à ces noms et d’esquisser certaines histoires singulières. C’est ce que je me propose de faire très modestement dans ce blog, tenter d’éclairer des fragments de vie de mes ancêtres, à la lumière de la grande histoire.

 

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2 juillet 2022 6 02 /07 /juillet /2022 10:59

 

Je propose dans cette page de faire une synthèse des différents acteurs de la ville mentionnés comme protestants. Une des sources essentielles provient de l’ouvrage de Pierre Dez, parfois complété et recoupé avec d’autres sources directes ou bien de seconde main. Les informations ne permettent pas toujours d’établir si ce sont des personnes qui sont des habitants de Poitiers ou bien qui résident plus largement dans la province du Poitou. J’établis cette distinction lorsque c’est possible.

Certains sont déjà mentionnés dans mes deux articles accessibles sous les liens suivants : le Poitiers protestant au 16ème siècle (1/2) et sa seconde partie. Là encore, j’y ajoute les détails que j’ai pu glaner par ailleurs. Bonne lecture !

 

Les premiers temps des martyrs et des suspects

Dans les premiers temps, les protestants apparaissent essentiellement en tant que justiciables, au début comme des hérétiques au sens littéral, dont le sort finissait malheureusement souvent sur le bûcher. Ils furent régulièrement incarcérés pour un mot, un geste de trop, ce qui, selon Jérémie Foa, permit d’en faire des suspects du voisinage que la milice urbaine savait où trouver le moment venu.

Certains noms réapparaissent régulièrement dans la chronique judiciaire locale.

En effet, quand le corps de ville ordonne régulièrement aux six capitaines de quartier de perquisitionner les habitations de personnes de la "nouvelle religion" pour y chercher des armes, des livres suspects ou bien des étrangers protestants, nul besoin de liste. Les capitaines de quartier savent chez qui ils doivent aller. J’imagine que les deux capitaines de quartier ecclésiastiques de Saint Hilaire et de Saint Pierre s’impliquèrent avec zèle dans cette tâche de police. Après tout, la nouvelle religion portait directement atteinte à leur fond de commerce.

Voilà ce que l’on trouve dans les premiers temps de la réforme.

 Le 29 août 1537 et selon la sentence donnée par le Lieutenant général, un nommé Guillemar, marchand à Poitiers fit amende honorable durant la procession qui fut faite par le clergé de Poitiers pour avoir mal parlé et suivi ce que l’on appelait encore alors « la secte luthérienne » (Journal de Guillaume La Riche, cité par Pierre Dez).

Moins chanceux fut Guillaume Saulnier qui le 21 octobre 1546 par arrêt du Parlement de Paris confirmant la sentence du lieutenant général du Poitou, sera condamné à être pendu et brûlé à Poitiers pour avoir prononcé des « paroles damnées et (blasphémé) contre l'honneur de Dieu et du Sacrement de l'Autel, et la très sacrée Vierge Marie, mère de Dieu. »

Dans les années précédent cet évènement, le fils de Gaucher de Sainte-Marthe médecin ordinaire du roi, Charles de Sainte-Marthe, qui était en relation épistolaire avec Calvin commença à dispenser des leçons de théologie, bien qu’il fut recteur de la faculté de droit. Il en fut dissuadé et dut quitter la ville pour rejoindre Grenoble. Emprisonné, il mourut en détention.

On retrouve plus tard un autre rejeton de l’illustre famille dans la fameuse liste établie en 1562 des protestants devant être faits emprisonnés (voir ci-dessous). Il s’agit de Louis de Sainte-Marthe alors procureur du roi à Loudun qui se trouve être le berceau familial de la famille de Sainte-Marthe.

Sur la fin du siècle, les deux frères Louis et Gaucher Sainte-Marthe présents au sein du corps de ville, furent catholiques modérés et agirent comme intermédiaires entre les armées catholiques et protestantes.

Dans un rôle d’imposition de 1552 dressé pour Poitiers, un René de Sainte-Marthe, seigneur de Villadam, avocat est indiqué comme contribuable dans la paroisse de Saint Paul.

En 1548, Etienne de Lugré (ou Delugré), libraire que j’ai déjà traité, est condamné à être brûlé vif mais on sait que la sentence ne put être exécutée. Son collègue Mathurin Raguyn dit trompillon, est condamné par le Parlement à l’amende honorable devant la cathédrale et à être battu et fustigé ainsi qu’à la confiscation de ses biens.

Au cours de la même année, le Parlement de Paris confirme la sentence de prise de corps du sénéchal du Poitou de plusieurs personnes pour être auditionnées par celui-ci. Sont concernés, Saint Vertunien sieur de Lavau, Olivier Gouyn, les nommés Virandeau et Baignault, Michiel Cheusse (peut-être plutôt Chessé), Abel Cheussé père et fils, Michel Duplex dit Pelé, un certain Simon en sa qualité de prêcheur, Denys imagier (peintre) en la paroisse de Saint Paul pour avoir accueilli un prêche dudit Simon en sa maison, Loys serviteur de feu Jehan Serre, libraire. Furent ajournés à comparaitre, Jehan Gaulteron1, maître René Moreau, avocat (est-ce la même famille que la famille Morrault de la Vacherie que l’on retrouvera plus loin?), D’Aigonné marié à la veuve de Jehan Taynin de la paroisse de Saint Opportune.

Le 13 avril 1549, 26 prisonniers sont libérés de la prison de Saint Maixent. Parmi les personnes citées, Mathurin Frappier est cité (voir Pierre Dez, page 45 suite de la note 3 de la page précédente). C’est peut-être le même que l’on retrouve dans la liste de 1562 et sur laquelle je fais quelques développements ci-après.

 

1Un Jehan Gaultron, procureur est signalé comme contribuable en la paroisse de Sainte Opportune en 1552 avec un impôt de 9 livres

 

Scène nocturne de l'inquisition - Francisco de Goya y Lucientes (1746-1828)

Scène nocturne de l'inquisition - Francisco de Goya y Lucientes (1746-1828)

L’ordonnance de prise de corps du 8 août 1562 prise par le Maréchal de Saint André et effectuée par le Présidial contre plusieurs habitants de Poitiers (tirée du journal de Simon Jallais1, publiée dans les Archives historiques du Poitou, tome XXVII (1896))

Quelques mots de contexte avant d’entrer dans les détails de la liste.

Celle-ci fut établie à l’issue de la reprise de la ville par les troupes catholiques du maréchal de Saint André. La reconquête de la ville faisait suite à l’occupation de Poitiers par les troupes protestantes de mai à juillet 1562. Cette occupation temporaire qui avait donné lieu surtout à des dégradations des lieux de culte s’inscrit dans une tentative négociée de prise de contrôle de la ville par le seigneur protestant Lancelot du Bouchet sieur de Saint Gemme, en qualité de Gouverneur de la ville, nommé par ordre exprès du prince de Condé. Ces tentatives renouvelées auprès du corps de ville pendant cette brève occupation s’avèrent infructueuses, malgré l’appui de troupes gasconnes2 venues en renfort et les pressions de Lancelot du Bouchet, aidé en cela par les notables locaux protestants. Au début du mois d’août les troupes protestantes s’enfuirent alors que les soldats catholiques envahissaient la ville.

La reprise de la ville par les troupes de Saint André donna lieu à des violences et des débordements importants. Notamment, les prisonniers furent libérés des geôles, les pièces de procès furent détruites et lacérés, ce dont se plaignirent d’ailleurs les conseillers du Présidial au maréchal de Saint André qui concéda que tout cela fusse consigné dans un procès verbal, sans qu’il y en ait des suites.

En revanche, on sait que la reprise de la ville donna lieu à une ordonnance de prise de corps à l’encontre de ceux jugés comme les principaux fauteurs des troubles protestants, cette ordonnance contenant la fameuse liste de noms. L’ordonnance précisait également qu’une enquête devait être menée et ordonnait la saisine des biens des accusés pour être vendus à l’encan.

Certains d’entre eux sont également cités comme acteurs des saccages opérés à Sainte Radegonde3, Saint Hilaire4 et la cathédrale Saint Pierre5, dans les enquêtes qui suivirent.

Compte-tenu de la qualité des accusés qui sont pour l’écrasante majorité de la bourgeoisie, voire pour certains, appartenant au corps de ville, il est fort probable qu’ils n’aient pas participé directement aux saccages. Mais il fallait viser la tête car il était évident pour les accusateurs que la populace déchaînée avait été manipulée par eux.

Quelles furent les suites judiciaires ? Pour beaucoup d’entre eux, ils n’y eut vraisemblablement pas d’emprisonnement.

D’abord, ils avaient certainement fui la ville avec les troupes protestantes par précaution pour se « mettre au vert » et puis, entre la théorie et pratique, il y a parfois un fossé. Ces familles, catholiques comme protestantes, étaient liées parfois dans le gouvernement de la ville et un certain retour au principe de réalité dut prévaloir.

Au demeurant, les rejetons des acteurs les plus notables gardèrent les positions éminentes de leurs pères (on peut citer notamment les Morault de la Vacherie, Dreux, Le Sueur, Poupet, Porcheron de Saint James, Sainte-Marthe, Brochard). Certains se convertirent probablement ou ne suivirent pas les pas de leurs pères, entrant ainsi dans le rang mais c’est probablement surtout le poids traditionnel de ces familles au plan local, fut déterminant sur le long terme.

La vraie seule victime expiatoire de cet épisode fut Jacques Herbert, protestant, qui avait témérairement accepté l’élection comme maire de la ville et fut pendu pour ne pas avoir soit-disant remis les clés de la ville au nouveau vainqueur. Peut-être cette pendaison suffit elle à calmer les esprits.

Un dernier mot sur cette liste. Comme je l’ai constaté, il existait une certaine endogamie au sein de la bourgeoisie protestante de Poitiers ce qui a pour conséquence que certains des accusés sont liés, de manière avérée ou bien supposé.

 

 

1 - Auteur d’un livre de raison conservé aux archives départementales de la Vienne (réf. Dépôt 160, Art VI) et acteur protestant de la période « Journal de Simon JALLAIS, conseiller au présidial de Poitiers, protestant. Événements locaux, notes de droit, copie d'ordonnances et d'édits royaux, lettres de princes ».

 

2 - Ces troupes seraient à l’origine de l’essentiel des pillages et dégradations des lieux de culte selon les témoignages de l’époque et notamment le ravage de l’abbaye de Saint Cyprien

 

3 - A sainte Radegonde, plusieurs témoins dénoncèrent des pillages et déprédations faites par François Tantin boucher, Jehan le fils du grand Jehan huilier, Vincent Rousseau, fils de Grand Bras et ses serviteurs (un Vincent Rousseau texier en draps est inscrit au rôle d’imposition de 1552 en la paroisse de Sainte Radegonde), également Jacques Maudin, maçon, demeurant paroisse de Saint Simplicien. S’ensuivent une série de témoignages qui dénoncèrent Maître Philippes, l’organiste ainsi que sa chambrière, sa mère et son frère qui s’acharnèrent sur les tuyaux d’orgue pour l’étain. Ou encore Pierre un autre « fils du Grand Jehan huillier, un nommé Jehan, serviteur de Monsieur de la Guyonnière,(ou le) frère de Millet, ung parchemynier nommé le Cent, tous qui rompoient les ymages, croix, sièges ». (voir MSAO tome XIV 1891 page 203 et suivantes). 

 

4 - Voir Dom Fonteneau Tome XII Médiathèque de Poitiers - Tome XII. Ière série : H. / Dom Fonteneau - Détail (bm-poitiers.fr) Sont cités par les chanoines dans leur plainte dirigée plus généralement contre les protestants ayant été les instigateurs « des troubles et séditions » certains que l’on trouve dans l’ordonnance de prise de corps à savoir « Jehan de Beaucé, l'abbé de Valence, frère du sieur de Vérac, le capitaine Sainte Gemme, les deux Porcheron dits Saint Jasme, l'ung conseiller Magistrat et l'autre écolier, le capitaine Corneille de Loudun, maistre Simon Dreux, enquesteur (c’est son père qui est mentionné dans la liste), Jehan du Liège dit De Marnef, maistre Jehan Mourault, sieur de la Vacherie, Jehan Gervain notaire, ung nommé Clabat, le dit La Pillardière, Taneguy, Persicault, Brochard, procureur». Sont cités également le Repceveur, le Général des Princes, le comte de la Rochefoucault, Sainct Martin de la Couldre, Hesnard, advocat, Du Fraigne, apothicaire Pandin, notaire, Rainbert, bancquier, maistre François Poupet, procureur, Berthelot, sergent et Toyveneau,procureur.

 

5 - Pour les destructions de la Cathédrale Saint Pierre, sont cités : Nozereau, imprimeur (Bertrand Noscereau demeurant à l’enseigne Saint Martial paroisse de Saint Hilaire de la Celle (voir la librairie et l’imprimerie à Poitiers au XVIème siècle)), Girard, notaire, demeurant à Gilassy (?) et le sieur des Robellinières son frère, Monsieur Jacques De Lage procureur, Jean Cartier, receveur, Monsieur Guillaume Moreau dit la pomme notaire, Le Duc dit prieur, cordonnier, les Robinots frères « et aultres » (voir Dom Fonteneau, tome II, vue 531).

 

« Aujourd’hui 8 aout 1562, ce requérant le procureur du roi, avons enjoint au premier sergent royal sur ce requis de prendre au corps et admener prisonniers en la Cour de céans suivant l’ordonnance de M le Maréchal de Saint André, les nommés :
(…. )
Si appréhendez peuvent estre sinon les adjourner a trois brief jours à comparoire en personne en ladite cour pour répondre à toutes particulières conclusions que contre eux voudra le dit procureur du roi ...».

Exrtrait du livre de raison de Simon Jallais - retranscrit dans Les Archives historiques du Poitou - volume XXVII (1896)

 

Le Sieur de Saint Gemme : Lancelot du Bouchet sieur de Saint Gemme, gentilhomme du bas Poitou qui fut proposé comme Gouverneur de la ville par le Prince de Condé ou plutôt que ce dernier tenta d’imposer en vain, le corps de ville lui répondant qu’il ne prenait ses ordres que du roi.

 

La famille de Vérac : le sieur de Vérac et « l’Abbé de Valence », Ponthus de Saint Georges, abbé commendataire de Valence (86), frère du précédent qui fut accusé d’avoir participé au pillage de Saint Hilaire.

 

Pierre Després : sieur de Lacourt de Chiré en Montreuil, dit le curé de Chiré car il était curé converti et aussi peut-être parce qu’il prêchait. Il fut accusé d’avoir participé au pillage de Sainte-Radegonde. Il fut massacré en 1570 au prieuré de Mouzeuil (cf Pierre Dez). L’acte mentionne également un autre « Lacourt de Chiré » qui est peut-être le frère du précédent.

 

Sainte-Marthe : désigné dans l’acte comme procureur du roi à Loudun, il s’agirait de Louis de Sainte-Marthe affilié à la fameuse famille de Sainte-Marthe. Un René de Saincte Marthe, Seigneur de Villadam, avocat est référencé dans le rôle d’imposition de 1552 dans la paroisse de Saint Paul. Je l’identifie comme fils de Gaucher de Sainte-Marthe et frère de Charles évoqué plus haut. René de Sainte-Marthe avait épousé Anne Porcheron. Cette dernière était la fille de François Porcheron, sieur de saint James, procureur du roi et échevin en 1552 (contribuable pour la paroisse de Saint Paul) et certainement apparentée aux Porcheron, sieurs de Saint James, évoqués ci-dessous.


Jehan Beaulcé (ou Beaussé) : adepte de la réforme dès le début, ce riche marchand drapier y joua un part très active à Poitiers. La légende veut que c’est dans son magnifique hôtel de Beaucé1 que se tint en 1557 la réunion ayant conduit à la rédaction des « Articles polytiques pour l’Eglise reformee selon le Saint Evangile », première ébauche de discipline ecclésiastique dont la portée et le statut restent discutés.

II accueillit également des prêches privés, ce dont se plaignirent les membres du Chapitre de Saint Hilaire lors des enquêtes menée en août 1562, après la reprise de la ville. Il fut également accusé d’avoir permis de fondre dans son hôtel particulier, les objets liturgiques en or et en argent, issus du pillage des églises. Il survécut à cette aventure car il est régulièrement cité comme protestant très impliqué localement. Il était probablement le fils (où le petit fils ?) de Jacques Beaucé, maire de Poitiers en 1500.

 

Le sieur du Maignou : il s’agit de François Crouzilles, avocat, peut-être fils de Jehan Crouzille (échevin en 1551). il était lui-même membre du corps de ville en 1561. Il résidait dans la paroisse de Saint Porchaire avec sa mère lors de l’établissement du rôle d’imposition en 1552 (ils y sont redevables de la somme importante de 60 livres).


« Saint James » conseiller et son frère le capitaine : Philibert Porcheron sieur de Saint James, conseiller magistrat au Présidial et Bourgeois de la ville au moment des faits. Dans la chronique, il est fait référence aux «deux Porcheron, dits Saint-Jasme, l'un magistrat, l'autre écolier». Le prénom du jeune Porcheron alors étudiant n’est pas connu. Apparemment, ce dernier s’improvisa capitaine de troupes à l’occasion de cette aventure.

Un François Porcheron est identifié comme procureur du Roi et échevin dans le rôle d’imposition de 1552 résidant en la paroisse de Saint Paul. Il était marié à Renée Favereau. Une source le qualifie également de Seigneur de Saint James ce qui accrédite l’idée selon laquelle il serait le père des deux précédents et le beau-père de René de Sainte-Marthe cité plus haut. François Porcheron était décédé avant 1562.

Philbert Porcheron avait épousé en 1558 Perrine Le Venier, issue d’une famille de Fontenay le Comte. De cette union naquit au moins un fils, Jacques, qui devint lui-même conseiller au présidial en 1587, probablement en succession de son père dans cet office.


Simon Jallais, assesseur conseiller et juge au Présidial depuis 1558 : il est l’auteur du livre de raison dans laquelle figure la liste de 1562. Originaire de Châtellerault, il avait épousé Renée Brochard en 1548, fille de François Brochard, bourgeois de Châtellerault. Il était encore bachelier et demeurait au château du Fou2 à cette époque.

Il fut l’un des juges conseillers du Présidial protestant quand intervint l’occupation en 1562. Il était également membre du Mois et Cent de Poitiers en qualité de bourgeois. Anticipant la prise de Poitiers par les catholiques, il s’enfuit le 22 juillet pour se réfugier successivement à Sanxay, à Jazeneuil, à la Rochelle et à Châtelaillon. En 1566, il était probablement de retour, y compris dans ses fonctions puisqu’il signait un acte le 8 novembre 1566, en qualité de Conseiller. ll mourut en décembre 1571.

Son journal contient une évocation astrologique émouvante, annotée le jour de la naissance de sa fille, Déborah, le 16 avril 1562.

 

Mre Michel Brochard : Je suppose qu’il était apparenté à Renée Brochard, épouse de Simon Jallais (voir ci-dessus).

Il était probablement le fils d’Aymé Brochard, de son vivant échevin et conservateur des privilèges royaux de l’Université et d’Anne de Sauzay. En effet, Anne de Sauzay est désignée comme marraine d’Isaac Brochard, fils de Michel Brochard et de Catherine Deperelles, dans son acte de baptême du 10 avril 1553 à la paroisse de Saint Opportune (les parents sont dits être paroissiens de Saint Cybard) Elle est mentionnée comme veuve de feu Aymé Brochard précité (qui décéda probablement entre 1551 et 1553). Les parrains de l’enfant furent le sieur de Richefort conseiller pour le roi et François Rousseau avocat.

Michel Brochard était peut-être déjà calviniste au moment du baptême de son fils Isaac, le prénom étant un marqueur plutôt probant de la conversion. En 1561, il fut un des co-signataires de la lettre adressée à Calvin demandant un pasteur pour l’église de Poitiers.

En 1554, Michel Brochard est mentionné comme procureur et frère de Pierre Brochard, dans l’acte de baptême de Jehanne Brochard, fille de ce dernier et de Louise Rocquet. Pierre Brochard fut lui-même protestant car il fit partie d’une délégation pour présenter une requête auprès du corps de ville le 20 juillet 1571 à propos du paiement d’une taxe ordonnée par le roi sur les protestants de la ville.

Pierre et Michel Brochard auraient eut également pour frère, René, enquêteur pour le roi qui est identifiable dans le rôle de 1552, habitant chez sa mère pour un impôt de 55 livres (« Damoiselle Anne de Sauzay et honorable homme René Brochard son fils enquêteur » ). René Brochard devint lieutenant général en Poitou. Il était le grand-père maternel de René Descartes.

 

Christophe Le Sueur, receveur du taillon (impôt établi par Henri II pour financer l'entretien et les munitions des gens de guerre et prélevé selon les mêmes modalités que la taille): je n’ai pas réussi à identifier cette personne. Par contre, Philippe le Sueur notable du parti protestant et membre des 75 bourgeois du corps de ville (en 1561 et toujours en 1571) est mentionné au moment des faits comme un des accompagnateurs de Lancelot du Bouchet dans ses démarches auprès du corps de ville. S’agirait-il donc d’une erreur de transcription portant sur le prénom ?

Le protestantisme de Philippe Le Sueur est corroboré d’ailleurs par son entourage familial, présent à l’occasion du baptême (catholique) de sa fille Geneviève le 2 janvier 1551 en la paroisse Saint Opportune3. Sa femme d’abord, Françoise Poupet, pourrait être la sœur de François Poupet qui fut désigné comme un des fauteurs de troubles et séditieux par les chanoines de Saint-Hilaire Le Grand. A noter que dans l’acte, le parrain de l’enfant est François Poupet l’aisné qui pourrait être son grand-père (et qui était aussi membre du corps de ville). Quant à la marraine, il s’agit d’Anne Porcheron, « dame de Villadam, femme de noble homme René de Sainte Marthe », qui sont tous deux mentionnés plus haut. L’autre marraine, Cyprienne Blanchet (?) est désignée comme « aiolle de ladite Geneviève ».

Le couple Le Sueur/Poupet, eut aussi un fils, Guille Le Sueur, conseiller au présidial qui succéda comme bourgeois au corps de ville en 1586 à son cousin germain, François Poupet, enquêteur et examinateur pour le roi. Le registre des délibérations précise que François Poupet ne pouvait plus « pourvoir à sa charge compte-tenu de sa grande vieillesse ». Guille Le Sueur fut proposé par … Louis de Sainte-Marthe. On ne peut dire si les descendants des deux familles étaient encore protestants en 1586 mais force est de constater que les réseaux familiaux étaient, eux, vigoureux.

 

Jehan Morrault, sieur de la Vacherie : Jehan Morrault ou Mourault, sieur de la Vacherie et du Sault très probablement fils (ou petit-fils?) de Michel Mourrault, sieur de la Vacherie, avocat du roi et maire de Poitiers (1505), à la suite d’une ancienne lignée d’échevins et de maires. Jehan Morrault avait épousé Florence Doisneau, fille de Doisneau de Sainte Soline, lieutenant général du roi, qui apparaît aux premiers temps du protestantisme à Poitiers.

Plus tard, René Morrault sieur de la Vacherie, d’abord procureur du roi avant d’exercer d’autres office royaux, fut élu maire de Poitiers en 1578. Il était aussi capitaine de quartier En 1587, il est précisé dans le registre des délibérations que « René Morrault, sieur de la Vacherie , conseiller du roy, lieutenant particulier et assesseur au siège présidial d’icelle et pair et échevin de céans » proposa Jean Goguet son frère (plutôt, peut-être, son beau frère) comme bourgeois membre des Soixante Quinze ce qui fut accepté. Il mourut en août 1587 et fut remplacé dans son office devenu vacant par Louis de Sainte-Marthe.

En 1548, un certain René Morrault, avocat de Poitiers, fit l’objet d’une procédure devant le Parlement de Paris pour fait d’hérésie. Est ce le même ? Ou bien appartient-il à la même famille ?

 

Mre Méry Dreux enquesteur : Merry Dreux, sieur de Boisbaudry (1507-1577) avait épousé Charlotte de la Coussay par contrat de mariage du 15 janvier 1533. Il est d’ailleurs mentionné dans le rôle d’imposition de 1552 pour la paroisse de Saint Germain, vivant à côté de « sa belle mère veuve de Nicolas de la Coussaye ». Si en 1562, Merry Dreux figure sur la liste des protestants à emprisonner son fils, Simon Dreux n’en fait pas partie tout en étant parmi les protestants que les chanoines de Saint Hilaire accusent d’être les instigateurs des troubles.

 

Parmi les juristes la liste comporte également Mre « Claude France sieur de la pillardière », victime d’une mauvaise transcription. Il s’agit en réalité de Claude Faure, sieur de la pillardière qui était avocat. En 1552, il vivait en la paroisse de Saint Didier et imposé à 8 livres 100 sols. Le sieur de la pillardière, par ailleurs membre des 75 bourgeois sur une très longue période figure sur la liste et il est l’un des protestants objet de la vindicte des chanoines de Saint Hilaire. Il aurait accueilli des prêches privés dans son logis à plusieurs reprises et fut désigné comme un des séditieux et fauteurs de troubles. En 1561, il était l’un des cosignataires de la lettre adressée à Calvin.

 

Jehan Gervain, notaire royal qui réside à la paroisse de Saint Hilaire de la Celle en 1552 avec un impôt de 70 sols.

 

François Pandin aussi notaire royal qui réside quant à lui à Notre Dame la Petite en 1552 et est imposé de 45 sols. Peut-être ce dernier est-il apparenté aux Pandin sieurs de Beauregard qui sont aussi protestant et dont l’un des descendants se maria en 1628 avec une fille de Pascal Le Coq et de François de Saint Vertunien. Gervain et Pandin furent tous les deux désignés également comme séditieux par les chanoines de Saint Hilaire.

 

1- Érigé en 1554, il se trouve derrière l’actuel hôtel de ville de Poitiers

2 -  Source « Le présidial de Poitiers et son personnel de 1551 à 1790»

3 - Ils sont dits être paroissiens de la paroisse de Saint Cybard et effectivement, Philippe Le Sueur apparaît dans le rôle de 1552 comme "controlleur" (?) Il est assujetti à un impôt de 17 livres et 10 sols

 

Détail du jugement dernier - Michelangelo (Chapelle Sixtine)

Détail du jugement dernier - Michelangelo (Chapelle Sixtine)

 

 

M(essi)re Pierre Clabat, sieur de la routte (domaine situé proche de Saint Loup sur Thouet dans les Deux-Sèvres): Pierre Clabat est mentionné paroisse de Saint Didier comme scribe de l’université de Poitiers en 1552 (impôt de 6 livres). Il était le fils de Nicolas Clabat sieur de la route, ancien officier de justice de la sénéchaussée, incorporé comme conseiller du Présidial au moment de sa création à Poitiers en 1551. Clabat père était membre des 75 bourgeois et fut élu maire en 1532.

Son fils, Pierre Clabat fut également membre du Mois et Cent jusqu’en octobre 1572, date à laquelle, prudemment retiré dans son fief de la Routte (les échos de la Saint Barthélémy avaient dû lui parvenir), il se démit de ses fonctions par acte notarié adressé au corps de ville. Dans l’acte recopié dans le registre des délibérations (registre 41, vue 18), il indiquait s’en remettre au corps de ville pour lui trouver un remplaçant.

Pierre Clabat fit partie des protestants très engagés. Il est cité régulièrement jusqu’en 1576, lorsque le corps de ville s’émeut auprès de La Duguie et Boiceau, d’un prêche privé fait dans sa maison. Il avait épousé Marie Aubert dont il aurait eut au moins un fils, Guy, Conseiller au Présidial en 1579.

D’autres Clabat sont recensés à Poitiers que je pense appartenir à la même famille, dont Jacques Clabat, conseiller au Présidial en 1577 qui deviendra maire en 1587 (peut-être est ce le neveu de Pierre). Mais cette autre branche était catholique ce qui illustre la division des familles sur la question religieuse.

 

Jehan Allonneau que j’ai déjà traité est cité également.

 

L’hoste de Saint André (Tanguy Persicault) : avec lui, j’entame les hôteliers qui prirent part à la diffusion du protestantisme. Les hôtelleries étaient des lieux de passages et de brassages, où l’on discutait, échangeait et convertissait. Probablement aussi des espaces assez vastes où pouvaient se tenir des assemblées privées et donc des prêches.

L’hoste de Saint André, identifié comme étant le localement fameux protestant Tanguy Persicault avait son établissement situé dans la paroisse de Notre Dame de la Chandelière (imposé à 13 livres 15 sols en 1552), dans la rue actuelle de la Tranchée, non loin de l’hostellerie du Chapeau vert, entre la très « classe » et spacieuse auberge des trois piliers et celle où pend l’enseigne de la truie qui file.

Il était l’époux de Madeleine Abriou et le couple eut au moins un fils, André, baptisé le 9 décembre 1548, paroisse de Saint Hilaire (vue 68/102).

Tanguy Persicault fut comme Clabat très engagé au niveau local ce qui explique peut-être pourquoi il fut une des rares victimes de la Saint Barthélémy à Poitiers le 27 octobre 1572. En 1562, il fut aussi la cible des chanoines de Saint Hilaire qui se plaignirent notamment des prêches privés accueillis dans son établissement.

Comme je l’ai déjà évoqué dans article précédent, en 1574, une personne que je crois être un de ses fils, lui-même prénommé Tanguy, hôte du Cheval Blanc, fait baptisé un enfant, Daniel (prénom ô combien protestant), né de son union avec Madeleine Alexandre sa femme. Elle fut peut-être la fille ou bien la sœur de Jehan Alexandre qui fut le parrain de l’enfant.

Difficile de savoir si ce baptême fut fait pour donner des gages publics sur le plan religieux.

Toujours est-il qu’en octobre 1585 après l'Edit de Nemours qui interdit la religion protestante sous peine d’abjuration ou d’exil, le capitaine de quartier, le sieur Saint Sulpice, se plaignit auprès du maire que certains bourgeois astreints à la milice ne répondaient pas à l’appel pour assurer les tours de garde.

Persicault, l’hôte de Saint André en faisait partie avec Loys Payrault, procureur, Vomereau, maître de la poste (ou plutôt son gendre chevaucheur pour le roi), Debrissac, sergent royal et Guy Ternyn.

Quand on sait combien à la suite de l’Edit de Nemours, les anciens protestants furent plus surveillés que jamais et que toute manifestation jugée non citoyenne était scrutée à la loupe, il est fort possible que nos coupables, dont Persicault, aient été particulièrement ciblés, en raison de leur attachement supposé à leur ancienne religion. Ils s’en tirèrent avec une amende au maximum de 6 écus et devaient être emprisonnés tant que la somme ne serait pas payée.

 

Dans la liste, on trouve ensuite un deuxième hotelier, le gendre de l’hoste Saint Michel. L’hotellerie de Saint Michel se trouvait dans la grand rue, pas loin de la « corne de cerf », du « bœuf couronné », ou du très poétique hôtel de « l'oiseau du paradis ». En 1589, Philippe Bouin, est hôte de Saint Michel et consul des marchands. En 1586, Philippe Bouin est déjà mentionné comme hoste de Saint Michel dans le registre des délibérations du corps de ville. Est ce son beau-frère ou son fils ?.

 

La liste mentionne également Le Ranger, hoste du chapeau vert que je n’ai pu identifier. En effet, sur le rôle de 1552, l’hoste du chapeau vert est un certain René Mandin et non Le Ranger. Pour mémoire, l’hotellerie du chapeau vert se trouvait dans l’actuelle rue de la Tranchée paroisse de Notre Dame de la Chandelière. Elle ne devait pas être d’un grand rapport car René Mandin fut taxé à seulement 20 sols.


Jehan Liège dit de Marnef : Jehan du Liège de Marnef était libraire et imprimeur. Il est l’un des deux libraires de la liste avec Nicolas Pelletier, et un des nombreux imprimeurs et libraires ayant adopté la nouvelle religion. A cet égard, j’ai évoqué Etienne Delugré mais également plus tard, les frères Barrillet ou bien Audet, chez lesquels il fut trouvé des livres réprouvés qui furent brûlés dans un autodafé tandis que leurs propriétaires étaient mis à l’amende.

La famille de Marnef fut, avec la famille Bouchet leurs alliés sur le plan professionnel et familial, une des familles les plus importantes de l’imprimerie poitevine au 16ème siècle. Elle adopta très rapidement le protestantisme. Il s’agirait d’une famille originaire de Belgique près de Liège (d’où le patronyme), établie en France à Paris et à Poitiers en tant qu’imprimeurs à la fin du 15ème siècle.

Le Jehan qui figure sur la liste de 1562 est le deuxième du nom, Jehan 1er étant décédé en 1510. Jehan II et Enguilbert II de Marnef étaient enfants mineurs en 1529 mais certainement proches de la majorité puisque les deux frères prirent en association la gestion de l’imprimerie l’année suivante. La boutique à l’enseigne du Pelican, sise derrière le Palais paroisse de Notre Dame la petite fut attribuée à Jehan II dans un partage et c’est là qu’il est mentionné comme libraire en 1552 taxé à 14 livres comme son frère résidant à côté1. Les frères de Marnef avaient épousé deux sœurs Audebert, Bernarde et Marie. Puis devenu veuf, Jehan II se remaria avec Perette Citoys en 1561, fille d’un marchand libraire dont il eut deux enfants, Esther et Daniel.

Les enfants de Jehan II, ou du moins ses filles, Marie et Radegonde, demeurèrent protestantes. Sa fille Marie épousa Jehan Gervais, puis Abraham Bourdeau, tous deux orfèvres et protestants et abjura avant de mourir en 1639 à l’âge de cent ans ce que relève Denesde dans son journal. Radegonde de Marnef épousa en 1570 Thomas Garnier apothicaire protestant.

 

Le nommé Nicolas Pelletier : Il s’agit également d’un libraire imprimeur, fils de Nicolas I Pelletier aussi imprimeur. Des liens professionnels existaient avec la famille de Marnef mais aussi familiaux puisque, la mère de Jehan II de Marnef, Jeanne Boisseau, avait épousé en seconde noces Nicolas I Pelletier.

 

Parmi les orfèvres listés, on trouve deux noms. Tout d’abord, Zacharie orfèvre et également Marc Aymond qui est désigné comme orfèvre dans le rôle de 1552 pour Notre Dame la Petite avec un impôt de 20 sols.

 

Un banquier, Pierre Chesnay, apparaît sur la liste de 1562. Il figure également sur le rôle d’imposition de 1552 dans la paroisse de Saint Hilaire de la Celle (« Mr Pierre Chesnay, dict Martin, banquier ») taxé d’un impôt de 4 livres. Ayant fui la ville, il était probablement revenu en 1571 car il fit partie d’une délégation de protestants auprès du corps de ville le 20 juillet de cette année là avec Pierre Brochard (voir ci-dessus) et Jehan Bernardeau. Il dut s’enfuir par la suite à La Rochelle car comme je le mentionne dans un précédent article, Chesnay fils, lui-même protestant, revenu de La Rochelle, tenta en vain de racheter la maison familiale en 1595.

Un certain Rambert, également banquier, est dénoncé par le chapitre de Saint Hilaire comme séditieux et fauteur de trouble.

 

Le fils aîné du grand Jehan Frappier : Jehan Frappier était messager de Paris pour le roi. En 1552, il est paroissien de Saint Michel et taxé à 20 livres. En 1549, un certain Mathurin Frappier est libéré de prison où il avait été emprisonné en raison de sa religion. Est-ce lui dont il est question dans la liste de 1562 ?

 

Royer, apothicaire demeurant près des trois piliers : Louis Royer, avait été présenté pour siéger au corps de ville en 1549 mais ce n’est qu’en 1554 qu’il y accéda. Il est mentionné dans le rôle de 1552 pour la paroisse de Saint Didier avec une taxe importante de 23 livres.

 

Un autre apothicaire, le sieur Dufraigne, protestant, ne figure pas sur la liste mais fut accusé par le chapitre de Saint Hilaire d’avoir participé au pillage.


A noter que la profession a accueilli une importante communauté protestante à Poitiers dont certaines familles ont déjà été citées : outre les précédents, on comptait les Garnier, Contant, Demayré et plus tard Garsonnet, Lussault et Pioger.


J’ai relevé deux personnes inscrits dans la liste de 1562 qui appartenaient également à la communauté réformée et dont les noms reviennent par ailleurs régulièrement. Il s’agit de Jacques Dehors et le sieur de la Royère, que je suppose être Guillon de la Royère.

 

S’ensuit une liste de personnes mentionnés pour mémoire.

Le sieur Saint Martin de la Couldre de Saintonge, accusé d’avoir pris part au pillage de la Cathédrale Saint Pierre et de Saint Hilaire. Il faut mentionner aussi les noms des chefs des quelques troupes protestantes d’Anjou et de Loudun en déroute (elles comportaient surtout des femmes et d’enfants protestants), poussées par les armées du roi et qui vinrent chercher refuge dans la ville de Poitiers, peu avant sa prise. L’acte mentionne ainsi Jacques de Beauveau de Tigny capitaine, Jean Renart de la Minguetière ainsi « Corneille » de Loudun qui serait Cornouaille Scot dit l’Ecossais.


Sont signalées enfin des personnes que je n’ai pu identifier : un nommé La Bourdellière et son frère, Lymdemière, Mézanchière, Saulx, Du Lizon, Fontfroide, Du Plessis, Lagueygne et ses enfants. Egalement, « le Prieur de Nieul » que je suppose être le prieur de Nieul sur l’Autize, le nommé Du Puy fils de l’abbé d’Orbestier (de l’abbaye de Saint Jean D’Orbestier à côté d’Olonne). Egalement Landoys sieur Durceay (Landais ?), Mathurin Grihard, un dénommé Saint Mathieu, Fronteneau et enfin Me François gendre du Drac.


 

Pour conclure cette recherche des familles protestantes de Poitiers, je livre quelques noms de personnes ayant eu maille à partir avec le corps de ville et qui furent parfois emprisonnées ou bien expulsées de la ville pour fait de religion.

En 1588, Daniel Guillot hôte de la Sirainne à Saint Jean d’Angély (sur geneanet répertorié comme sieur de la sirène) se voit emprisonné comme prisonnier de guerre et saisir son équipage alors qu’il réside chez Julien Porcheron, hôte des trois piliers.

La même année, des personnes de la prétendue relligion, étrangères à la ville et qui y étaient réfugiées furent expulsées et interdites de retour à Poitiers « tant que les guerres dureront ». Il s’agissait des nommés Renneteau avocat (peut-être Rayneteau de Fontenay le Comte), Robert Le Normand, colporteur, le sieur Duchaigne, Pierre Gauldin (que l’on apprend plus loin être de Lusignan), le sieur de la Guyardière, un certain fourbisseur qui ne faict que venyr de La Rochelle et le fils de feu Mr de Lezinière.

Enfin toujours en 1588 fut arrêté par la garde de la porte de la Tranchée un certain Denis Helye, mercier, de Chef Boutonne qui a reconnu être protestant.

 

1 - Cette page du rôle de 1552 comporte d’ailleurs d’autres protestants vivant à l’époque dans le même pâté de maisons : Jehan Beaucé, Francoys Pandin, notaire royal et Nicolas I Pelletier (celui qui figure sur la liste est Nicolas II cependant).

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15 janvier 2022 6 15 /01 /janvier /2022 20:03

Bachar Mar Khalifé - Kyrie Elison

 

 

Il y a quelques années, dans le cadre de recherches menées sur la communauté réformée de Poitiers au 17ème siècle, j’avais relevé très rapidement des noms de famille, tirés de deux documents que sont le contrat de l’aménagement du temple des 4 piquets d’une part (contrat du 7 mai 1600 passé entre un certain Cassier, maître maçon et ce que je suppose être les membres du consistoire (Chesneau notaire)) et d’autre part, la discipline ecclésiastique du 17 juin 1607 adoptée par le consistoire d'alors (Manuscrit de la médiathèque de Poitiers conservée sous la côte ms 296(72) folio 35). 

 

J’ai récemment réexaminé ces deux documents à des fins généalogiques pour tenter d’avoir un aperçu sur la part prise par un de mes  ancêtres dans ces deux affaires.

 

Poussé par la curiosité et le goût de l’enquête, il m’est apparu intéressant d’aller au-delà et de tenter d’identifier tous les acteurs, en général uniquement à partir de leurs signatures, étant donné que seul le contrat de travaux fait état des noms et qualités des signataires, et encore est-ce partiellement puisque les personnes énumérées ne signent pas toutes tandis que d’autres qui ne sont pas citées nommément dans le contrat, signent.

 

En effet, sept années seulement séparent les deux actes mais ils permettent d’avoir une photographie de la communauté protestante de Poitiers (au moins de ses notables), dans une période où celle-ci put gagner en visibilité à la faveur de l’Edit de Nantes.

 

J’ai été encore au-delà (mais n’est-ce pas le propre de ce type de recherche?), d’abord parce que certains noms de familles m’ont conduit dans le Poitiers protestant de la seconde moitié du 16ème siècle, mais aussi très probablement stimulé par la captivante lecture de l’enquête précise et incarnée de Jérémie Foa dans son ouvrage « Tous ceux qui tombent, visages du massacre de la Saint Barthélémy ». 

 

Avant de vous livrer les résultats de ce travail que je proposerai en deux volets, quelques mots sur les ressources utilisées. D’abord, il s’agit des deux premiers documents précités (quoique s’agissant de la discipline ecclésiastique, je me suis concentré uniquement sur la liste des signataires) ainsi que des actes notariés consultés en ligne sur le site des Archives du Poitou ou en salle de lecture. J’ai également consulté des relevés d’actes en ligne sur généanet ainsi que le très utile inventaire des noms contenus dans les actes des registres paroissiaux de Poitiers qui facilite grandement l’accès aux actes, uniquement catholiques car les actes des protestants de Poitiers n’existent plus, qu’ils aient été détruits ou bien qu’ils soient noyés dans un coin d’archives comme je me prends à le rêver parfois. Je signale toutefois que j’ai développé les détails familiaux concernant les protagonistes dans une page à part du blog.

 

Dernière précision, les noms tirés des évènements ayant eu lieu à Poitiers lors des guerres de religion le sont tous à partir de sources de seconde voire de troisième main. J’aimerais pouvoir m’écorcher les yeux sur des documents d’archive de première main mais je n’en ai hélas pas toujours le temps ni d’ailleurs parfois une compétence suffisante en matière de paléographie.

 

Contrat de travaux entre l'église réformée de Poitiers et Léonard Cassier de mai 1600

Contrat de travaux entre l'église réformée de Poitiers et Léonard Cassier de mai 1600

Marché du 7 mai 1600 entre « ceulx de la religion reformee » et « Cassier »

 

"Ont été présents en leurs personnes établis Messires Francoys de Saint Vertunien, docteur régent de l’universite en la faculté de médecine, Antoyne De la Duguie, docteur régent en droitz en l’université de cette ville, M Jacques Esnaut sieur des Cloistres, Noble M Jehan Alexandre, sieur de Chauroux conseiller du roy et controlleur général à ses finances, honorable messire Ysaac Demonnevy sieur des bards Conseiller du roy en la juridiction de cette ville, Mr Jehan Durand, recepteur des tailles, honorable M Ysaac Véron, sieur de la brossardière, M Daniel Leaud, sieur de Cougnac, greffier du présidial M Francoys Burcerot, Messires Antoyne et Jehan Liège procureurs, M Jehan Delugré, M Pierre Guyard, greffier au bureau des finances, Pierre Demayré, maitre chirurgien, honnestes messires Jehan Delacourt et Pierre Herbault, marchands, syre Jehan Delaleu, maitre tailleur d’habitz de cette ville, d’une part et ledit Léonard Cassier, masson en ceste ville … d’autre part Entre lesquelles a este fait le marché qui sensuyt …. De grossoyer de chaux et sable blanc le pignon du temple « naguère fait et construit par yceulx de la religion refformee dans le faubourg de la Cueille mirebalaise de cette ville ». Outre les précédents, l’acte permet d’identifier d’autres noms de famille par leur signatures : Bobinet, Delaporte, Bobinot, D Pain, I Payn, E? Babault."

Manuscrit de la médiathèque de Poitiers du 17 juin 1607 conservée sous la côte ms 296(72) folio 35 - signatures

Manuscrit de la médiathèque de Poitiers du 17 juin 1607 conservée sous la côte ms 296(72) folio 35 - signatures

Le 17 juin 1607 ceste discipline a été signée par les pasteur et Anciens de l’église de poitiers, au consistoire assemblé en Béthel (signé par )
J Clemenceau pasteur, Bardonyn Ancien, Léaud, J Delaleu, Bobin, Allonneau, I Véron, Liège (Jehan), Esnaud, Guyard, P Demayré, Le Coq, Besly, M Rouhault, A Malleray, Hourdau ou Lourdau ?, Jacques Robin Jaques Cottiby, Manceau, Parent, Pain, A Pioger, Viollette, Delacourt, Simonnet

Observations préalables sur les deux manuscrits

 

Le contrat de travaux s’inscrit dans un contexte nouveau qui est celui de l’accession au pouvoir d’Henri IV et de l’Edit de Nantes de 1598 et répond à une finalité pratique de dresser l’église non plus seulement spirituellement mais enfin physiquement dans l’espace public.

 

De manière différente, l’adoption de la discipline ecclésiastique sept ans plus tard répond à un besoin interne à l’église poitevine. Il me semble que ces différences de contexte sont des éléments à prendre en compte, pour resituer les acteurs mentionnés et ou signataires, qui intervinrent parfois dans les deux actes d’ailleurs.


Le contrat d’aménagement du temple et ses acteurs


Les travaux du temple font suite à l’invitation faite aux échevins par le Gouverneur Parabère et par le conseiller Langlois dès aout 1599 à désigner « un lieu pour l’établissement du prêche selon l’édit du roi »1. Au terme de tractations entre le corps de ville et les trois émissaires de la communauté protestante poitevine2, l’assemblée accepte contrainte et forcée que le temple soit établi dans « un lieu commode vers la porte et pont Saint Ladre et non en autre endroit pour mettre et établir ledit temple ». Ce sera le temple établi au lieu-dit « les quatre piquets » qui sera détruit à la révocation de l’édit de Nantes.

 

Ainsi, cette demande mainte fois formulée sans succès dès les années 1560 par la communauté réformée de Poitiers put enfin être satisfaite. Désormais, non seulement les protestants de Poitiers n’étaient plus contraints au secret ou à avoir à se rendre à Châtellerault ou à Lusignan pour le culte mais ils obtenaient un statut visible dans l’espace public.

 

Il est donc probable que plus qu’un contrat de travaux, il s’agisse d’un acte de représentation de la communauté pour elle-même mais aussidans une certaine mesure pour l’extérieur bien que ce soit un acte purement privé.

 

L’énoncé des noms et qualités des membres de l’église suit d’abord un certain ordre qui reflète probablement la stratification sociale des membres, par ailleurs tous notables éminents de la communauté.

 

L’acte commence ainsi par les deux régents d’université, Francoys de Saint Vertunien, docteur régent de la faculté de médecine et Antoyne de la Duguie, docteur régent en droit qui apparaissent ici un peu comme les deux parrains prestigieux d’un acte fondateur de l’église de Poitiers. Ils étaient d’abord les fils de deux disciples de Calvin lorsqu’il vint en 1534 à Poitiers. Également en leur qualité de docteurs régents d’une université importante du royaume, c’est le prestige du savoir qui est mis à l’honneur.

 

Vient ensuite, Jacques Esnaud qui s’insère apparemment inexplicablement en troisième place mais j’y reviendrai. Puis, ce sont les officiers de finance et de justice du roi qui sont cités, en tête le par ailleurs noble Jehan Alexandre, sieur de Chauroux conseiller du roi et contrôleur général à ses finances, puis l’honorable Ysaac Demonnevy sieur des bards conseiller du roi en la juridiction de cette ville et Mr Jehan Durand, percepteur des tailles.

 

Leur succède le personnel de justice de Poitiers. Tout d’abord, Isaac Véron, sieur de la Brossardière dont le métier n’est pas évoqué mais qui était procureur au Présidial puis, à sa suite, Daniel Leaud, sieur de Cougnac, greffier du présidial, Francoys Burcerot, Antoyne et Jehan Liège procureurs au présidial, M Jehan Delugré, M. Pierre Guyard, greffier au bureau des finances. J'ai identifié également François Burcerot qui était receveur du taillon à Poitiers en 1597 donc relevant aussi de l'administration des finances. Je dois néanmoins admettre que dans la liste qui précède, je n’ai pu identifier Jehan Delugré mais son ascendance est établie en la personne de son père, Etienne Delugré, marchand libraire et protestant de la première heure.

 

Enfin, sont cités d’abord les profession libérales avec un maître chirurgien en la personne de Pierre Demayré, le monde du commerce avec Jehan Delacourt et Pierre Herbault, marchands, puis le seul artisan, Jehan Delaleu qui est maître tailleur d’habits.

 

Si Jacques Esnaud, sieur des Cloistres apparaît en troisième position alors même qu’il n’a pas un pedigree prestigieux, c’est je crois pour des raisons pratiques tenant à son rôle dans cette opération. C’est lui qui régla les différentes traites et qui devait être en conséquence le trésorier de la communauté protestante de Poitiers.

 

Cette première liste est en quelque sorte comme une photographie de la bourgeoisie poitevine de l’époque dans son versant protestant. Une représentation en miniature dans laquelle le monde de l’administration provinciale et les juristes prédominent sur le monde de la boutique.

 

Pour ce qui est de l’examen des signatures des personnes qui signèrent sans être nommément citées, il y a d’abord celle de celui que je crois être Jehan Bobinet. Originaire de Châtellerault, il avait épousé Madeleine Gaillaudon fille de François Gaillaudon et repris l’office de tailleur de la monnaie en 1598 en succession de son beau-père.

 

J’ai identifié également derrière la signature de Delaporte, Etienne Delaporte, greffier au bureau des finances, l’aïeul possible d’Isaac Delaporte, greffier au présidial de Poitiers. Également un certain J. Babinot signe, qui pourrait avoir un lien de parenté avec Albert Babinot (ca 1516-ca 1569).

 

Le marchand Daniel Pain signa également ce contrat ainsi que la discipline écclésiatique, en tant qu’ancien du consistoire. J’ai identifié également son frère Isaac qui signe « Payn », procureur au présidial. Tous deux étaient fils d’Hélie Pain marchand chaussetier à Poitiers et de Françoise Véron. Enfin, je n’ai pu identifier qui se dissimulait derrière la signature de Babault.

 

 

1 Voir pour les développements qui suivent « Poitiers à l’âge baroque 1594-1652 » de Jean Pierre Andrault publication (S.A.O), p. 364.

2 Isaac Véron et Antoine Liège que nous retrouverons plus loin ainsi que Guillon de la Royère

Page de garde de l'ouvrage de Jean Aymon paru en 1710

Page de garde de l'ouvrage de Jean Aymon paru en 1710

L’acte fixant la discipline ecclésiastique en 1607


Au moment de son adoption en juin 1607, il s’agit de mettre à jour les règles régissant le culte et plus largement la communauté1 des fidèles, sur le modèle de la discipline ecclésiastique mise au point dès les premiers temps de l’église calviniste et régulièrement mise à jour, à l’occasion des synodes nationaux. La discipline et ses déclinaisons locales constituaient un moyen à la fois de fixer la structure des églises, d’administrer les sacrements et de poser les règles de conduite de la communauté. Élément unificateur du calvinisme, la discipline est un outil visant autant à assurer l’union des Églises (chapitre article 5).

 

Dans ce dispositif et aux côtés du pasteur, le consistoire et par extension les membres qui le composaient jouait un rôle central dans l’adoption et la mise à jour de la discipline de l’église locale mais aussi dans le contrôle de sa bonne application.

 

Au sein des consistoires, les anciens ont ainsi la charge « de veiller sur le troupeau, avec les pasteurs, faire que le peuple s’assemble, & que chacun se trouve aux sainctes congregations ; faire rapport des scandales & des fautes, en connoistre & juger avec les pasteurs ; & en general avoir soin avec eux de toutes choses semblables qui concernent l’ordre, l’entretien & gouvernement de l’Eglise […] . »

 

Le consistoire me semble donc être avant tout le reflet de la vision que l’église de Poitiers a d’elle-même à un moment donné, marquant ainsi inévitablement les acteurs signataires de la discipline de 1607.

 

Pour les personnes que j’ai pu identifier, la composition sociale du consistoire de 1607 s’inscrit dans les prolongements de l’acte de réfection du temple.

 

Aux côtés de Jacques Clémenceau, pasteur, un certain nombre de personnes déjà identifiées comme signataires de l’acte de 1600 signent à nouveau. Il en va ainsi de (Daniel) Léaud, (Jehan) Delaleu, (Isaac) Véron, (Jehan) Liège, (Jacques) Esnault, (Pierre) Guyard, (Daniel) Pain, (Pierre) Demayré et (Jehan) Delacourt.

 


Parmi les autres membres du consistoire signataires, j’identifie également (Philippe) Bobin, marchand pintier et (Pascal) Lecoq, seul représentant de l’université en sa qualité de médecin, il était le gendre de François de Saint Vertunien. Également de manière certaine, (Michel) Rouault, avocat au siège présidial et les procureurs (Jehan) Manceau, (Joseph) Parent et (Jehan) Allonneau, ce dernier dont la famille était originaire de Parthenay. Originaires du Bas-Poitou, je trouve (André) Malleray (également avocat) et Pierre Besly, procureur et Jaques Cottiby, originaire de La Rochelle, possiblement un autre Jacques, fils de Jacques Cottiby, marchand de canon mais qui ne semble pas devoir être confondu avec celui qui deviendra plus tard pasteur aux côtés de Clémenceau (il aurait eu seulement 14 ans en 1607 ce qui pose un problème de cohérence).

 

Signent également Pioger (Antoine) apothicaire et « Bardonyn ancien » qui pourrait être Jehan Bardonyn époux de Marguerite Dreux avant 1579. S’agissant de Violette, Simonnet, et Jacques Robin je n’ai pu les relier à qui que ce soit ou, du moins, sans certitude. Violette et Simonnet pourraient être les enfants de deux orfèvres actifs à Poitiers vers 1570 tandis que Jacques Robin pourrait être l’ascendant des Robin protestants de Poitiers au 17ème. Il reste la signature de Hourdau ou Lourdault qui demeure un complet mystère.

 

A côté du greffier des deux procureurs au présidial Véron et Liège, du greffier au bureau des finances (Guyard), du chirurgien (Demayré) des deux marchands (Pain et Delacourt) et du tailleur d’habits Delaleu, on trouve une surreprésentation des hommes de loi avec 4 autres procureurs et deux avocats (mais l’ensemble des règles fixant une discipline ne constituait-elle pas selon eux aussi et surtout une affaire de juristes ?).

 


Pour compléter le tableau, on compte, un docteur en médecine un apothicaire, un marchand pintier et (peut-être) deux fils d’orfèvres.

 

Peut-être un peu moins prestigieuse que la précédente liste (à l’exception peut-être de Pascal Lecoq), les membres du consistoire de Poitiers en 1607 n’en sont pas moins une représentation saisissante de cette minorité religieuse bourgeoise de la ville épiscopale dans toutes ces composantes.

 

Sans oser aller jusqu’au terme de contre-culture, ils donnent l’impression de refléter un échantillon alternatif de la bourgeoisie catholique.

 

 

1 Dans la thèse de Margreet Dieleman (« Le baptême dans les Eglises réformées de France (vers 1555-1685) : un enjeu confessionnel. : l’exemple des provinces synodales de l’Ouest »), celle-ci estime probable que cette mise à jour de 1607 de la discipline de Poitiers fut effectuée pour tenir compte des dernières décisions intervenues lors du Synode national tenu quelques mois auparavant à La Rochelle.

Gravure du 16ème siècle - Représentation de la Saint Barthélémy à Paris

Gravure du 16ème siècle - Représentation de la Saint Barthélémy à Paris

L’illustration des racines prestigieuses du protestantisme à Poitiers


De manière plus ou moins consciente, les acteurs témoignent de l’ancienneté de l’église de Poitiers à travers ces deux actes.

 

A cet égard, l’engagement de ces hommes qui se trouvent en quelque sorte en tête du cortège de l’église de Poitiers, reflète non seulement leurs convictions religieuses, mais atteste aussi pour certains d’entre eux d’une fidélité familiale à la Réforme, enracinée localement dès le début du calvinisme.

 

Même s’il ne m’est pas possible d’établir de manière certaine quelques filiations, il y a à mon sens trop de coïncidences pour que cela ne soit pas le cas.

 

Je commencerai par les deux « primi inter pares » dont la filiation est incontestable et que l’église réformée de Poitiers affiche ostensiblement.

 

Comme j’ai eu l’occasion de le souligner, Antoine de la Duguie et François (de Lavau) de Saint Vertunien sont en effet les fils de deux des universitaires qui furent séduits par la doctrine de Calvin, durant le séjour de celui-ci à Poitiers en 1534. Notables parmi les notables, Antoine de la Duguie père (qui fut un temps membre du corps de ville) dut probablement composer avec une majorité catholique. Avec succès probablement car il fut à l’occasion de quelques périodes de tension communautaires le représentant des réformés avec l’avocat Jehan Boiceau (lui aussi un des calvinistes de la première heure) auprès des autorités de la ville.


En mai 1600, La Duguie et de Saint Vertunien apparaissent donc comme les deux porte-blasons, en tête du cortège.


Isaac Véron le sieur de la Brossardière procureur au présidial en 1593 pourrait avoir un lien familial avec Philippe Véron, procureur à Poitiers un des premiers disciples qui évangélisa le Poitou, l’Aunis et la Saintonge sous le pseudonyme « le ramasseur »après avoir été converti par Calvin pendant son séjour à Poitiers en 1534.

 

Dans la série des adeptes de la première heure ayant endossé une carrière prêcheur, il y a Albert Babinot que j’ai évoqué plus haut et qui pourrait avoir un lien avec le J. Babinot qui signe l’acte de 1600.


Albert Babinot était lecteur de droit à l’université de Poitiers au moment du séjour de Calvin et fit partie du premier cercle, avec Véron, La Duguie, Lavau de Saint Vertunien, Jehan Vernon fils d’un échevin et Jehan Boiceau. Babinot fut prêcheur sous le pseudonyme de « Bonhomme » d’abord en Poitou et puis dans le sud-ouest, en même temps que poète.

 

Dans l’inventaire des registres paroissiaux de Poitiers, point de Babinot au 16ème siècle, si ce n’est le baptême d’un Jacques Babinot le 8 novembre 1572 en la paroisse de Saint Didier (est ce le même que J Babinot signataire 28 ans plus tard ?) qui mérite d’être relevé, étant donné les éléments troublants qu’il contient. Il semble que l’on ait affaire à un baptême catholique d’un enfant dont le père au moins était protestant.

 

«le huitième jour de novembre mil cincq cent soixante et douze, fut baptisé Jacques Babinot, filz de M(essi)re Abel Babinot et de Marye Cailleteau paroissiens de céans, perain noble home Jacques Vaillant Seig(neu)r de la Salle, capitaine de cent home pour le Roy nostre sire (…), mereine dame Jacquette Cailleteau. Signe Jacques Vaillant p(ou)r la Ville ?) »

Archives du Poitou - registre de la paroisse de Saint Didier

 

Plusieurs détails interrogent à commencer par la date du 8 novembre 1572 soit peu après les répercussions de la Saint Barthélémy à Poitiers avec des assassinats qui eurent lieu seulement le 27 octobre et brièvement relatés par le notaire Denis Generoux1 dans son journal.


 

1 Le catholique Denis Generoux, notaire à Partenay, qui fut un témoin et un participant actif au cours des guerres de religions en Poitou et dont le journal (1567-1576) fut publié en 1865 à Niort par Bélisaire Ledain

« Le lendemain jour de lundi (le 27 octobre donc), fort matin, furent tués à Poitiers où j’étais lors, par commandement du lieutenant de Poitou la Haye, ayant reçu lettre du roi, les procureur Briand et Beceleuf et la Royère, Besse, le sergent Ayrault, concierge, l’hoste de Saint-André et quelques autres huguenots morts ; mais chaque catholique sauvait ses amis Mre Jehan Allonneau procureur, huguenot et séditieux outré se sauva chez le sieur de la Mortière où j’étais ».

Extraits relatif à la Saint Barthélémy à Poitiers tiré du journal de Denis Généroux précité iort par Bélisaire Ledain

 

Le nombre des victimes de Poitiers y aurait été plus limité qu’ailleurs. Toutefois, l’annonce des évènements de Paris1, la surprise et l’effroi puis les assassinats d’octobre relatés ont pu conduire les réformés de Poitiers à une vague d’abjurations et de baptêmes catholiques, forcés ou non, à l’instar de nombre de leurs coreligionnaires du Royaume. 


 

Le père de l’enfant qui s’appelle Abel (prénom on ne peut plus protestant) ne signe pas l’acte de baptême, peut-être délibérément ou simplement car il aurait été absent lors du baptême. Plus troublante est la qualité du - d’ailleurs - seul parrain de l’enfant et non deux, comme il était d’usage pour le baptême d’un enfant masculin. Si je n’ai pas encore pu l’identifier formellement, le registre indique toutefois qu’il était capitaine de cent combattants au service du roi. Généroux évoque dans son journal un certain capitaine La Salle de Poitiers aux ordres du roi qui en septembre 1572 fut envoyé « par le lieutenant De la Haye à Partenay avec environ cent soldats pour remettre le château en l’obéissance du roi ».


 

S’agissant maintenant des descendants des martyrs de la cause, je suis tenté d’y mettre Jehan Delugré en tant que fils du marchand libraire Etienne Delugré, qui fut poursuivi par le Parlement comme blasphémateur hérétique et troubles à l’ordre public.


 

Enfermé à la Conciergerie puis transféré à l’Hotel Dieu pour cause de maladie, ce dernier put s’échapper et fut condamné (probablement par contumace) à être brûlé vif et à la confiscation de ses biens par arrêt du Parlement du 22 octobre 1548. Repris à Poitiers et enfermé à nouveau à la conciergerie, un autre arrêt du Parlement du 7 janvier 1550 renvoya l’affaire à l’évêque de Poitiers pour parfaire son procès ce qui lui permit d’échapper à la première sentence2. Il mourut avant le 31 juillet 1572.


 

Je suis également enclin à y joindre Jehan Allonneau le procureur qui signa la Discipline en 1607, sur la base d’un possible lien familial avec son homonyme, le « huguenot et séditieux outré » selon Denis Généroux (voir ci-dessus) qui en octobre 1572 se réfugia chez la Mortière pour échapper au massacre.


 

Au demeurant le fait qu’Allonneau3 se fut réfugié chez la Mortière (ce dernier pouvant être selon Ledain un Darrot possédant le domine de la Mortière) et connu de Généroux ne serait pas étonnant. La famille Allonneau était originaire de Saint Pardoux à côté de Parthenay et le domaine de la Mortière se situerait à Secondigny soit à 10 kms environ de Parthenay. Malgré leurs différences religieuses, ces trois là sont des « pays » du même milieu social.


 

1 Generoux consigne dans son journal dès la fin août 1572 l’assassinat de Coligny et ses conséquences avec l’explication officielle d’alors qui était de déjouer une conspiration.

3 Un Jehan Allonneau, procureur ainsi que sa femme Françoise Rousseau passèrent un acte à Poitiers au printemps 1572 (chez Chauveau notaire)

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12 juin 2010 6 12 /06 /juin /2010 00:19

J'avais écrit cet article pour clarifier la généalogie de ces deux familles de notables protestants d'Exoudun qui s'allièrent par le mariage de Jacques Fraigneau, sieur de Bourgougne (né vers 1639 et décédé le 5 juin 1710 à Exoudun) qui fut notaire royal et de Louise Fraigneau (Fraigneau branche de lhoumeau par son père et de la famille Vatable par sa mère).

     

Mais ce travail étant toujours un chantier perpétuel, c'est en préparant un autre article que j'ai replongé dans cette généalogie et y ai trouvé des erreurs où des approximations.

     

Cette mise à jour est l'occasion de mettre un peu d'ordre dans l'article en question qui - s'il demeure un peu sec à digérer-, fournit tout du moins un matériau utile pour les personnes intéressées.  

     

Je me propose de commencer par la famille Fraigneau dont la généalogie, quoique abondamment glosée, n'est pas si simple qu'il n'y paraît.

 

Quelques repères familiaux concernant les familles Fraigneau et Vatable

 

Il s'agit là de deux familles protestantes du moyen Poitou fort impliquées dans leur communauté religieuse. Les Fraigneau figurèrent souvent parmi les anciens du consistoire tandis que les Vatable furent pasteurs.

 

Isaac et Jacques Fraigneau (vraisemblablement beaux-frères) sont cités dans la liste des persécutés par les dragonnades de Marillac en 1681 établie par Elie Benoist. Même s'ils décédèrent longtemps après les évènements, eux et leurs familles ont certainement enduré le logement des gens de guerre avec son cortège de moments affreux.

 

Quelques mots enfin sur Exoudun. Ce fut l'une des places importantes du protestantisme local, avant et après la révocation de l'Edit de Nantes. En 1698, si la paroisse comptait 1400 habitants dont 1339 nouveaux convertis mais qui ne pratiquaient pas la religion catholique dans leur immense majorité[1], le village de Bagnault ayant été déploré être une "petite Genève", y compris au 18ème siècle[2].

 

 

[1] Voir commentaires d'Alfred Richard dans "Poésie de Jean Babu, curé de Soudan, sur les ruines des temples protestants de Champdenier, Exoudun, La Mothe Saint Héray ..." (1896)

[2] Référence d'une lettre de félicitations d'un ministre de Louis XV à L'intendant Blossac pour avoir empêcher les assemblées secrètes, en particulier au village de Bagnault (1751-1752 - Archives Nationales).

 

 Portrait de famille d'Adriaen Ostade (1657) - Musée du Louvre

Portrait de famille d'Adriaen Ostade (1657) - Musée du Louvre

La famille Fraigneau

 

C’est une famille de notables d’Exoudun convertie au protestantisme depuis le 16èmesiècle.

 

A l’origine, sont identifiés deux frères, Jean et Léger (qui suit), tous deux notaires royaux à Exoudun en 1581.

 

Léger Fraigneau épousa Jacquette Nicodon. Ils eurent trois enfants :

 

Jean Fraigneau, notaire royal, marié à Marie Huet ;

 

Isaac Fraigneau (branche de Lhoumeau), chirurgien, épousa Marie Arouet (famille de Voltaire). Ils eurent au moins deux enfants (1) Louis Fraigneau, sieur de Lhoumeau et de la Pérouardière marié à Anne Vatable (voir ci-dessous) et (2) Catherine mariée d’abord à Louis Levesque puis à Jean Baugier ;

 

Abraham Fraigneau (branche de Bourgougne), notaire royal, marié une première fois à une demoiselle Marie Pouhet (décès avant 1624) puis une seconde fois en 1626 avec Louise Delamothe[1](fille de Jean Delamothe, pasteur d'Exoudun et d'Abigaïl Bouhier), avant de décéder peut après (décédé avant 1629).

 

Du premier mariage d'Abraham Fraigneau (branche de Bourgougne) naquirent quatre enfants :

 

Marie Fraigneau mariée à Jacques Ochier[2](contrat de mariage du 4 novembre 1624 chez Pierre Audeer)

 

Catherine Fraigneau mariée à Pierre Ochier (contrat de mariage: mêmes références)

 

Abraham Fraigneau, notaire à Lusignan, marié à Marie Cornier

 

Jacques Fraigneau, docteur en médecine, identifié plus précisément dans le cadre d'un procès en appel formulé avec son frère et ses deux sœurs[3], en tant qu'héritiers du défunt Abraham Fraigneau. Ce procès opposa initialement leur père Abraham assisté de Jean Pouhet son beau-frère et Catherine Chaigneau[4](femme de ce dernier) et le curé d'Exoudun pour le paiement de la dîme sur une pièce de pré que nos protestants refusaient de payer.

 

Déclenchée en 1625, l'affaire ne fut tranchée définitivement par un arrêt du 25 juin 1629 prononcé aux dépends des héritiers Fraigneau. La justice ne badinait pas impunément avec le paiement de la dîme, surtout si l'on était protestant.

 

A ce point là de l'histoire, ce Jacques Fraigneau est considéré habituellement comme celui qui a été marié avec sa cousine Suzanne Fraigneau sans plus d'explications (voir leur descendance ci-dessous). Ainsi, l'ouvrage de Beauchet-Filleau lie les deux personnes alors même que l'époux de Suzanne Fraigneau  n'est pas né au début du 17ème siècle mais vers 1639 et n'était donc pas en mesure de former appel à un procès en 1629.

 

Pourtant, le vrai mari de Suzanne Fraigneau est rattaché à la branche de Bourgougne. A ce stade deux hypothèses s'imposent : soit il est le fils d'Abraham Fraigneau soit celui de son frère Jacques sans que l'on puisse trancher pour l'instant en faveur de l'un ou l'autre des pères potentiels.

 

 

[1] Source : "Familles Protestantes au travers des actes - XVI et XVIIème siècles" de Marie Reine Sire

[2] même source que la précédente : contrat du 5 mai 1626 passé chez Pierre Audeer

[3] cité dans le "Recueil général des Edits, Arrêts et règlements notables" de  Jean Filleau, grand pourfendeur des droits des protestants en Poitou.

[4] contrat de mariage de Jean Pouhet et de Catherine Chaigneau du 11 juin 1606 (Source : "familles protestantes ..." voir ci-dessus

 
Portrait des époux Soolmans (1634 - Rembrandt)

Portrait des époux Soolmans (1634 - Rembrandt)

Le couple Fraigneau Vatable 

 

Louis Fraigneau, sieur de Lhoumeau et de la Pérouardière (date de naissance inconnue/ décès avant 1675) épousa Anne Vatable qui naquit vers 1623[1]car elle mourut le 26 avril 1698 à Exoudun (Deux-Sèvres) à l’âge d’environ 75 ans. Les épousailles eurent lieu vers 1641, peut-être au temple de la Mothe-Saint-Héray étant donné que le culte avait été interdit à Exoudun par arrêt du 16 septembre 1634, le temple ayant été jugé trop proche de l'église (à noter que la destruction du temple n'intervint qu'en 1667 et suscita une émeute).

      

Ils eurent au moins 5 enfants à savoir:

      

Isaac Fraigneau[2] (vers 1643-1707), sieur de Boisloudun, qui épousa Louise Bonneau (1649-1703). Il compta parmi les anciens du consistoire car il fut délégué pour La Mothe Saint Heray au synode provincial de Melle tenu le 26 octobre 1678 ;

 

Isaac Fraigneau (1654-1719) marié avec Catherine Chabot le 17 juillet 1675 puis avant octobre 1693 avec Marie Palastre

      

Marie Fraigneau (1662-1709) mariée le 18 octobre 1693 à Exoudun avec Jean Guillauteau, chirurgien et qui vécu à Saint Sauvant (86)

      

Louis Fraigneau, sieur de Lhoumeau (1663-1699) marié avec Marie Levesque (fille de Louis et d'Elisabeth Chamois) le 21 septembre 1682. Tous deux sont nouveaux convertis au moment du mariage. Ils auront Louis, Louise, Suzanne et Marie

      

Renée Fraigneau mariée avec Daniel Sauzé (1663–1740), chirurgien, le contrat de mariage date du 22 février 1683  (chez Tastereau, notaire)

 

Suzanne Fraigneau (vers 1642?-après 1688[3]), mariée à Jacques Fraigneau (1639-1710), sieur de Bourgougne, fils de Jacques ou d'Abraham Fraigneau (voir ci-dessus). Ils se marièrent avant 1663 (date de naissance de leur fils Abraham).

  

Le couple de Jacques et Suzanne Fraigneau eut plusieurs enfants dont notamment :  

  

Abraham né en 1663, marié avec Marie Levesque, fille de  Léon Levesque et de Marie Aucher (contrat de mariage du 27 novembre 1685 passé chez Tastereau, notaire). Marie Levesque a dû naître vers 1665 car elle abjura la religion protestante en 1681 à l'âge de 16 ans;  

 Renée

 Suzanne

Louise Fraigneau née vers 1674. Elle fut mariée vers 1696 avec David Liège, procureur au présidial de Poitiers.

         

 

[1] Probablement à Coulonges sur l’Autize (79), lieu où officiait son père à l’époque.

[2] Informations tirées de « recherches sur la famille Levesque de Saint-Maixent et ses alliances » de Ernest Levesque (1907). Ce premier Isaac est toujours répertorié comme faisant partie de cette fratrie mais je n'ai pas trouvé d'éléments permettant d'affirmer que c'était le cas, contrairement à son frère Isaac le cadet qui suit. Je l’ai malgré tout répertorié. De son mariage avec Louise Bonneau sont issues (1) Marie qui épousera Charles Garnier, notaire et procureur fiscal à Couhé (veuve en 1714) (2) Catherine qui se mariera avec Benjamin Chameau des Ortioux (3) Louise Fraigneau qui épousa en novembre 1714 à Couhé, François Huet (4) à son décès assiste un de ses gendres le sieur Chabot don je n'ai pu déterminer l'épouse.

 

[3] date à laquelle elle signe comme marraine d'une de ses nièces

refuge-a-douvres.jpg

Huguenots français débarquant à Douvres en 1685

 

La famille Vatable

 

A l’origine de cette famille, j’ai identifié Antoine Vatable[3], pasteur, qui avait épousé Catherine Malivoire.

 

Ils sont nés dans le dernier quart du 16ème siècle. Originaires de Normandie, ils arrivèrent en Poitou au début des années 1590, vraisemblablement avant 1593.

 

Avant l'arrivée en Poitou, Antoine Vatable a exercé comme pasteur à Luneray  (Seine Maritime) pendant les guerres de religion, avec au moins un séjour durant lequel lui et sa femme se réfugient en Angleterre. En effet, sa présence est attestée à Rye (Angleterre) pendant toute une période qui commence vraisemblablement dès 1587[4] et qui s’achève après l’année 1590[5].

 

Ces allers et retours en Angleterre méritent une petite digression en forme d'explication.

 

Le refuge ponctuel en Angleterre n'avait rien d’illogique car en ces temps de guerre civile entre catholiques et protestants, le royaume britannique constituait un des refuges pour les protestants français.

 

En particulier, les protestants de Normandie ainsi que leurs pasteurs avaient pris l’habitude de se réfugier en Angleterre à Rye, lorsque les persécutions se produisaient sur le continent. Il existait d’ailleurs un lien tellement fort entre l’église de Dieppe et Rye que cet endroit était considéré comme une annexe de l’église normande.

 

Pendants les guerres de religion et dès 1562, il s’opère un afflux de réfugiés français qui s’installent provisoirement et exercent leur culte à Rye. Avec la paix d’Amboise qui marque la fin de la première guerre de religion (mars 1563), il y a reflux de la population française (on compte peu de décès étrangers entre 1564 et 1566).

 

La deuxième guerre de religion (septembre 1567 – mars 1568) et la troisième (septembre 1568 – août 1570) conduiront à de nouvelles migrations. En mars 1569, on compte 73 chefs de familles français dans cette localité anglaise.

 

La Saint Barthélémy (24 août 1572) va donner lieu à un afflux considérable de protestants français fuyant des persécutions qui ont très vite dépassé le seul cadre parisien pour s’étendre dans des régions où le protestantisme minoritaire s’est ancré en terre catholique comme la Normandie[6].

 

Une période d’accalmie qui se concluera d’ailleurs par l’Edit de Nantes (1598) va permettre un retour en France des protestants établis à Rye et notamment d’Antoine et de sa famille qui retournent en Normandie à Luneray.

 

Mais revenons à notre pasteur normand.

 

Antoine Vatable officiera à Luneray jusqu'aux premières années de 1590, date de son départ probable pour le Poitou, avant 1593.

 

En effet, au synode provincial du Haut Poitou et du bas Poitou tenu à Saint Maixent le 28 avril 1593, Vatable, alors pasteur à La Chaume d’Olonne (Vendée), signe une lettre excusant l’absence de représentation de son église au synode (SHPF bulletin historique 1911 page 48). 

 

En 1596, à l’occasion du 14ème synode national tenu à Saumur, il fait demander par l’intermédiaire des députés du Poitou, le paiement des sommes dues par son ancienne église de Luneray (100 livres ce qui semble représenter une somme importante à l’époque).

 

Cette demande sera renouvelée lors du 17ème synode national tenu à Gap en 1603, puis au synode tenu à Gergeau puis, enfin, au synode national de Privas tenu en 1612. A l’occasion de ce dernier synode, il est demandé d’appliquer les décisions prises au synode de Gergeau.

 

Plus tardivement et en tout cas entre 1614 et 1620, il exercera son ministère à Puybelliard (85) qui est un faubourg de Chantonnay. Ce changement s’explique peut-être par un souci de se rapprocher de ses fils qui sont pasteurs à la même époque respectivement à Foussay et à Coulonges.

 

 

[3] Selon certaines sources, cette famille pourrait avoir un lien de parenté avec François Vatable, le célèbre hébraïsant traducteur des psaumes pour Clément Marot qui est devenu l’un des premiers professeurs au collège de France fondé par François 1er. La coïncidence entre l’un des membres du cercle de Meaux qui a pensé une nouvelle approche du catholicisme et une famille de protestants du même nom est troublante, mais ce nom est toutefois courant dans le nord de la France selon d’ailleurs différentes variantes ( Watteble, Wattebled , etc). Cette coïncidence serait flatteuse mais improuvable.          

 

[4] voir « histoire des églises du refuge en Angleterre » de V. de Schickler. Un colloque se tient à Rye auquel tous pasteurs participèrent, au nombre desquels figure Antoine Vatable.

 

[5] Voir « histoire de la réformation à Dieppe », le 26 janvier 1590, « messieurs Courtault et de Licques, ministres de Dieppe et M. de Vateblé, ministre de Luneray étaient encore à Rye ».

 

[6] Dès septembre 1572, 161 réfugiés se présentent à Rye. En novembre 1572, on compte 641 réfugiés (242 hommes, 167 femmes et 232 enfants majoritairement de Dieppe et de Rouen). Cet émigration posera d’ailleurs des difficultés de gestion à la petite municipalité anglaise qui essaie d’orienter les réfugiés dans des communes avoisinantes et refuse les personnes indigentes.

portrait de famille par Frans Hals

portrait de famille par Frans Hals

 

Les enfants du couple Vatable-Malivoire 

Initialement, il me semblait qu'Antoine Vatable et Catherine Malivoire avaient deux enfants qui leur étaient clairement attribuables (Pierre et Jean) et deux autres possibles (Débora et Isaac). Quant à Samuel Vatable, pasteur à Nieul en Charente Maritime à la fin du 16 ème siècle, il me semblait clairement trop vieux pour pouvoir avoir eu ce couple comme parents (je pensais qu'il était plutôt le frère d'Antoine Vatable).

 

Les notes généalogiques très complètes de Jean Maillaud (un premier article sur la famille Vatable complété par un deuxième) montrent que j'étais loin du compte.

 

Antoine Vatable et Catherine Malivoire eurent donc :

 

-         Samuel Vatable que l'on peut supposer être né vers 1670. Il épousa Rachel GUILLEAUDEAU le 1er mars 1591 et décèda en 1601. Il était pasteur à Nieul en Charente Maritime. Un Samuel Vatable est cité comme ayant acquis un diplôme de docteur à l’Université d’Oxford en 1590 et il est désigné comme « Français pourvu de grades à Bâle » (cf. « les églises du refuge en Angleterre » de F. de Schickler, note de bas de page (2), page 244, Tome 1). Ce couple eu une fille, Rachel Vatable.

-         Pierre Vatable qui naquit en février 1588 (qui suit). C'est probablement le même que Pierre Wateble qui est baptisé à l’église de Rye, qui est dit être le fils d’ « Anth. W. qui a été banni pour la parole de Dieu » et qui est l’un des prédicateurs de l’église de Rye (cf. « histoire des églises du refuge en Angleterre » de V. de Schickler). Il fut pasteur à Saint Hilaire des Loges puis Foussay en Vendée.

-         Jehan Vatable (vers 1590 – décès en 1646) mon ascendant (qui suit).

-         Debora Vatable qui a épousé Jacques Arthuis sieur de Villesalalson qui fut également pasteur. Celui-ci a étudié la théologie à Genève et dit « yssoldunensis » ce qui peut signifier qu’il est originaire d’Exoudun.

-         Isaac Vatable, marchand à Mareuil sur le Lay (Vendée)  marié à Sara Marchand ce couple ayant eu trois enfants baptisés à Mareuil sur le Lay (registres protestants - bibliothèque de l’Arsenal à Paris et archives départementales de Vendée) à savoir : François (février 1624), Renée (novembre 1625), Isaac (août 1627).   

-        Marthe Vatable mariée avec Jean Grasset, marchand à La Rochelle.

 

 

1) Pierre VATABLE est ministre du Saint Evangile à Foussay (85) au moment du mariage de son frère (dans le contrat de mariage, il représente ses parents qui n’ont pu assister au mariage). Il sera aussi pasteur à Nieul sur l’Autize (85).Il a épousé Marie Vernède vers 1615. Ils ont eu des enfants dont :

 

- Paul Vatable, sieur de Buignon marié à Catherine Drauld[1] (tous deux sont religionnaires à Foussay entre 1636 et 1668).

 

Pour mémoire, le couple Vatable-Drault a eu plusieurs enfants enregistrés dans le registre protestant de Foussay[2] : Louis, baptisé le 21 septembre 1636, Marie (juillet 1639), Jacques (octobre 1644), Suzanne (mars 1647), Louise (octobre 1649), Paul (septembre 1651), Jean (mars 1654), Judith (novembre 1656), Pierre (mars 1660), Elie (aout 1662).

 

Catherine Drault a quitté le royaume de manière certaine dans les années 1680[3]. Il est possible que son mari ait été déjà décédé au moment du départ puisque l’administration qui gère les biens des exilés indique qu’elle est veuve du sieur Vatable en 1700 et qu’elle ne pouvait être informée d’un décès à l’étranger.

Ce qui est sûr c’est qu’au moins un de ses fils, Pierre, était dès 1683 réfugié à Dublin en Irlande avec sa femme Marie Brevet[4]. Un des enfants de ce couple est baptisé à Fontenay en mars 1681 (registres protestants).

- Anne Vatable mariée à Louis Guillauteau de Launay (né en 1589 et décédé le 25 mars 1657 à Niort (registres protestants)). Le registre protestant de Foussay permet de recenser plusieurs enfants de ce couple dont Marie (baptisée en juin 1642), Anne (août 1643), Louis (février 1648), Jeanne (septembre 1652).

 

2) Jean VATABLE est né probablement peu après 1590 en Normandie dans l’église d’exercice de son père.

En 1612, il est recensé dans la liste des écoliers français inscrits à l’Académie de Genève. Il est mentionné un « Jean Vatable du Poitou »[5]. Compte tenu du caractère peu fréquent du nom et du fait que son père est pasteur en Poitou, il est très probable qu’il s’agisse de la même personne.

 

Jean VATABLE épouse Catherine LE ROY en 1614 (contrat de mariage[6] du 25 août 1614 signé chez ROBERT notaire à Fontenay Le Comte). Elle est la fille de Jacob LE ROY (décédé entre 1614 et 1618), Sr du Puy et de défunte Claude AGROUE.

 

Ses parents n’ayant pu assister à la conclusion du contrat de mariage de Jean, c’est Pierre son frère aîné qui les représente. 

 

Au moment de son mariage, Jean est « ministre du Saint Evangile » de Coulonges les Royaux (Coulonges sur l’Autize - 79). Il demeurera affecté à Coulonges, au moins jusqu’en 1626[7].

 

En 1617, Jean Vatable et sa femme avaient deux filles prénommées Jeanne et Judith.

 

En effet, dans le testament protestant de Renée GIRARD fait le 6 septembre 1617[8] et rédigé par Jean VATABLE « pasteur du Sainct Evengille de l’église réformée de Coullonges les royaux » dont elle a prié « d’escrire, le (mien) testament ».

 

Elle donnait une somme d’argent à sa filleule, « Jehanne Vattablé cent francz … et advenant le trespas de ladicte Jehanne, je les donne à Judith, et advenant le décès des deux, que ma commère Catherine Roy, femme dudit Vatablé, luy soit pour propre … ».

 

Leur fille Anne naquit plus tard, vers 1623. Elle épousa Louis Fraigneau vers 1641 à Exoudun (voir ci-dessus). Sa soeur Jeanne avait épousé Léon Levesque (seconde famille notable d'Exoudun). Ils vivaient encore en 1671.

 

 
 

[1] Comme elle a eu son dernier enfant en 1662 soit raisonnablement pas plus tard qu’à l’âge de 42 ou 43 ans, on peut raisonnablement supposer qu’elle est née en 1619 ou 1620.

[2] (voir archives numérisés de Vendée dans « actes des protestants »)

[3] Le pasteur Rivierre estime plausible la date de 1688 car les biens ont été saisis et il est noté que la « taille a tout consommé pour 1689 » ce qui indiquerait un départ récent.

[4] On trouve des références à Pierre Vatable et à Marie Brevet dans plusieurs publications (« Ireland’s huguenots and their refuge » R. Hylton, « Huguenot pedigrees » C.Lart et dans les publications de la Huguenot Society of London).

[5] Bibliothèque d’humanisme et de renaissance, travaux et documents (périodique), éditions Droz, Genève, 1949, page 224 dans liste des étudiants français inscrits à l’Académie de Genève aux 16ème et 17ème siècles.

[6] Archives de Vendée page 153 du microfilm. Une transaction sur le contrat de mariage aura lieu en 1618 entre la veuve de Jacob Le Roy et Jean Vatable (page 387 du microfilm)

[7] Les pasteurs du Poitou en 1620 et 1626 comptent trois VATABLE. Le père est indiqué comme étant « déchargé » de son office à Puybelliard (Vendée) en 1620, Vatable dit « l’aîné », pasteur à Foussay (Vendée) et « J. Vatable le puîné », est pasteur à Coulonges.

[8] Renée Girard est veuve de Louis Viault. Ce sont les beaux parents de Louis du Vergier qui appartient à la famille du Vergier de la Rochejacquelein. Le testament constitue une des pièces du chartrier de cette famille retrouvé en 1820 (voir « archives historiques du Poitou » 1926, vol. 44 pages 56 et 57).

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30 mai 2010 7 30 /05 /mai /2010 21:55

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(vue de Poitiers 1572)

 

Bref panorama des familles Liège de Poitiers au 17ème siècle 

 

Dans la deuxième moitié du 17ème siècle et outre mes ancêtres, il existait au moins sept familles Liège à Poitiers, dont certaines exerçaient des professions judiciaires.

 

Elles vivaient essentiellement dans quatre paroisses (saint Cybard, saint Didier, saint Germain et notre Dame la petite). Bien que des naissances ou d’autres évènements interviennent dans d’autres paroisses, on note une certaines stabilité, les professions judiciaires étant plutôt localisées à saint Cybard, à saint Didier où à saint Germain.

 

Il est possible qu’à l’origine, ces familles aient eu un ancêtre commun (au moins pour celles installées depuis longtemps à Poitiers) mais la question religieuse a dû séparer les trajectoires familiales dès la fin du siècle précédent[1].

 

Au demeurant, l’adhésion au protestantisme de certaines familles Liège permet de supposer un lien de parenté entre celles-ci, si l’on songe que les protestants de Poitiers étaient malgré tout minoritaires tout au long du siècle dans une capitale régionale très catholique.

 

Partant du principe selon lequel la foi protestante est ancrée dans une famille dès la fin du 16ème siècle et se perpétue jusqu’aux conversions forcées, j’ai identifié par défaut une famille Liège clairement catholique au milieu du 17ème siècle.

 

A la même période et s’agissant des protestants, il est impossible de les recenser par le biais de l’état civil car les registres de l’Eglise réformée ont disparu[2].  On sait seulement que selon Colbert de Croissy, il y aurait eu vers 1660 "six vingt familles de cette religion à Poitiers et environ cinq à six cent personnes" et que trois ministres ("de peu de mérite") y exerçaient au temple dit "des quatre piquets" situé à la cueille mirebalaise  (actuellement au 12 de la rue Rique-avoine). 

 

Ensuite, dans le dernier quart du 17ème siècle et en particulier à partir de 1682, il est difficile de dire ceux qui sont nés protestants et ceux qui ont toujours été catholiques et qui seraient originaires d’autres localités de la province.

 

Il existe toutefois des outils et notamment les abjurations mentionnées dans les registres paroissiaux, encore qu’elles ne soient pas forcément exhaustives étant donné que l’intendant Foucault a dû procéder à Poitiers en 1685 comme en Béarn à des abjurations collectives par délibération publique (les documents afférents n’ont toutefois pas été retrouvés).

 

Il est possible aussi de s’appuyer sur certains travaux, comme le « Livre d’or des protestants du Poitou persécutés pour la foi » œuvre impressionnante du pasteur Jean Rivierre qui synthétise aussi les renseignements sur les protestants poitevins partis clandestinement à l’étranger.

 

Les nouveaux convertis qui n’ont pas pu ou pas souhaité prendre la route de l’exil n’ont guère d’autres choix que de rentrer dans le rang afin d’éviter les persécutions des autorités provinciales, fidèles relais du pouvoir royal.

 

A mon sens, ils arborent un catholicisme de façade et c’est là qu’interviennent d’autres indices tels que les prénoms d’enfants qui, bien que baptisés après la révocation, ont été prénommés selon l’ancien testament.

 

J’y vois (peut être à tort) une forme de résistance passive et non pas une mode ou une tradition familiale puisée dans un protestantisme originel.

 

Une famille Liège catholique 

 

On compte d’abord une famille Liège clairement catholique (enfants baptisés ou mariages effectués par un prêtre au milieu du 17ème siècle).

 

Il s'agit de la famille issue du couple formé par Jean Liège conseiller du roi au présidial et Renée Razay qui ont eu au moins quatre enfants (André né en 1646 et marié avec Louise Noquier le 15 juin 1676 (saint Cybard), René né le 23 janvier 1648 et marié avec Renée Delauzon (paroisse de saint Saturnin le 9/02/1682), Pierre né le 6 juin 1649 et marié avec Catherine Bonneau, Marie-Anne née le 26 mars 1668 à saint Cybard).

 

Selon le dictionnaire des familles du Poitou (Beauchet-Filleau), ce Jean Liège serait le fils d'André Liège fermier de l'abbaye de Montierneuf. 

 

Les familles Liège protestantes 

 

Comme on l’a vu, il existe peu de renseignements concernant l’importance et l’étendue de la communauté protestante de Poitiers[3].

 

Au-delà de l’absence de registres, on peu concevoir que cette discrétion résulte d’abord du fait que cette communauté vit dans une ville majoritairement catholique qui est de surcroit le siège de l’évêché.

 

Elle peut s’expliquer aussi par le fait que cette communauté qui naît dès le séjour de Calvin à Poitiers en 1536 est, quoique moins importante qu’à Châtellerault ou à Lusignan, ancienne et donc probablement très insérée dans le tissu économique, social et professionnel de la ville. Ainsi, les protestants de Poitiers, quoique sujets de tensions de rivalités parfois entretenues par quelques exaltés catholiques, font peut-être un peu partie du paysage pour leurs collègues et voisins catholiques.

 

Ce relative anonymat au regard de documents d’archives va voler en éclats au fur et à mesure que s’intensifie la répression du pouvoir royal à l’encontre des réformés.

 

La politique de conversions forcées va nécessiter l’identification des protestants jusqu’à l’abjuration ou la fuite. Dans une deuxième étape, l’administration locale procède à une surveillance des nouveaux convertis.

 

Concernant les Liège, le « rolle des nouveaux convertis » établi en 1698 par l'intendant du Poitou Gilles-François Maupeou d'Ableiges sur la base des certificats des curés[4] donne une photographie même si ce document fait abstraction des familles Liège ayant fui le royaume à partir de 1681.

 

Etablie dans la perspective éventuelle d’établir des dragons chez ceux des convertis pouvant être suspectés de ne pas être des catholiques acharnés, cette liste vise les convertis de fraiche date qui ont attendu jusqu’au dernier moment pour se convertir contraints et forcés au cours des années 1684 et 1685.

 

Dans cette liste on identifie seulement la famille Liège qui fait partie de mon ascendance (la mère Madeleine Champion et ses enfants dont Liège « l’aisné » et son frère, le père, Jean Liège, procureur, étant décédé à cette date) ainsi qu’une famille apparentée (Marie Liège qui est la sœur de Jean Liège, son mari Pierre Beaupoil, procureur, et leur fille Anne).

 

A part ceux visés par le rôle des nouveaux convertis, on compte trois autres familles protestantes au nom de Liège mais avec lesquelles on ne peut établir des liens familiaux avec les précédents.

 

Ils sont repérables grâce à trois actes d’abjuration. Le premier concerne l’abjuration de Pierre (12 ans) et d’Alexandre (âgé de 7 à 8 ans) recueilli le 11 juin 1684 dans le registre de la paroisse de saint Didier et dont le père est désigné comme « messire Liège, marchand ».

 

La seconde concerne Isaac Liège qui abjure le 8 avril 1688 à l’âge de 17 ans et il est dit « fils de défunt messire David Liège et de Marthe Saury ».  S’agissant de ce dernier toutefois, le pasteur Rivierre estime qu’il pourrait s’agir d’une famille Liège originaire de Rochechouart[5].

 

La troisième avec laquelle existe un lien de parenté certain concerne  Marguerite Ingrand qui abjure à 45 ans avec sa fille Anne âgée de 15 ans à saint Cybard en date du 2 octobre 1685 et qui est « veufve de feu Jacques Liège », sieur de la Fontenille. Jean Liège le procureur signe l’acte d'abjuration. Il s'agit sans aucun doute de sa belle-soeur, car Jacques Liège est cité (en tant que sieur de Poizay) dans le contrat de mariage entre Pierre Beaupoil et Marie Liège en décembre 1664 comme étant le frère de la future épouse et Marguerite Ingrand signe l'acte notarié  aux côtés de celui qui est déjà son mari.

 

Enfin, il convient de signaler une famille Liège originaire du moyen Poitou, installée à Poitiers vers la fin du 17ème siècle qui descend de Philippe Liège (marchand) et de Madeleine Delacroix (de Lusignan) dont le mariage est répertorié dans le registre protestant de Saint Maixent en date du 11 février 1646.

 

Ce couple eut au moins deux fils. Philippe, baptisé le 1er mai 1661 (Lusignan) et Jacob baptisé à Lusignan le 2 janvier 1665.

 

Philippe Liège épouse Anne Garnier (fille de David et d'Anne Robin) le 7 avril 1687 à notre Dame la petite.

 

Les Liège qui sont vraisemblablement d’anciens protestants convertis

 

On recense enfin deux familles dont la première a possiblement des liens de parenté avec les ancêtres protestants, il s’agit de :

 

-         René Liège (notaire à la châtellenie de Vaux) marié à Jeanne Ragueneau (probablement vers 1680) et qui a eu plusieurs enfants dont François (procureur) né vers 1680 et marié avec Marguerite Orillard le 1-2- 1706 (paroisse de saint Michel), André qui est né vers 1685, Jeanne en 1687 et qui est marié avec Pierre Normand et Renée (mariée avec François Delabarre).

 

Certains indices convergents permettent de supposer que René Liège avait un lien de parenté avec Jean Liège. D’abord, Jeanne Ragueneau signe l’acte de mariage de David Liège avec Marie Olivier (premier mariage). Ensuite, son fils François est parrain du fils de David et de Louise Fraigneau[6] (second mariage de David). Enfin - mais cela reste à démontrer - André Liège, capitaine de la gabelle à Naintré dès 1720 qui est désigné comme étant le cousin de Jean François Liège au moment du mariage de ce dernier en 1734 pourrait être le fils René Liège et Jeanne Ragueneau (ils seraient ainsi cousins au deuxième degré).

 

-         René Liège, sieur des renaudières (marchand) et Marie Chazot qui ont trois enfants recensés, à savoir David né le 8 septembre 1687 (paroisse de saint Didier), François né le 21 janvier 1689 et Isaac né le 19 mai 1691 qui deviendra procureur et qui épousera Marie Florence Grolleau le 16 septembre 1715 (paroisse de saint Cybard). Le parrain de David est David Liège qui est très certainement le futur procureur (il avait alors 19 ans) mais la similarité entre les deux signatures faites à une année d’écart est délicate à établir et, au final, peu conclusive sur l’existence de liens de parenté[7]. Selon le pasteur Rivierre, René Liège serait protestant. Il aurait quitté le royaume laissant sa femme, tutrice de ses enfants, qui transige en 1703 (minutes Ligonnière, voir également Bauchet-Filleau tome VI p.138- 139).

 

 

CARTE CASSINI POITIERS2

[1] Deux Liège signent l’acte de discipline de la communauté protestante de Poitiers en 1607 : étaient-ils frères ou bien sans rapports familiaux ?

[2] Sur l’importance de la communauté protestante de Poitiers, voir la très intéressante étude de M. TULOT (« Essai pour une histoire de l’Eglise réformée de Poitiers au temps de l’Edit de Nantes ”, Cahiers du Centre de Généalogie Protestante, N° 69, Premier trimestre 2000, p. 32-47).

[3] Sur le nombre et l’origine sociale de l’Eglise protestante de Poitiers voir les développements dans l’article de M. TULOT précité. A la veille de la révocation, on l’estime à environ 1000 personnes pour une population d’à peu près 20 000 habitants. Socialement, les protestants de Poitiers sont issus de la bourgeoisie judiciaire et marchande aussi bien que du monde des artisans.

[4] AV/C54, bibliothèque municipale de Poitiers, papiers Guitton 870/1 et B. M. Poitiers, BP 272.

[5] Il relève que Marthe Saury qui demeure à Rochechouart a été dénoncée par le curé comme mauvaise catholique « et ayant du bien au-delà du nécessaire ». Son fils Isaac serait parti pour Genève où il exercerait la profession d’horloger, laissant ses biens  qui furent confisqués comme s’était la règle pour les protestants ayant fui le royaume.

[6] Ce qui pourrait apparaître comme un signe de confraternité plutôt que de parenté (après tout ils étaient tous les deux procureurs au Présidial de Poitiers) me semble aussi démenti par le fait que David Liège et sa femme ont choisi pour leur enfants des parrains et des marraines issu d’un cercle familial plutôt étroit (frères sœurs notamment) à quelques très rares exceptions. 

[7] La comparaison est faite entre la signature figurant sur l’acte de baptême et celle apparue pour l’abjuration du frère de David. Il n’en  reste pas moins que les prénoms d’Isaac et de David choisis par ce couple ne constituent pas vraiment un certificat de catholicité ….

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29 mai 2010 6 29 /05 /mai /2010 19:39

 

 

abjuration-liege.jpg

 

 (abjuration de Jean Liège faite le 20 août 1685 à Poitiers, paroisse de saint-Cybard)

 

« le 20ème jour d’août 1685, j’ai curé soussigné donné l’absolution d’hérésie de luter et calvin à maistre jean liège, cy devant procureur au siège présidial de cette ville de Poitiers, natif de cette paroisse et y demeurant aagé de quarante neuf ans et a déclaré avoir huit enfant, le premier Jean, agé de 22 ans absen du royaulme depuis 4 ans, Thomas aagé de 19 ans, page de l’embassadeur d’englettaire en France, Marie aagée de 18 ans, David age de 17 ans, Pierre aagé de 15 à 16 ans, Marguerite aagée de douse à treise ans, Gabriel aagé de huit ans et Magdellaine aagée de 5 à 6 et en présence de messire jacques amiet, prestre curé d’avanton et d’allexis morineau, procureur audit siège présidial et d’autres soubsignés » Outre le curé, signent Liège, Amiet, Morineau et Jeanne Bourbeau.

 

 

 

 

 Jean Liège, Madeleine Champion et leur descendance

 

 

Jean Liège est né vers 1636 (il est né dans la paroisse de saint Cybard à Poitiers) et il est décédé le 22 mai 1691 dans cette paroisse.

 

A partir des informations recueillies[1], on apprend qu’il est le fils de Thomas Liège, procureur (décédé entre janvier et avril 1652) et de Marie Choisnin qui décède après 1674.

 

Jean a  plusieurs frères et soeurs : Jacques qui était sieur de Poizay et a épousé Marguerite Ingrand (en réalité son demi-frère car il est le fils d'un premier mariage entre Thomas Liège et Catherine Ingrand - voir ci-dessous), René qui est très probablement  le mari de Jeanne Ragueneau et Philbert, sieur de Grandvaux  (marié en 1674 avec Marguerite Lecand).

 

On lui connaît également une sœur, Marie, qui a épousé Pierre Beaupoil, procureur, originaire de Chatellerault, ce couple ayant eu au moins deux filles : Marie et Anne[2].

 

Pour mémoire, Thomas Liège a eu pour frère Pierre Liège, avocat qui a rédigé des commentaires sur la coutume du Poitou et qui ont été publiés par son fils en 1695[3]. Pierre était marié avec Marguerite Delaporte avec laquelle il a eu un fils Etienne (marié avec Renée Lecand en août 1674). Pierre aurait eu aussi une fille Marie, veuve d’Etienne Escottière, qui décède le 6-1-1689 à Marigny Brizay après avoir abjuré[4]. Ils auraient eu également une soeur, Judith Liège, qui est morte sans descendance connue.

 

Pierre, Judith et Thomas étaient les enfants de Jean Liège, procureur, et de Judith Pestre, décédée en 1627 (source : contrat du premier mariage de Thomas Liège avec Catherine Ingrand du 18 mai 1627 chez Douadic notaire - ADV E/4/27/79).

 

 

Madeleine Champion est née vers 1637 et décède le 19 octobre 1702 (également dans la paroisse de saint Cybard). Son ascendance se révèle dans l'inventaire des biens mobiliers de la communauté, à la suite du décès de son mari (liasse des papiers recensés dans l'acte du 30 mai 1691 passé chez Cailler notaire à Poitiers). Elle vient d'une famille protestante de Thouars. Elle était la fille de Jacques Champion et Louise Richou et probablement la soeur du pasteur Jacques Champion. Elle faisait partie des nouveaux convertis et n’a pas manifesté une grande assiduité dans sa nouvelle religion, puisque dans le « rolle des nouveaux convertis » établi en 1698 par l'intendant du Poitou Gilles-François Maupeou d'Ableiges, il est précisé que « la veuve Liège procureur, chargée d'enfans, peu à son aise mal convertie. Elle a trois garçons qui font très bien leur devoir. », le fonctionnaire concluant malgré tout qu’elle « peut avoir un officier. »

 

Leurs enfants

 

Il existe certains éléments de biographie de chacun des enfants à l’exception de Thomas (dont je n’ai pas trouvé de trace ultérieure dans les registres de Poitiers) et de Pierre qui est décédé probablement peu après son abjuration. En effet, on trouve en marge de l’acte d’abjuration une formule lapidaire indiquant « Pierre est mort ».

 

1) Jean est né en 1663 probablement à Poitiers. Il avait quitté le royaume vers 1681 c'est-à-dire vers 18 ans, très probablement en Angleterre à Londres car un Jean Liège de Poitiers âgé de 19 ans présente un témoignage en décembre 1682  à Threadneedle Street où se trouvait l’un des temples des Huguenots réfugiés en Angleterre.

 

On peut imaginer que son départ à l’étranger s’est effectué avec des protestants poitevins fuyant la France, la destination de l’Angleterre étant privilégiée car plus facile à atteindre pour ces habitants des provinces du Poitou et de la Saintonge. Il est certain qu'il fut accompagné par celui que je pense être un de ses cousins germains, Daniel Bobin qui serait alors le fils de Jean Bobin et Gabrielle Champion. Il est possible que son frère Thomas l’ait accompagné dans sa fuite car en 1685, Thomas est page de l’ambassadeur d’Angleterre en France, position plus qu’improbable normalement pour un fils de la petite bourgeoisie de province.

 

Jean reviendra probablement en France peu avant 1688, date à laquelle il abjure la religion protestante à Poitiers dans la paroisse saint Cybard[5].

 

Il deviendra procureur et se mariera  avec Marie Fleury le 22 janvier 1697 dans la paroisse de saint Didier qui était protestante et a abjuré à saint Didier en 1685. Elle est veuve de Pierre Ripault avec lequel elle a eu sept enfants.

 

Dans le "rolle des nouveaux convertis" précité, il est indiqué que « Le Sr. Liège le jeune, procureur, n'est pas fort riche. A épousé une veuve qui a six garçons et une fille.» Pour justifier le placement d’un soldat, il est indiqué que « Le mari et les enfans font assez bien leur devoir. La femme est fort obstinée. On peu leur donner un cavalier seulement. »

 

Il est étrange de constater que ce document surnomme Jean « le jeune » alors qu’il est en réalité l’aîné des enfants et que, dans le même document, David est surnommé « l’aisné » alors qu’il est son frère cadet. Je pense qu’à l’origine de cette confusion, le surnom « d’aîné » que David portera toute sa vie à partir d’une certaine époque ne lui pas été attribué en raison de sa place dans la fratrie mais pour le distinguer d’un autre David Liège plus jeune qui exercera aussi la profession de procureur à Poitiers (le David dont il est le parrain). Je suppose que le raisonnement du scribe a créé ensuite la confusion : puisqu’il y avait un Liège surnommé « l’aîné » alors son frère ne pouvait être que son cadet.

 

2) Marie Liège naquit en 1667. Une Marie Liège meurt le 19 octobre 1716 à saint Cybard à l’âge de 50 ans. Il est très probable que ce soit la fille de Jean et de Madeleine car la datation est cohérente. Si tel est le cas, elle ne s’est pas mariée et n’a donc pas eu de descendance.

 

3) David Liège est né en 1668. Il n’a que 17 ans au moment où il abjure le 3 octobre 1685 avec son frère Pierre, ce dernier mourant peu de temps après.

 

Il se marie une première fois en janvier 1692 avec Marie Olivier à saint Didier[6], celle-ci étant nouvelle convertie (acte d’abjuration de Marie et de Jeanne Olivier le 7 janvier 1686 à saint Didier alors qu’elles ont respectivement 15 et 14 ans).  

 

Ils auront un enfant, David, né le 31 décembre 1693 (registre de Saint Cybard, le parrain est Pierre Bernardeau[7] et la marraine, Jeanne Olivier) mais sa femme mourra peu après le 23 juin 1694 (paroisse de saint Germain) à l’âge de 24 ans.

 

Veuf, David Liège se remarie ensuite avec Louise Fraigneau le 16 mai 1696 (acte introuvable). Elle est née en 1674, probablement à Exoudun dont elle est originaire. Elle descend d’une lignée de protestants qui compte des pasteurs (son arrière grand-père Jean Vatable et le père de ce dernier, Antoine Vatable). Elle vient d’une région et d’une famille durement éprouvées par les dragonnades dès 1681. Une partie de sa famille s’est d’ailleurs réfugiée en Angleterre.

 

En 1698, le rôle des nouveaux convertis précise que « Liège l'aisné, procureur, fait fort bien son devoir aussy bien que sa femme. Mérite d'estre traitté comme un ancien catholique. »[8]

 

Il auront onze enfants, dans l’ordre : (1) Louise (29 mai 1697 – paroisse de saint Germain le parrain est Jacques Fraigneau sieur de bourgougne (son grand père) et la marraine, Gabrielle Bernardeau (femme de Louis Jardel)), (2) Jean (14 avril 1698 - paroisse de saint Didier - le parrain est Jean Liège procureur (oncle de l’enfant ?) et la marraine, Madeleine Denivenne) (3) Renée (27 août 1699 – saint Didier -  le parrain est Gabriel Liège, étudiant en théologie, oncle de l’enfant et la marraine, Renée Fraigneau, tante de l’enfant), (4) Françoise Suzanne (14 août 1700 – paroisse de saint Didier le parrain est Louis Jardel, avocat au présidial et la marraine, Jeanne Bourceau, femme de Pierre Beaupoil, le procureur remarié ou un autre?) (5) Jacques (20 janvier 1702 né de la veille à 4 heures du soir – paroisse de saint Cybard le parrain est Jacques Fraigneau (son oncle ?) et la marraine Marie Liège (tante de l’enfant ?) (6) Nicolas (8 février 1703 – paroisse de saint Cybard le parrain est Nicolas Avice, sieur de Lamothe, conseiller du roi et président en l’élection de Niort et la marraine Catherine Bobin) (7) Abraham (né le 23 et baptisé le 24 août 1704, - saint Cybard - parrain Jean et Louise frère et sœur de l’enfant)   (8) Pierre François (7 janvier 1706 – paroisse de saint Cybard le parrain est David Liège son demi-frère et la marraine, Marguerite Paillé) (9) (Jean François (22 mars 1707 – paroisse de saint Cybard le parrain François Liège, procureur et la marraine Marguerite Liège, tante de l’enfant) (10) Abraham Joseph (1er avril 1708 – paroisse de saint Cybard  le parrain Jean Liège et Louise Liège la marraine, frère et sœur de l’enfant) (11) Isaac (26 mars 1712, paroisse de saint Cybard, parrain David Liège et marraine, Marie Madeleine Liège).

 

David Liège mourra le 23 juin 1719 dans la paroisse de saint Cybard et sa femme, de retour à Exoudun probablement quelques années après le décès de son mari, décédera à son tour le 7 janvier 1745 (décédée du 5 janvier) à l’âge de 71 ans. Sur l’acte de décès de Louise Fraigneau figure la signature d’Isaac Liège, probablement son dernier enfant.

 

4) Pierre Liège né vers 1671 qui décède très rapidement après son abjuration.

 

5) Marguerite Liège est née vers 1673. Elle se marie avec Pierre Clemenceau, le 24 septembre 1695 dans la paroisse de saint Cybard. Il est « sieur de la guimbaudière » et il est originaire de la paroisse de Saint Laurent de la Salle (85) se trouvant alors dans le diocèse de La Rochelle. Ils se marient en présence de René Clémenceau, (sieur de Maisonneuve,  ayant épousé en septembre 1672 Louise Manevy), curateur de Pierre Clémenceau (qui devait avoir moins de 25 ans) et de Madeleine Champion, mère de l’épouse. Outre la famille proche, signent Pierre Beaupoil, le procureur ainsi qu’Anne Beaupoil, Gabrielle et Pierre Bernardeau. Pierre Clémenceau est aussi un nouveau converti. Selon le pasteur Rivierre, il a fui la France après son mariage, avec ou sans son épouse. Dans un acte du présidial de 1709, Marguerite Liège dira avoir été obligée de se marier avec lui contre sa volonté, à cause de sa fortune[9].Tout dépend des circonstances pour lesquelles elle fait sa déposition mais l’on ne peine pas à imaginer que Madeleine Champion vivant chichement, elle souhaitait marier ses filles rapidement avec des nouveaux convertis, à l’aise si possible, bien que nous pouvant les doter de manière significative.

 

6) Gabriel Liège est né vers 1675. Je ne lui ai pas découvert de postérité. Le peu de renseignements que l’on tient de lui est qu’il était « étudiant en théologie » en 1699 au moment du baptême de sa nièce dont il sera le parrain. Il décède le 20 juin 1710 dans la paroisse de saint Cybard, « aagé d’environ trante cinq ans, après avoir receu avec une vive foy les saints sacrements de pénitence et d’eucharistie ».

 

7) Madeleine Liège est née vers 1679, elle épousera René Fleuriau, maître d’armes, veuf de Marguerite Desvignes (avec laquelle il s'était marié le 26 février 1710 paroisse de Saint Savin)  le 24 février 1716 à Saint Cybard. Elle décède le 26 août 1738. René Fleuriau est peut être apparenté à la famille protestante de Châtellerault.

 


 

[1] Cf. « Livre d’or des protestants du Poitou persécutés pour la foi » pasteur Jean Rivierre mais aussi les contrats de mariage de sa soeur Marie avec Pierre Beaupoil (décembre 1664, ADV-E4-12/158) et de son frère Philbert avec Marguerite Lecand (19 mai 1674 - ADV E4-12/168).

[2]  Marie (vers 1667-1er Mars 1732 – Saint Savin à Poitiers) a épousé Claude Escottière sieur de la Mimaudière (ils sont semble-t-il cousins au deuxième degré car il est le petit fils de Pierre Liège, avocat) et Anne née vers 1670 qui épouse le 1er mars 1699 Paul Mousnier.

[3] « Commentaires sur la Coutume du Comté & païs de Poitou, anciens ressorts & enclaves d’iceluy , avec le Procez verbal de Messieurs les Commissaires de la reformation de la Coutume, & les sommaires, & un autre indice sur chacun titre, & la Table des titres ou rubriques, recueillis par M. Pierre Liege, Avocat en Parlement, & Doyen au Siège Presidial de Poitiers, revue & corrigée par des anciens Avocats dudit Presidial de Poitiers, in 4. à Poitiers, chez Jean Courtois 1695 »

[4] Extrait de l’acte de décès : « « étant icy à un (bien ?) de campaigne qu’elle a, ayant été cy-devant de la religion prétendument réformée et moi-même ayant reçu son abjuration et m’ayant esté attesté par plusieurs personnes qu’ayant été à l’extrémité elle m’avait demandé et étant morte d’une mort un peu prompte et précipitée et moi-même ayant (…) j’ai ouï sa confession (…) sur quoi je l’ay enterré en terre saincte, étaient présents Claude Ecottière procureur son fils et Jacques Escottière aussy fils ».

[5]   Il abjure le 21 avril 1688 à Saint Cybard.

 

[6] Nombreuses sont les signatures qui permettent d’envisager des liens au moins amicaux. En dehors de la mère de David et de ses frère et sœurs Marie et Marguerite et Gabriel et de Marie Olivier et de sa sœur, signent Beaupoil, Denivenne (deux fois), Bernardeau (deux fois dont une Gabrielle), Escottières (Claude le procureur qui est vraisemblablement son cousin au deuxième degré), Jeanne Ragueneau (voir ci-dessus), Françoise et Madeleine Mitault, Marie Bobin, Marie Fortin, Marie Picquault et M. Leray.

[7] Un Gabriel Bernardeau marchand qui abjure la religion protestante le 20 octobre 1685 à l’âge de 50 ans à saint Didier pourrait être le père de Gabrielle et de Pierre. Ce Gabriel est d’ailleurs parrain de Marie Bobin baptisée en novembre 1685 à saint Didier qui est la fille de Gédéon (« de présent de la RPR ») et de Françoise Liège « aussi de la RPR ».

[8] On mesure toute l’ironie involontaire du propos précisant qu’il fait fort bien son devoir  (de catholique) « aussy bien que sa femme », si l’on songe que sa femme était, elle-même, une nouvelle convertie … sauf si la précision a pour objectif de dire que sa femme fait aussi bien son devoir de catholique …

[9] AV /SAO/inventaire présidial du 17 mars 1709

 

 

 

 

 

 

 

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